*« Impossible, pour le Gouvernement, d’accepter de violer les lois et règlements en vigueur en RDC qui excluent du service militaire au sein des FARDC (i) les mineurs d’âge, (ii) les personnes inaptes physiquement ou mentalement, (iii) les criminels, (iv) les anciens membres de l’armée mutins récidivistes, (v) les étrangers », a, notamment, déclaré, hier, Lambert Mende au sujet de la rupture des négociations entre Kinshasa et le M23, à Kampala. Le Porte-parole du gouvernement regrette, en effet, l’échec de ce second round des pourparlers. C’était prévisible, dit-il, en substance. Tout s’est passé comme si les délégués du M23 n’étaient à la table des discussions que dans l’unique but de faire gagner du temps aux mentors qui, pendant que les René Abandi et autres Roger Lumbala multipliaient des peaux de bananes sous les pas de leurs interlocuteurs à Kampala, ont appliqué leur précepte bien connu : «talk and fight » (parler et se battre), en continuant à acheminer, comme si rien n’était, des renforts en armes et en hommes du Rwanda vers le Nord-Kivu, en ce compris des enfants soldats.

Illustrations

« Fait particulièrement préoccupant : le transfert vers le Rutshuru occupé à partir du Rwanda de plus de 2.000 personnes, à l’insu du Gouvernement de la RDC et du Haut Commissariat aux Nations Unies aux Réfugiés (HCR). Des sources dignes de foi au Nord-Kivu viennent d’identifier parmi ces personnes des sujets rwandais récemment expulsés par la Tanzanie et des officiels rwandais en armes qui les encadrent. Un bon nombre de ces faux réfugiés congolais de retour ont commencé à subir une formation militaire accélérée tandis que les moins aptes (femmes, vieillards et enfants) sont destinés à servir de bouclier humain au M23 dans le cadre de l’offensive projeté », explique Mende.

Tergiversations

« Face aux nombreuses concessions substantielles faites par le Gouvernement à Kampala, le M23 ne faisait que se rebiffer en mettant sur la table de nouvelles revendications souvent irrationnelles et sans aucun rapport avec les premières sur lesquelles portaient les concessions.

Il n’est pas inutile de rappeler que, s’agissant de la polémique sur l’amnistie et l’intégration/réintégration au sein des forces régulières, les autorités légitimes de la RDC sont allées aussi loin que possible en offrant le bénéfice de l’amnistie à ceux des membres de cette force négative auxquels n’était reprochés que les faits de guerre et d’insurrection. Un gouvernement responsable ne peut pas envisager de s’engager dans un arrangement qui accorderait amnistie à des personnes sur lesquelles pèsent de sérieuses présomptions de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, faits de génocide, violences sexuelles et recrutement d’enfants – soldats, des crimes que le droit international a mis hors du champ d’une telle faveur », soutient-il, tout en remerciant, enfin, les Représentants et Envoyés des Nations Unis, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, des Etats-Unis d’Amérique et de la Belgique qui ont suivi, de bout en bout, les dernières évolutions de ces pourparlers, considérés, à juste titre, comme une tentative importante, pour résoudre à un moindre coût humain, le problème créé par l’agression contre la partie Est de la RD. Congo. Lisez donc Mende, pour cerner les contours de cette rupture des pourparlers et se faire une idée de la version officielle de péripéties qui ont culminé vers un réel désaccord, à Kampala, après plusieurs mois passés autour de Crispus Kiyonga, Facilitateur et Ministre Ougandais de la Défense.



POINT DE PRESSE DU MINISTRE DES MÉDIAS, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT

(Kinshasa, le 22 octobre 2013)



Nous sommes au 17ème mois après le déclenchement en mai 2012 de la dernière en date des pseudo rébellions téléguidées depuis le Rwanda avec des réseaux enracinés principalement dans ce pays mais aussi, même si c’est dans une moindre mesure, en Ouganda. Il sied de rappeler que c’est depuis 1998 que des agressions récurrentes sont fomentées contre la RDC à partir de ce pays voisin. Il y a dix mois que des négociations contre-nature avec les supplétifs congolais de l’agresseur principal ont débuté à Kampala sur une initiative de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs.



