Images intégrées 1En adoptant une étude comparative et historique  de toutes ces figures de la République Démocratique de Congo et en essayant de localiser chacune d’elle, la situant ainsi dans l’espace et  dans le temps,  sa période et sa vie politique, il ya la possibilité de lire les conséquences néfastes, inacceptables, déplorables  voire illogiques sur les guerres en R.D.C  impliquant ainsi tous les congolais en général et les intellectuels en particulier.
 
                                    1. Joseph Kasa-Vubu



Né à Dizi près de Tshela dans le Mayombe (Bas-Congo), la date exacte de sa naissance est incertaine. N'ayant pas été baptisé à sa naissance, la date de cette dernière n'a pas été enregistrée. D'après le témoignage de condisciples de Kasa-Vubu, ainsi que de missionnaires de Scheut ayant eu Joseph Kasa-Vubu pour élève, son année de naissance se situerait en 1915, et non en 1913 comme le relèvent d'autres sources biographiques. Étudiant au petit-séminaire de Mbata-Kiela, il est jugé trop indépendant pour devenir prêtre, il est alors invité à poursuivre la scolarité normale, s'orientant vers la philosophie. S'estimant insuffisamment payé pour son niveau d'instruction, il abandonne la carrière d'enseignant, et devient employé dans la société Agrifor pour ensuite devenir en 1942, aide-comptable au service des Finances du Gouvernement colonial.
À Léopoldville, plus tard capitale du Congo, il subit les influences parfois divergentes de divers groupes d'évolués congolais originaires de diverses provinces. Il se fera connaître en tant que dirigeant de l'organisation kongo ABAKO. En 1958, il devient bourgmestre de Dendale (aujourd’hui commune de Kasa-Vubu)1. Lorsque le pays devient indépendant (30 juin 1960), il devient le premier président de la république du Congo. Après avoir été évincé par le coup d'État politique de son Maréchal Joseph Mobutu en 1965, il fut astreint à résidence par ce dernier et mourut de manque de soins en 1969 dans sa résidence surveillée de Kisundi, situé à Boma, dans le Bas-Congo.
                            2.  Patrice  Emery Lumumba
Patrice Émery Lumumba1 (né le 2 juillet 1925 à Onalua, Congo belge - et mort assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga) est le premier Premier ministre de la République démocratique du Congo de juin à septembre 1960. Il est, avec Joseph Kasa-Vubu, l'une des principales figures de l'indépendance du Congo belge. Patrice Émery Lumumba est considéré au Congo comme le premier « héros national ». Il a en effet été assassiné par des responsables de l'État du Katanga avec la complicité de la sûreté de l'État belge, puissance coloniale du Congo, et des services secrets (CIA) des États-Unis.



Études et vie active
Patrice Lumumba est né à Onalua (territoire de Katako-Kombe au SankuruCongo belge, dans l'actuel République démocratique du Congo). Il fréquente l'école catholique des missionnaires puis, élève brillant, une école protestante tenue par des Suédois. Jusqu’en 1954 (année de la fondation d'un réseau d'enseignement laïque et de la première université) la Belgique coloniale n’a que peu développé le système d’éducation, entièrement confié aux missions religieuses. L'école ne donne qu’une éducation rudimentaire et vise plus à former des ouvriers ou des clercs, mais Lumumba, autodidacte, se plonge dans des manuels d’histoire.
Il travaille comme employé de bureau dans une société minière de la province du Sud-Kivu jusqu’en 1945, puis comme journaliste à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa) et Stanleyville (Kisangani), période pendant laquelle il écrit dans divers journaux. En septembre 1954, il reçoit sa carte d’« immatriculé », réservée par l'administration belge à quelques éléments remarqués du pays (200 immatriculations sur les 13 millions d'habitants de l'époque).
