Le second est celui de « Conseiller
spécial du Chef de l’Etat chargé du monitoring permanent de l’évolution
des patrimoines, ainsi que des cas de malversation, de corruption et
d’enrichissement illicite dans le chef des responsables politiques
nationaux et provinciaux, de hauts fonctionnaires et cadres de
l’Administration publique, des mandataires publics et autres agents
publics ».
A priori, le souci du Président de la
République d’assainir les mœurs sociales, politiques, administratives et
financières est louable. Il est l’expression non seulement de son
ras-le-bol mais aussi celui de nombreux compatriotes face à l’impunité
qui encourage les crimes sociaux et économiques. Ce qu’il faut craindre
cependant, c’est l’émergence d’un « pouvoir parallèle » appelé à agir en
lieu et place des trois pouvoirs traditionnels. Cette crainte est
d’autant fondée que le Chef de l’Etat, confie à deux de ses proches
collaborateurs la gestion des dossiers aussi sensibles que ceux liés aux
violences sexuelles, au recrutement d’enfants, aux détournements des
deniers publics, à l’abus des biens sociaux, à l’abus du pouvoir, aux
fautes des gestion financière ou administrative, à la corruption, à
l’enrichissement sans cause… sans pour autant neutraliser les structures
chargées de leur gestion au quotidien.
Si les prérogatives de ces deux
responsables ne sont pas clairement définies par rapport à celles des
membres du gouvernement et des commissions du Parlement (Sénat et
Assemblée Nationales) ayant en charge des mêmes matières, l’on risque
d’assister à des télescopages sur le terrain, de nature à diluer
l’efficacité recherchée dans la lutte contre l’impunité.
Les nostalgiques de l’époque de Mobutu
se souviennent que l’administration publique congolaise a été détruite à
partir de l’usurpation de ses missions par les cabinets ministériels.
Depuis lors, elle ne n’est jamais relevée de ce coup de massue, au point
que tous les dossiers des ministères sont devenus la chasse gardée des
cabinets de leurs animateurs.
Dans l’environnement actuel, les hauts
fonctionnaires que sont les Secrétaires généraux, les directeurs chefs
des services et autres chefs des divisions prestent comme de simples
figurants. Ils ne sont consultés que si les membres des cabinets
ministériels sont bloqués par un dossier hautement technique qui
requièrt leur expertise. En conséquence, l’équité est difficile à
rencontrer dans des dossiers traités souvent à la tête du client, avec
des décisions ministérielles qui font plus de mal que de bien à la
communauté nationale.
Si des «cabinets ministériels » et « des
parquets généraux » qui ne disent pas leur nom s’installent à la
Présidence de la République, chacun peut deviner la suite des événements
avec des arbitrages qui risquent de favoriser l’impunité ou les
règlements des comptes, alors que le résultat espéré par le Chef de
l’Etat n’est pas de combattre les antivaleurs par de nouvelles
antivaleurs.
Kimp