Dimanche dernier en fin de soirée, elles ont dû être suspendues et les vraies motivations des auteurs intellectuels des agressions récurrentes qui, au départ du Rwanda, étouffent l’Est de la RDC ont été révélées au grand jour. Ainsi que nous l’avions indiqué lors de notre dernier point sur la situation, le Gouvernement de la RDC est allé jusqu’au bout de ce qu’il était possible de concéder sans sacrifier l’existence même de la RDC qui justifie son existence sur la table des pourparlers avec les forces négatives du M23 à la solde de leurs mentors. Il n’est pas banal que notre extrême bonne fois ait été reconnue par l’ensemble de la communauté internationale.



J’en profite pour réitérer les remerciements du Gouvernement à tous les Représentants et Envoyés des Nations Unis, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, des Etats-Unis d’Amérique et de la Belgique qui ont suivi de bout en bout les dernières évolutions de ces pourparlers, considérés à juste titre comme une tentative importante pour résoudre à un moindre coût humain le problème créé par l’agression contre la partie Est de la République Démocratique du Congo.



Nous avons malheureusement le regret de constater l’échec du dernier round de ces pourparlers entre le Gouvernement de la RDC et les mutins du M23. Il faut rappeler que ces discussions avaient été organisées par la CIRGL à la demande du M23 qui disait avoir des griefs à articuler relativement à une prétendue non exécution d’un accord de paix conclu en 2009 entre les autorités congolaises et le CNDP, dénomination de l’époque de la rébellion pro rwandaise.



En réalité cet échec était prévisible. On entend dire ici et là qu’il serait causé par le désaccord entre les deux parties sur l’amnistie et l’intégration/réintégration dans les mutins du M23 dans les FARDC. En réalité, tout s’est passé comme si les délégués du M23 n’étaient à la table des discussions que dans l’unique but de faire gagner du temps aux mentors qui, pendant que les René Abandi et autres Roger Lumbala multipliaient des peaux de bananes sous les pas de leurs interlocuteurs à Kampala, ont appliqué leur précepte bien connu : «talk and fight » (parler et se battre) en continuant à acheminer comme si rien n’était des renforts en armes et en hommes du Rwanda vers le Nord-Kivu, en ce compris des enfants soldats.

Fait particulièrement préoccupant : le transfert vers le Rutshuru occupé à partir du Rwanda de plus de 2.000 personnes, à l’insu du Gouvernement de la RDC et du Haut Commissariat aux Nations Unies aux Réfugiés (HCR). Des sources dignes de foi au Nord-Kivu viennent d’identifier parmi ces personnes des sujets rwandais récemment expulsés par la Tanzanie et des officiels rwandais en armes qui les encadrent. Un bon nombre de ces faux réfugiés congolais de retour ont commencé à subir une formation militaire accélérée tandis que les moins aptes (femmes, vieillards et enfants) sont destinés à servir de bouclier humain au M23 dans le cadre de l’offensive projeté.



C’est en fait la raison pour laquelle face aux nombreuses concessions substantielles faites par le Gouvernement à Kampala, le M23 ne faisait que se rebiffer en mettant sur la table de nouvelles revendications souvent irrationnelles et sans aucun rapport avec les premières sur lesquelles portaient les concessions.



Il n’est pas inutile de rappeler que, s’agissant de la polémique sur l’amnistie et l’intégration/réintégration au sein des forces régulières, les autorités légitimes de la RDC sont allées aussi loin que possible en offrant le bénéfice de l’amnistie à ceux des membres de cette force négative auxquels n’était reprochés que les faits de guerre et d’insurrection. Un gouvernement responsable ne peut pas envisager de s’engager dans un arrangement qui accorderait amnistie à des personnes sur lesquelles pèsent de sérieuses présomptions de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, faits de génocide, violences sexuelles et recrutement d’enfants – soldats, des crimes que le droit international a mis hors du champ d’une telle faveur.

Impossible également pour le Gouvernement d’accepter de violer les lois et règlements en vigueur en RDC qui excluent du service militaire au sein des FARDC (i) les mineurs d’âge, (ii) les personnes inaptes physiquement ou mentalement, (iii) les criminels, (iv) les anciens membres de l’armée mutins récidivistes, (v) les étrangers.

Notre délégation à Kampala, conduite par le ministre Raymond Tshibanda a néanmoins avalé un nombre impressionnant de couleuvres dans l’espoir de faire revenir à la raison les mutins du M23 mais cela s’est avéré un véritable dialogue de sourds. Et comme nous le savons, il n’y a pas pire sourd que celui qui refuse délibérément d’entendre. Malgré les lourdes insistances des plénipotentiaires des Nations Unies, de l’UA, de l’UE des Etats-Unis et de la Belgique qui avaient pris leurs quartiers au Serena Hôtel de Kampala, rien n’y a fait.