Il découvre, en travaillant pour la société minière, que les matières premières de son pays jouent un rôle capital dans l’économie mondiale, mais aussi que les sociétés multinationales ne font rien pour mêler des cadres congolais à la gestion de ces richesses. Il milite alors pour un Congo uni, se distinguant en cela des autres leaders indépendantistes car il ne plaide pas pour une indépendance immédiate, d'autant plus qu'il a pris conscience que les frontières du Congo belge et des colonies française, anglaise et portugaise voisines sont arbitraires, fixées par les puissances coloniales, ce qui posera un jour la question de répartir les richesses entre les futurs pays africains indépendants.
En 1955, il crée une association « APIC » (Association du personnel indigène de la colonie) et aura l’occasion de s’entretenir avec le roi Baudouin en voyage au Congo, sur la situation sociale des Congolais. Le ministre belge en charge à l'époque, de la politique coloniale, Auguste Buisseret, veut faire évoluer le Congo et, notamment, développer un enseignement public. Lumumba adhère au parti libéral, parti de ce ministre, et y attire des notables congolais. En 1956, il répand alors une lettre-circulaire parmi les membres de l'association des évolués de Stanleyville dont il est le président et dans laquelle il affirme Tous les Belges qui s'attachent à nos intérêts ont droit à notre reconnaissance ... Nous n'avons pas le droit de saper le travail des continuateurs de l'œuvre géniale de Léopold II. 2 Et, en compagnie de plusieurs notables congolais, il se rend en Belgique sur invitation du Premier ministre.
C'est à cette époque que Patrice Lumumba écrit un livre sous le titre le Congo, terre d'avenir, est-il menacé ? Dans cet ouvrage il plaide pour une évolution pacifique du système colonial belge dont il reste partisan. Emporté par l'évolution rapide des événements qui vont mener à l'indépendance, Lumumba ne prendra pas le temps de publier ce livre (il paraîtra à Bruxelles après sa mort)3.


Le combat pour l'indépendance
En 1956, il est jugé pour avoir détourné des fonds des compte de chèques postaux de Stanleyville et condamné à un emprisonnement d'un an. Libéré par anticipation, il reprend ses activités politiques et devient directeur des ventes d'une brasserie. En cette même année, il est président de l'Association des évolués de Stanleyville4. C'est précisément à cette époque que le gouvernement belge prend quelques mesures de libéralisation : syndicats et partis politiques vont être autorisés en vue des élections municipales qui doivent avoir lieu en 1957. Les partis politiques congolais sont parrainés par ceux de Belgique et Lumumba, classé pro-belge par ses discours et ses rapports avec les libéraux belges, est inclus dans l’amicale libérale.
En 1958, à l'occasion de l’Exposition Universelle de Bruxelles, première du genre après la guerre et qui a un grand retentissement dans le monde, des Congolais sont invités en Belgique, dont Patrice Lumumba. Mécontents de l'image paternaliste peu flatteuse du peuple congolais présentée par l'exposition, Lumumba se détache des libéraux et, avec quelques compagnons politiques, noue des contacts avec les cercles anti-colonialistes de Bruxelles. Dès son retour au Congo, il crée le Mouvement national congolais (MNC), à Léopoldville le 5 octobre 1958 et, à ce titre, participe à la conférence panafricaine d’Accra. De retour au Congo, il organise une réunion pour rendre compte de cette conférence et il y revendique l'indépendance devant plus de 10 000 personnes. Premiers démêlés politiques en octobre 1959 : le MNC et d'autres partis indépendantistes organisent une réunion à Stanleyville. Malgré un fort soutien populaire, les autorités belges tentent de s'emparer de Lumumba, ce qui provoque une émeute qui fait une trentaine de morts. Lumumba est arrêté quelques jours plus tard, jugé en janvier 1960 et condamné à 6 mois de prison le 21 janvier.
