Les Congolais en général et les Kinois en particulier étaient écoeurés d’apprendre, de la bouche des décideurs politiques, que le propriétaire de l’immeuble de six étages qui s’est écroulé comme un château de cartes lundi dernier au quartier Basoko, dans la commune de Ngaliema, était sans « papiers » : pas de certificat d’enregistrement, ni d’autorisation de bâtir. Il était accusé aussi d’avoir refusé de répondre à toutes les « invitations » de l’administration de l’Urbanisme et Habitat. On sait à présent que son refus de subir le moindre contrôle était dicté par son souci de cacher les défauts de construction de son immeuble.
Malheureusement, le propriétaire de « Glady’s Center » n’est pas seul dans son cas. La plupart de promoteurs de bâtiments en hauteur qui poussent à Kinshasa font fi du plan d’aménagement de la ville, des avis techniques des administrations des Affaires Foncières, de l’Urbanisme et Habitat, de l’assistance des ingénieurs en bâtiments, des architectes, des ingénieurs-topographes, des géomètres, etc.
Forts de leurs positions politiques ou de celles de leurs parrains, nombre de Congolais acquièrent des terrains et y érigent des constructions sans se soumettre aux formalités administratives et normes techniques requises. D’aucuns se font délivrer des titres de propriété et des autorisations de bâtir dans l’anarchie la plus totale. D’autres s’appuient sur des réseaux maffieux pour contourner l’administration classique. N’eut été le drame de «Glady’s Center», aucune autorité nationale ou urbaine n’aurait osé fourrer son nez dans le dossier de cet immeuble.
         Aujourd’hui, ceux qui devaient faire respecter les règles du jeu en matière d’acquisition des terrains et de construction des bâtiments donnent l’impression de n’avoir découvert l’existence de cet immeuble que le lundi 14 octobre 2013. Il a fallu cette « catastrophe » immobilière pour voir chaque autorité promettre la foudre à son propriétaire et un recensement imminent de tous les immeubles de plus de deux étages, afin de savoir s’ils répondent aux normes.
Les Kinois savent que sous le coup de l’émotion, il y aura un contrôle sélectif des bâtiments à plusieurs niveaux et des sanctions contre les « faibles ». Quant aux intouchables, ils vont être soigneusement épargnés, jusqu’à ce qu’un nouveau sinistre endeuille Kinshasa.
Mai 2009 : Barumbu
         Pourtant en mai 2009, l’effondrement d’un immeuble de quatre niveaux, avec mort d’homme, avait provoqué des états d’âme comparables à ceux du moment. A l’époque, plusieurs autorités nationales et urbaines avaient promis de sévir, avant de retomber dans l’immobilisme ambiant. Pourtant, si l’on avait frappé il y a quatre ans, on serait certainement très loin dans le travail d’assainissement du secteur immobilier et foncier à Kinshasa. C’est fort dommage que ceux qui administrent Kinshasa ainsi que d’autres villes du pays n’attendent que les catastrophes pour verser des larmes de crocodiles sur le sort des victimes.
« Gladys’Center » aujourd’hui …et après ?
         Dans la foulée de la colère que suscite ce qui s’est passé en début de semaine au quartier Basoko, des innocents risquent de payer les pots cassés. Mais une fois les larmes séchées, Kinshasa va reprendre son train-train habituel. Les fameuses constructions anarchiques vont continuer à pousser partout : sur des terrains marécageux, sur des sites érosifs, à proximité des rails et des lignes de transport du courant à haute tension, sur les canalisations d’eau potable, dans les concessions des écoles, des hôpitaux et des camps militaires, sur des terrains de sport, dans les lits des rivières, dans les sites agricoles, sur des aires d’envol et d’atterrissage des avions, etc.
Chaque jour, l’on se plaint des actes délibérés d’anarchie foncière à Kinshasa.
         Plusieurs autorités urbaines qui ont osé procéder à la démolition des constructions anarchiques se sont retrouvées avec des procès sur le bras : cas d’André Kimbuta pour les sites Tembe na Tembe et Chanic, de l’amiral Lomponda pour le site Socopao, de Jean Kimbunda pour l’opération « Coup de poing » à Gombe, etc. Finalement, pour ne pas hypothéquer leur carrière, des autorités administratives et des fonctionnaires préfèrent fermer les yeux sur les terrains et bâtiments non-conformes à la réglementation foncière et immobilière.

         Tant que la République des intouchables aura la peau dure, le pays va continuer d’être endeuillé par des catastrophes immobilières, aériennes, fluviales, routières, et autres. Il est temps que la RDC redevienne un Etat normal dans tous les secteurs de la vie nationale.
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