Difficile de nous faire croire qu’une bande de mutins plus ou moins dépenaillés aient eu la force nécessaire pour affronter pareil arsenal de pressions. De fait, les parrains n’étaient pas très éloignés car au sein même de la délégation du M23 à Kampala, se trouvent plus d’une dizaine d’agents d’influence des services d’intelligence et de l’armée régulière de Kigali que le Gouvernement de la RDC a pu identifier assez aisément. Cette information a été portée à la connaissance de la CIRGL.

En dépit donc des pressions plus ou moins amicales en sens contraire, le M23 a tenu mordicus à mettre à profit la rencontre de Kampala pour jeter les jalons de la balkanisation de la RDC avec des exigences portant notamment sur leur cantonnement avant désarmement et démobilisation d’une partie du territoire congolais de Rutshuru mitoyen au Rwanda. Notre refus d’avaliser ce schéma diabolique a permis de bloquer les funestes projets des vrais propriétaires du M23 qui, à partir du Rwanda tentait de la sorte de réussir le crime parfait qui leur aurait en fait permis de démembrer et balkaniser la République Démocratique du Congo sans encourir le moindre reproche puisque cela se serait fait avec notre assentiment ! C’est la raison pour laquelle le Gouvernement, tout en acceptant le principe du cantonnement a dans sa version, exigé que ce cantonnement devait se faire loin des zones frontalières sinistrées du Nord et du Sud-Kivu.

Les éléments du M23 ont, en outre, exigé de siéger sans aucune forme de procédure démocratique dans les institutions politiques de la République qui ne sont pourtant accessibles depuis février 2006 que par la voie des élections conformément à la constitution en vigueur adoptée par tout le peuple congolais. Le M23 demande aussi le plus sérieusement du monde que le Gouvernement foule aux pieds les lois qu’il est chargé d’appliquer en transformant les FARDC en une multitude de milices tribales dont le but ne serait plus la défense de l’intégrité territoriale du pays mais la protection des intérêts particuliers des membres des tribus des militaires qui les composent face aux autres composantes de la Nation. Nous ne sommes pas dupes : quiconque voudrait faire imploser la RDC par un remake de la guerre des cent ans ne s’y prendrait pas autrement. Nous avons bien compris que l’intérêt du M23 pour le retour à la paix dans la province martyre du Nord Kivu et le pays tout entier était purement cosmétique.

Soutenue jusqu’au bout par les tireurs de ficelles au Rwanda et dans une moindre mesure en Ouganda, le M23 a, de manière systématique et délibérée, persévéré dans sa volonté de diluer la souveraineté de la RDC dans ses frontières de 1960.

Toutes ces raisons expliquent pourquoi la signature du document de préaccord proposé par la facilitation ougandaise n’a pas eu lieu. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir tenté de peser sur les vrais décideurs dans la crise qui secoue l’est de la RD Congo. Il faut dire à cet égard que la communauté internationale ne s’y trompe plus. Le Secrétaire général des Nations Unies M. Ban Ki Moon a personnellement appelé les chefs d’Etat du Rwanda et d’Ouganda afin que le M23 cesse d’obstruer le délicat processus de pacification de l’Est de la RDC. Le secrétaire d’Etat américain Monsieur John Kerry a également adressé le même message au président rwandais. Sans succès jusqu’à ce moment parce que, contrairement à l’engagement solennel annoncé depuis Bunagana par ce qui tient lieu de branche politique du M23 il y a quelques semaines seulement, ce mouvement (ou devrais-je dire ceux qui, au Rwanda, se cachent derrière cette fiction) est de nouveau sur les sentiers de la guerre.

Le M23 qui devait se démobiliser volontairement recrute et importe du Rwanda de la main d’œuvre militaire au sein de laquelle se trouvent de nombreux enfants pour attaquer les FARDC ; le M23 qui devait déposer les armes aligne une panoplie d’armes lourdes et même des chars de combat prêts pour le combat ; le M23 qui garantissait le libre accès de la force MONUSCO sur tout l’espace sous son contrôle tire sur les aéronefs des casques bleus et pointe ses canons sur la caserne de la mission onusienne à Kiwandja. Ce sont des signes qui ne peuvent tromper que des naïfs.