En même temps, les autorités belges organisent des réunions avec les indépendantistes. Une table ronde réunissant les principaux représentants de l'opinion congolaise a lieu àBruxelles, et Lumumba est libéré en toute hâte le 26 janvier pour y participer. Alors qu'il espérait profiter des tendances contradictoires d'un ensemble hétéroclite, le gouvernement belge se trouve confronté à un front uni des représentants congolais et, à la surprise de ceux-ci, accorde immédiatement au Congo l'indépendance5, qui est fixée au 30 juin 1960.
Des élections générales, les premières dans l'histoire du Congo encore belge, ont lieu en mai 1960. Le leader Bas-Kongo Joseph Kasavubu, triomphant surtout dans la région de Léopoldville, prête serment comme président de la république et avalise aussi tôt la nomination de Lumumba comme premier ministre, ainsi que le prescrit la nouvelle constitution qui attribue ce poste au candidat du parti ayant remporté le plus de voix. En l’occurrence c'est le Mouvement National Congolais (MNC) de Patrice Lumumba.
Le 30 juin, lors de la cérémonie d'accession à l'indépendance du pays, Lumumba -qui a définitivement largué les libéraux et qui s'est entouré de conseillers étrangers de gauche- prononce un discours virulent dénonçant les abus de la politique coloniale belge depuis 1885. Durci par l'expérience de son arrestation, et, face à la surenchère anti belge d'une partie de la presse internationale, il prend le contrepied de la politique modérée de ses débuts telle qu'on peut la découvrir dans son livre (publié après sa mort)6. Au lieu de s'adresser au roi des Belges présent à la cérémonie, et qui venait de prononcer un discours paternaliste convenu avec le président Kasavubu, Lumumba commence son allocution par une salutation « aux Congolais et Congolaises, aux combattants de l'indépendance. » Son discours, qui doit lui permettre de l'emporter sur Kasavubu dans l'opinion des Congolais politisés, proclame vivement que l'indépendance marque la fin de l'exploitation et de la discrimination et le début d'une ère nouvelle de paix, de justice sociale et de libertés. Le roi des Belges se sent offensé alors qu'il se considère comme le père de l'indépendance congolaise ayant été l'auteur, en janvier 1959, d'un discours radiophonique par lequel il est le premier Belge à annoncer officiellement qu'il fallait mener le Congo Belge à l'indépendance sans vaine précipitation et sans atermoiement funeste . Aussi, Baudouin veut-il se retirer et regagner Bruxelles. Mais le premier ministre belge Gaston Eyskens parvient à l'en dissuader et, le soir même, lors d'un banquet réunissant hommes politiques congolais et belges, Patrice Lumumba s'efforce de rectifier le mal que ses paroles ont pu provoquer en prononçant un discours qui se veut lénifiant dans lequel il évoque un avenir de coopération belgo-congolaise.

Une brève carrière politique
Mais les effets du premier discours de Lumumba, retransmis par la radio, se font rapidement sentir dans la population congolaise. Les paroles en sont interprétées comme anti-belges, alors que les fonctionnaires belges restent présents à tous les échelons de l'administration congolaise et que, dans l'armée, le cadre d'officiers reste également belge en attendant la formation des premières promotions d'officiers congolais. Cette situation provoque, dans quelques casernes, une révolte qui gagne des populations civiles, surtout dans la capitale Léopoldville. Des officiers et aussi des cadres belges de l'administration sont chassés, malmenés et quelques-uns sont tués. Des émeutes visent les entreprises des blancs, des pillages ont lieu, des femmes européennes sont violées. Dès lors, une grande majorité de cadres européens du gouvernement et des entreprises -et pas seulement les Belges- prennent alors la fuite avec leurs familles.
