Lors du Congrès tenu hier au Palais du peuple, en présence du président Denis Sassou Nguesso, l'initiateur des Concertations nationales s'est adressé pendant une heure et cinq minutes aux deux chambres du Parlement, annonçant entre autres la formation imminente d'un gouvernement de " cohésion nationale "

Il est mercredi 23 octobre 2013, 11h8 minutes. Joseph Kabila et Denis Sassou Nguesso, respectivement Président de la République démocratique du Congo et Président du Congo-Brazzaville, effectuent leur entrée dans la salle des Congrès du Palais peuple. Il est question pour Kabila Kabange de répondre, 18 jours après la clôture des travaux de Concertations nationales, aux recommandations de ces assises, devant les deux chambres du Parlement réunies en une séance commune.

11h18 minutes, Kabila prend la parole. Objectif, répondre aux 679 préoccupations des délégués aux concertations. Cela n'est pas possible en une séance. D'où, embrasser de manière globale l'ensemble des résolutions, en épinglant quelques particularités sensibles.

Pendant 1h5 minutes, Joseph Kabila a parlé des maux qui rongent la République démocratique du Congo depuis toujours.

Conflits armés à l'Est du pays, officiers militaires affairistes et ceux soupçonnés de détournement de soldes militaires, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, lutte contre les violences sexuelles, criminalité urbaine qui est une nouvelle forme de banditisme à Kinshasa (Kuluna), poursuite du cycle électoral, respect de la parité, recensement des Congolais, installation de nouvelles provinces, recadrage du système économique, corruption, détournement de deniers publics… sont parmi les points qui ont constitué les réponses de Joseph Kabila aux attentes des délégués aux Concertations.

L'opinion nationale qui a suivi avec attention ce rendez-vous du Congrès reporté à plusieurs reprises, n'a trouvé rien de nouveau dans ce discours. Car, tous ces problèmes rongent la République démocratique du Congo depuis toujours. Joseph Kabila qui a déjà 12 ans de règne à la tête de la RD Congo, le sait pertinemment bien.

Pourquoi a-t-il attendu 12 ans pour en faire son cheval de bataille et changer la vie des Congolais ? Ceci pousse bien d'observateurs à soutenir qu'il s'agit là d'un " réveil tardif " qui reste à concrétiser par les actes. Surtout qu'il ne lui reste que trois ans au pouvoir, selon l'esprit et la lettre de la Constitution en vigueur et de la loi électorale.

La presse a eu, à plusieurs reprises, à dénoncer tous ces dysfonctionnements depuis 2001, comme à l'époque du maréchal Mobutu et de Laurent-Désiré Kabila.

Mais rien n'a été fait dans le sens des poursuites judiciaires. Sous Joseph Kabila, quelques députés de l'Assemblée nationale, plus particulièrement de l'Opposition politiques, ont plus d'une fois tiré la sonnette d'alarme contre des cas graves de détournement, malheureusement, les détourneurs ont toujours été protégés par les députés du pouvoir.

Les cas du paiement d'une facture de 32 millions de la Snel à la RDC est encore éloquent. Des cas de tricherie lors des élections de 2006 et de 2011 sont restés impunis jusqu'à ce jour, alors que la quasi-totalité des tricheurs ont été démasqués par la population.

Promesses et matérialisations

D'entrée de jeu, l'orateur a signalé que l'objectif de sa présence était d'indiquer au peuple congolais et aux institutions la marche à suivre pour l'amélioration du vécu quotidien et la matérialisation des recommandations issues des Concertations.

" Nous sommes appelés à un changement profond ", a-t-il dit, promettant que " demain sera différent d'aujourd'hui ". Mais entre une promesse faite et sa réalisation, beaucoup d'enjeux entrent en compte. On ignore dès lors si ce chapelet de bonnes intentions sera matérialisé.