Notre conviction est que la partie rebelle à Kampala est composée de personnes suffisamment informées pour savoir qu’une amnistie générale et inconditionnelle est contraire au droit international qui a placé hors du champ du pardon accordé par la loi d’amnistie dans tous les pays les crimes contre l’humanité, les violences sexuelles, les crimes de guerre, et notamment le recrutement d’enfants soldats. Faire semblant de le découvrir seulement lors des pourparlers de Kampala et s’offusquer de ce que le Gouvernement offre une amnistie sélective ne pouvant bénéficier qu’à ceux qui ne sont pas présumés coupables de tels crimes relève de la pure mauvaise foi. Il en est de même de l’exigence d’une intégration/réintégration des éléments du M23 dans l’armée régulière qui ne se ferait pas au cas par cas. Il suffit de rappeler à ce sujet que le M23 comprend en son sein un certain nombre de mineurs d’âge, de personnes inaptes physiquement, de repris de justice ou délinquants fugitifs ainsi que de « professionnels de la mutinerie », toutes catégories qui, aux termes de la loi congolaise sont indésirables dans les rangs des FARDC. S’opposer à un examen au cas par cas du dossier de chaque impétrant revient simplement à piéger notre armée pour la liquider de nouveau à très court terme. Au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, le Gouvernement de la RDC a opposé une fin de non recevoir à cette manœuvre de déstabilisation cousue de fil blanc.

On avait pourtant entendu Bertrand Bisimwa, un des leaders de la branche politique du M23, parler samedi, la veille de la suspension des pourparlers, de "grandes avancées" dans les discussions, affirmant même que son mouvement avait consenti "de grandes concessions sur ses revendications politiques pour rendre possible la signature d'un accord de paix à Kampala dans les heures qui suivent". Manifestement, une injonction contraire est tombée de quelque part. Ce fait amène à questionner la crédibilité du M23 comme partenaire autonome dans les pourparlers qui se déroulent dans la capitale ougandaise.

De l’avis du Gouvernement, la seule issue possible à ces pourparlers est que les rebelles du M23 se conforment aux dispositions pertinentes de l’Accord cadre d’Addis Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, c’est-à-dire qu’ils déposent immédiatement les armes et que ceux d’entre eux qui le souhaitent articulent leurs activités et revendications au sein de structures licites (parti politique, association légalement constituée etc.). Notre chef de délégation leur a en outre fait part de notre exigence de voir les éléments du M23 qui seraient éligibles au bénéfice de la loi d’amnistie s’engager individuellement, par écrit, à ne plus s’impliquer dans quelque groupe armé que ce soit et à quitter sans délai l’Est du territoire national qu’ils ont mis à feu et à sang au cours de ces dernières années.

Le Gouvernement se félicite d’avoir noté samedi 19 octobre 2013, une sorte de ralliement, quoique tardif des représentants de la communauté internationale à l’essentiel à notre analyse sur la responsabilité de la persistance dans la déstabilisation du Nord Kivu. Mme Mary Robinson, M ; Martin Kobler, les envoyés spéciaux de l’UE, de l’UA et des USA ont en effet pris contact avec le vrai commandant en chef des rebelles congolais, le président rwandais Paul Kagame, seul capable d’ordonner à ses ouailles de lever le pied au Nord-Kivu.

Nous devons clarifier les choses : si notre gouvernement indique qu'il a été jusqu'au bout de ce qu'il pouvait donner sans remettre en cause l’existence et la souveraineté de la RDC, et qu'il commençait à trouver le temps long, il ne serait pas correct d’assimiler le départ de Kampala du ministre Raymond Tshibanda, chef de la délégation, à la fin des pourparlers avec le M23. On sait du reste que ces contacts ont pu se dérouler sans lui pendant un certain temps.

Le Gouvernement ne se fait pas beaucoup d’illusions et garde la tête froide. Même sérieusement affaibli par les derniers affrontements avec les FARDC soutenues par les Casques bleus fin août, le M23 garde une certaine capacité de nuisance étant donné qu’il dispose de bases arrières au Rwanda d’où continue à lui parvenir un appui politique, diplomatique ainsi qu’en ressources logistiques et humaines que les dénégations rituelles de nos collègues ne parviennent plus à cacher.

C’est le lieu, et ce sera notre mot de la fin, de dire à nos concitoyens victimes de l’aventurisme criminel des phalanges prédatrices et militaristes dans ce pays voisin et à tous les Congolais que les FARDC continueront à accomplir leur devoir sacré. Nous espérons qu’en ce moment où elle a pratiquement terminé son déploiement, la Brigade internationale d’intervention ne ménagera pas son concours pour stabiliser effectivement cette partie de notre territoire.



Lambert MENDE OMALANGA

Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté

Porte-parole du Gouvernement



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