Lumumba en profite pour évincer les officiers belges et décrète l'africanisation de l'armée, tout en doublant la solde des soldats. La Belgique, jugeant qu'on ne peut plus avoir confiance dans le gouvernement congolais et dans son armée pour rétablir la sécurité, répond par l'envoi de troupes pour protéger ses ressortissants à Léopoldville, la capitale située dans le bas-Congo, mais aussi dans d'autres régions. C'est notamment le cas au Katanga (riche région minière, dominée par la puissante entreprise de l'Union minière du Haut Katanga), où l'intervention belge favorise la sécession de cette province menée par Moïse Kapenda Tshombé. En tout 11 000 soldats belges sont acheminés au Congo en dix jours, précédés par les troupes spéciales des Paras-commandos. Cette intervention militaire surprend à l'étranger, et encore plus en Afrique, par l'ampleur des moyens mis en œuvre et par la rapidité de ce déploiement militaire. C'est que la Belgique, membre de l'OTAN, dispose, en Allemagne, d'une zone militaire suréquipée s'étendant de la frontière belge au rideau de fer. L'état-major belge dispose, de ce fait, d'une panoplie de ressources militaires, en partie d'origine américaine, qui lui permettent de déployer avions, transports de troupes et même des navires de la marine de guerre qui vont bombarder des positions congolaises dans l'estuaire du fleuve Congo. Tout cela avec l'accord de l'OTAN qui autorise, en pleine guerre froide, que soit dégarni le front belge d'Allemagne.
C'est un véritable conflit qui menace d'éclater, ce qui provoque l'internationalisation de l'affaire congolaise avec, à l'ONU, une condamnation par l'Union Soviétique et des pays du tiers-monde qui veulent soutenir Lumumba et ses partisans. Mais, le 4 septembre 1960, le président Joseph Kasa-Vubu annonce à la radio la révocation de Lumumba ainsi que des ministres nationalistes ; il le remplace le lendemain matin par Joseph Iléo. Toutefois, Lumumba déclare qu’il restera en fonction ; le conseil des ministres et le Parlement lui votent une motion de maintien et, à son tour, Lumumba révoque le président Kasa-Vubu, sous l'accusation de haute-trahison. En plus, il appelle à Léopoldville une partie des troupes de l'Armée nationale congolaise (ANC) stationnées à Stanleyville et au Kasaï7.
Entre-temps, l'ONU vote l'intervention de troupes internationales dans le but de s'interposer entre les Belges et les Congolais de Kasa-Vubu face aux partisans de Lumumba. C'est l'apparition de ce que l'on va appeler les Casques Bleus ainsi nommés par la couleur de leurs casques destinée à signaler ces militaires internationaux comme " Soldats de la Paix". Cependant, un coup d'État (soutenu par la CIA8,9,10,11), éclate à Léopoldville par lequel Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir. Ex-militaire, mais aussi ancien-journaliste dans la presse congolaise pro-belge Mobutu a repris du service dans l'armée congolaise avec le titre de colonel. Il crée immédiatement le Collège des Commissaires généraux composé de noirs compétents dans, divers domaines, transports, économie, politique, etc... chargés de gérer au plus pressé une situation chaotique. En même temps, le 10 octobre, Mobutu assigne à résidence Lumumba, Ileo et leurs ministres. Mais Lumumba fait passer en secret un mot d'ordre demandant à ses amis politiques de le rejoindre à Stanleyville, où ils établissent un gouvernement clandestin dirigé par Antoine Gizenga. Le 27 novembre, Lumumba s'échappe avec sa famille de la résidence Tilkens, à Kalina, et tente de gagner Stanleyville avec une petite escorte à bord de sa chevrolet. Son évasion n'est découverte que trois jours après. Grâce à cette avance, persuadé d'avoir réussi à échapper à ses ennemis, il harangue ses partisans sur son passage, ce qui lui fait perdre du temps et permet au major congolais Gilbert Mpongo, officier de liaison du service de renseignements, de le retrouver pour essayer de l'arrêter. Après un premier échec à Port Francqui le 1er décembre, Mpongo réussit et Lumumba est arrêté à Lodi, dans le disctrict de la Sankuru et ramené à Mweka, où il est embarqué à bord d'un avion vers Léopoldville d'où il est transféré au camp militaire Hardy de Thysville sous la garde des hommes de Louis Bobozo, un militaire congolais, ancien de l'offensive belge de 1941 contre les Italiens d'Abyssinie et qui a la confiance de ceux qui croient pouvoir ramener le calme7.