Un comité national de suivi

Joseph Kabila a promis de mettre en œuvre un comité national de suivi des recommandations sorties des Concertations. Ce, dans le souci de répondre une par une à toutes les 679 exigences. Une équipe réduite représentative des 5 thématiques dirigera ce comité.

Réforme du secteur sécuritaire

La réforme du secteur sécuritaire demeure la priorité des priorités, à en croire l'initiateur des Concertations. Ce secteur doit être conforme aux standards internationaux.

Il a promis une enquête en charge des officiers militaires des Fardc et de la Police nationale soupçonnés de détournement des soldes militaires, vente d'armes au front… Il entend également mettre un terme à tout affairisme dans l'armée et la police. " Quand un officier a pour maitres le drapeau et l'argent, le premier en pâtit au profit de l'autre.

Kabila a annoncé aussi que les crimes de guerre, crimes contre l'humanité, violences sexuelles, recrutements d'enfants soldats, ne resteront plus impunis en RD Congo. " La RDC ne sera plus une terre hospitalière pour les auteurs de ces crimes odieux ", rassure-t-il.

De la liberté conditionnelle et grâce présidentielle

Joseph Kabila dit avoir signé, hier mercredi 23 octobre 2013, dans la matinée, une ordonnance portant mesure de grâce au profit des prisonniers politiques. Une fois procédé à la liberté provisoire des prisonniers politiques, garantit-il, " il sera question par la suite des prisonniers militaires ". De même, la RDC n'attend plus que la loi sur l'amnistie pour parachever ce processus. Ce, dans le souci de la paix et de la réconciliation nationale.

Concernant la criminalité urbaine, il a instruit la Police nationale congolaise et la justice de s'activer pour y mettre définitivement un terme. Car ce banditisme crée la psychose dans la population.

Des élections

L'orateur a demandé à la CENI de faire diligence pour présenter, le plus vite possible, au Parlement, le calendrier électoral, et poursuivre le cycle électoral débuté en 2011, avec les sénatoriales, les provinciales et les locales. Mais il a suggéré que les provinciales soient en mode de suffrage universel indirect, en vue de minimiser les coûts.

Aux partis politiques, il a exigé d'inscrire, sur chaque liste des candidats, au moins 30% des femmes, question de respecter la parité, telle que consacrer dans la constitution.

Et pour crédibiliser davantage les élections à venir, il faudra procéder préalablement au recensement et à l'identification des Congolais en leur délivrant de nouvelles cartes d'identité.

De la réforme institutionnelle

Comme la rumeur circulait déjà avant et pendant les travaux des Concertations nationales, Kabila a promis la mise en place, très bientôt, un gouvernement de " cohésion nationale ", dans le cadre de la politique d'ouverture.

Ce gouvernement comprendra aussi bien les membres de la Majorité présidentielle, de l'Opposition que de la Société civile. Sa mission sera de rétablir la paix et l'autorité de l'Etat, consolider la cohésion nationale, améliorer les conditions sociales des populations et organiser les prochaines élections.

De l'Economie

Kabila envisage d'accorder une place de choix à la promotion des Congolais en vue de l'émergence d'une classe moyenne. Il engage un défi contre le caractère extraverti de l'économie congolaise, l'inadéquation entre la stabilité du cadre macro-économique et le vécu quotidien du peuple congolais, la difficulté d'accès aux crédits, la lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics…

" J'engage le gouvernement de cohésion nationale à mieux les exploiter afin d'enrichir, d'ici la fin de l'année, le programme économique en cours.
Car, notre économie ne pourra atteindre sa vitesse de croisière dans la corruption ", a-t-il dit.

Pour bien combattre les criminels économiques, Kabila nomme bientôt un conseiller spécial en la matière. Son travail sera de faire, au quotidien, le travail de monitoring de tous les cas de corruption ou analogue qu'il faudra répertorier, malversations financières et enrichissement illicite. " Pour changer la République démocratique du Congo, nous devons d'abord nous-mêmes changer, changer dans notre manière de gérer l'Etat et de vivre la démocratie.
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