L'assassinat
Tout d'abord, le transfert de Lumumba et de plusieurs de ses partisans est envisagé au fort de Shinkakasa à Boma. Mais, à la date du 17 janvier 1961, Patrice Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont conduits par avion à Élisabethville, au Katanga, et livrés aux autorités locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire où ils seront ligotés et humiliés par les responsables katangais comme Moïse TshombéMunongo, Kimba, Kibwe, Kitenge mais aussi les Belges Gat et Vercheure12. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge. En 2003, le Documentaire télévisé CIA guerres secrètes explique que Mobutu a fait dissoudre le corps de son rival dans l'acide, après l'avoir fait assassiner9. Il est acquis en outre que les États-Unis avaient tenté de faire assassiner Lumumba mais le plan avait échoué au niveau du choix de l'assassin ; l'opération avait été ordonnée par Allen Dulles qui avait mal interprété la volonté du président Dwight Eisenhower8,13.
En 2000, le sociologue belge Ludo De Witte publie chez Karthala L'Assassinat de Lumumba14, dans lequel il met en cause les responsables belges, précisant que ce sont des Belges « qui ont dirigé toute l’opération du transfert de Lumumba au Katanga, jusqu’à sa disparition et celle de son corps ». La Belgique, de même que l'ONU, n'avaient pas reconnu le Katanga comme état indépendant mais certains officiers belges étaient encore en fonction. Le lendemain, une opération est menée par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Plusieurs de ses partisans seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires, ou mercenaires belges. Tshombé lance alors la rumeur selon laquelle Lumumba aurait été assassiné par des villageois. Ceci déclenche une insurrection parmi la population paysanne, qui prend les armes sous la direction de Pierre Mulele au cri de « A Lumumba » ou « Mulele Mai » : les paysans conquièrent près de 70 % du Congo avant d’être écrasés par l’armée de Mobutu.

Les faits selon la commission d'enquête belge
En 2001, la commission d'enquête belge sur l’événement présente ainsi les événements :Arrêté à Port-Francqui le 1er décembre 1960, Lumumba est placé en détention àThysville.Les 12 et 13 janvier 1961, une mutinerie militaire éclate dans la ville, pour des raisons financières. C'est « la panique à Léopoldville. « On » craint que la libération de Lumumba et son retour soient imminents […]. Le collège des commissaires demande à Kasa-Vubu de transférer Lumumba « dans un endroit plus sur ». […] Au nom du collège des commissaires [congolais], Kandolo insiste auprès du président Tshombe pour que Lumumba soit transféré au Katanga »15. L'ambassadeur belge au Congo, Dupret, en informe son gouvernement, et conseille « il vous apparaîtra sans doute indiqué appuyer opération envisagée et insister auprès autorités katangaises15 ».
À cette date, le gouvernement congolais et le gouvernement katangais sont encore en négociation16, et se sentent tous les deux menacés par Lumumba et ses partisans. Le gouvernement katangais est ainsi à cette date en proie à des attaques de troupes lumubistes dans le Nord-Katanga17. Une action commune contre Lumumba est donc dans leur intérêt commun.Le gouvernement congolais livre finalement son prisonnier au gouvernement Katangais de Moïse Tshombe, le 17 janvier 1961. Il meurt le même soir, entre 21h40 et 21h43 d'après le rapport d'enquête belge.Tshombe refuse d'assumer le décès de Lumumba, affirmant d'une part qu'il ne savait rien du transfert de Lumumba vers le Katanga, et d'autre part que son prisonnier est mort lors d'une tentative d'évasion.

Concernant la première affirmation, la commission d'enquête belge de 2001 est formelle « il y a trois déclarations du 18 janvier qui contredisent la version de Tshombe18 ». Pour elle, Tshombe a bien donné son accord au transfert de Lumumba sur son territoire. Elle cite en particulier une déclaration officielle katangaise confirmant l'accord du gouvernement sécessionniste.Concernant la seconde affirmation de Moïse Tshombe sur son absence d'implication dans la mort de Lumumba, la commission d'enquête indique d'abord « il apparaît que la reconstitution détaillée et illustrée des faits de ce 17 janvier est aléatoire19 ». Mais elle considère que plusieurs faits sont assez précis. À 16h50 l'avion de Lumumba atterrit. De 17h20 à 20h30 Lumumba et ses deux compagnons sont enfermés à la « maison Brouwez », « où il est certain que les prisonniers ont subits des mauvais traitements, de la part de leurs gardiens, mais aussi de la part de ministres katangais19 ». Il est possible « que le président katangais [ait] participé aux sévices, même si aucune source ne le prouve.[…] Il semble hors de question qu'il n'ait pas vu les prisonniers dans la maison Brouwez, au moins lors du départ des prisonniers vers le lieu d'exécution19 ». La décision de Tshombe de l'exécution de Lumumba est donc certaine pour la commission, mais quatre représentants belges, qui soutiennent la sécession katangaise, y participent aussi : « le commissaire de police Frans Verscheure, le capitaine Julien Gat, le lieutenant Michels et le brigadier Son19 ». « Vers 21h15-21h30, Lumumba [et] ses compagnons arrivent sur le lieu de leur exécution. Ils vont être tués par balle, en présence du président Tshombe et de plusieurs de ses ministres. […] Lumumba […] meurt en dernier19,20. »La commission d'enquête note une forte implication anti-Lumumba du gouvernement belge, soutenant la sécession katangaise et agissant pour la déposition de l'ancien premier ministre. Le roi Baudoin lui-même intervient, y compris en écrivant au président Kennedy, pour s'opposer (avant la mort de ce dernier) à toute libération de Patrice Lumumba21. De même des Belges ont participé à l'exécution de Lumumba. L'implication belge dans la chute puis la mort de l'ancien Premier ministre est donc forte. Mais pour la commission, la décision de tuer Lumumba vient de façon directe de Moïse Tshombe et de son gouvernement.
Postérité
Lumumba est très regretté après sa mort par toute la communauté des pays non-alignés[réf. nécessaire], y compris par un de ses bourreaux, le général Mobutu qui le consacre héros national en 1966. Le retour d'Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants est considéré comme un événement national. Le jour de sa mort, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa. C'est pour le punir de l'assassinat de Lumumba que Moïse Tshombe est détenu par l'Algérie entre juin 1967, date du détournement de son avion sur Alger par un agent mobutiste, et sa mort aux causes mal définies (officiellement un arrêt cardiaque) en juin 1969.
L'action des anciens colonisateurs en pleine guerre froide
Le rôle des puissances occidentales et celui des États-Unis en particulier a été fortement évoqué dans la mort de Lumumba. Ils craignaient une dérive du Congo vers l'URSS. En effet, Lumumba fit appel aux Soviétiques lors de la sécession du Katanga car l'ONU ne répondit pas à ses demandes d'aide militaire pour mettre fin à la guerre civile.
Les archives de la CIA déclassifiées depuis le 21 juin 2007 indiquent que la CIA a monté un plan d'assassinat de Lumumba 8,22 : En novembre 1962, Monsieur (classé) a informé M. Lyman Kirpatrick qu'il avait, à un moment, reçu la consigne de M. Richard Bissel de porter la responsabilité d'un projet incluant l'assassinat de Patrice Lumumba, alors premier ministre de la république du Congo. Selon (classé) la méthode devait consister en l'empoisonnement, puisqu'il a mentionné avoir reçu l'ordre de rencontrer le docteur Sidney Gottlieb afin de se procurer le mode d'administration23 Ce plan était connu de la commission Church. Elle affirmait que le poison prévu contre Lumumba ne lui avait jamais été administré. Elle affirmait également qu'il n'y avait aucune preuve que les États-Unis soient impliqués dans la mort de Lumumba24.
Les États-Unis de Dwight Eisenhower voulaient éliminer Lumumba — pas forcément physiquement — pour éviter un basculement du géant africain dans le communisme et la Belgique voyait en lui et ses thèses d’indépendance économique une menace pour ses intérêts économiques notamment dans le secteur minier. Ces deux pays ont soutenu l’effort de guerre de Mobutu contre les Maï-Maï. Les mercenaires belges ont organisé l’opération Omegang exécutée en liaison avec une intervention des parachutistes belges pour écraser la résistance Maï-Maï au Kivu.
Si le meurtre de Lumumba paraît avoir été élucidé, c'est sous l’impulsion de François Lumumba qui a estimé en savoir assez pour porter plainte contre X sur la base des affirmations du sociologue belge Ludo De Witte. Le gouvernement belge a d'ailleurs reconnu, en 2002, une responsabilité dans les événements qui avaient conduit à la mort de Lumumba : :À la lumière des critères appliqués aujourd'hui, certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime dès lors qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée de par cette apathie et cette froide neutralité. Le 23 juin 2011, la famille de Patrice Lumumba a déposé plainte, à Bruxelles, contre une dizaine de Belges qu’elle considère comme impliqués dans l’assassinat25.
Sa famille
Patrice Lumumba était marié et père d'au moins six enfants : François, Patrice junior, Juliana, Roland, Christine (décédée en 1960) et Guy (né en 1961 après la mort de son père). Avant son emprisonnement, Lumumba s'est arrangé pour que son épouse légitime Pauline Opango et les enfants dont quatre issus de cette union plus François puissent quitter le pays. Ils sont allés en Égypte où François a passé le reste de son enfance — étudiant au lycée français du Caire (lycée Bab El Louk) — avant d'aller en Hongrie poursuivre ses études. Il est revenu au Congo dans les années 1990, au début de la rébellion contre Mobutu, et a créé un petit mouvement politique lumumbiste. Bien que son mouvement demeure peu puissant, il reste impliqué dans la politique congolaise et tente de défendre les idées de son père. Juliana a occupé quelques portefeuilles ministériels sous Laurent-Désiré Kabila et s'investit au développement de l'éducation en RDC. Guy a été candidat malheureux lors de l'élection présidentielle qui s'est déroulée en 2006 au Congo. Depuis son apparition sur la scène politique, il entend poursuivre le défi de la relève au sein de la famille biologique et politique de Patrice Lumumba.

                                              3. Mobutu Sese Seko
Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga2, né Joseph-Désiré Mobutu (né le 14 octobre 1930 à Lisala au Congo belge – décédé d'un cancer le 7 septembre 1997 à Rabat auMaroc), est un homme politique et militaire qui est le second président de la République démocratique du Congo de 1965 à 1997 (le pays ayant été rebaptisé Zaïre de 1971 à 1997).
Débuts
Joseph-Désiré Mobutu naît à Lisala quelques jours après le futur roi des BelgesBaudouin. Son père, Albéric Gbemani, cuisinier pour un magistrat colonial de Lisala, meurt alors qu'il a 8 ans et il est alors élevé par son grand-père et son oncle. Il poursuit ses études dans une école catholique. À l’âge de 20 ans, il est enrôlé dans la Force publique, l’armée coloniale belge, dans laquelle des officiers blancs commandent des soldats noirs. À 25 ans, il se marie avec Marie-Antoinette Gbiatibwa Yetene. Il obtient le brevet de secrétaire comptable à Luluabourg puis est affecté à l'état-major de la Force publique à Léopoldville en 1953.
Après son passage dans l’armée, dont il sort sous-officier, il devient journaliste pour le quotidien libéral de Léopoldville L'Avenir en 1957 sous la supervision de l'un de ses mentors, le journaliste Antoine-Roger Bolamba, qui le présente à Patrice Lumumba. Il voyage pour la première fois en Europe lors d'un congrès de presse à Bruxelles, où il reste quelque temps pour suivre une formation.
Au même moment, les représentants du Mouvement national congolais (MNC) menés par Patrice Lumumba, négocient l'indépendance de la colonie, et lorsque ceux-ci arrivent à Bruxelles pour la tenue d'une table ronde, Mobutu rejoint leurs rangs avec Antoine Kiwewa en janvier-février 1960. Il est confirmé membre effectif de la délégation du MNC à la Conférence de la Table ronde économique, financière et sociale (26 avril - 16 mai 1960).
L'ascension
En juillet 1960, il devient secrétaire d'État du gouvernement indépendant de Patrice Lumumba. Il profite du désaccord entre les différents hommes politiques et du fait d'être l'un des seuls lumumbistes à avoir une quelconque expérience militaire pour évoluer très rapidement dans la hiérarchie militaire. C'est ainsi en tant que chef d'état-major, et sous l'influence de l'ambassadeur de Belgique, qu'il fait arrêter et assigner à résidence Lumumba en 1960 ; Lumumba dirigeant jouissant d'une grande popularité. Ce coup d'état comptera beaucoup dans les relations entre les Belges et Mobutu. Il met en place un gouvernement temporaire, le Collège des commissaires généraux. Mobutu accuse ensuite Lumumba devant les caméras de sympathie pro-communiste pour s'attirer le soutien des États-Unis. Lumumba tentera de s'enfuir à Stanleyville, mais est rattrapé en chemin par les soldats. Mobutu le fera mettre en prison, où Lumumba ne recevra qu'une banane. Il sera ensuite envoyé au Katanga de Moïse Tshombe où il sera assassiné, le 17 janvier 1961, son corps perdu « en brousse » selon les documents officiels. Sous la direction de Pierre Mulele, des rebelles partisans de Lumumba partent en guerre contre Mobutu. Ils occupent rapidement deux-tiers du Congo, mais avec l'aide des États-Unis, Mobutu parvient à reconquérir l’ensemble du territoire. Cette « victoire » qui n'aurait pas été possible sans l'aide occidentale est habilement mise à profit en interne par un Mobutu se parant de la vertu de pacificateur, d’unificateur du territoire. Il pose ainsi son pouvoir sur deux piliers : à l'extérieur, le contexte de la guerre froide, et à l'intérieur la stabilité. Un autre moyen d'affermir son pouvoir est la prise de contrôle du pouvoir politique, dont le corolaire est la répression d'une partie des citoyens congolais.
Après avoir réorganisé l'armée, il mène le 24 novembre 1965 un coup d'État contre Joseph Kasa-Vubu, premier président de l'ancien Congo belge. Suivant une crise politique aigüe entre le président Kasa-Vubu et le gouvernement de Tshombe, ce coup d’État est acclamé et accepté de tous, Kasa-Vubu l'en remercie, Tshombe en est « absolument ravi », les syndicats CSLC, UTC et FGTK soutiennent le nouveau pouvoir de même que les organisations estudiantines UGEC et AGL. La population tant congolaise qu'étrangère applaudit le coup. À l'étranger, la Belgique et les États-Unis sont les premiers à reconnaitre le nouveau président. Seules la Chine et l’URSS montrent des réticences3. En tant que colonisé et ex-soldats de la Force publique, Mobutu représente ce qu’aime l’administration belge, il sait les caresser dans le sens du poil comme avec l’arrestation de Lumbumba mais il sait aussi qu'il a besoin du soutien des populations congolaises et c’est ainsi qu’il fait de Lumumba le héros national, le premier martyr de l’indépendance économique et c’est en son nom que les toutes puissantes entreprises minières belges sont nationalisées en 1966. Avec Mobutu, le Congo est alors le cheval de Troie des Américains contre la montée communiste en Afrique et particulièrement en Afrique australe. Mobutu accueille dans sa capitale le gouvernement angolais en exil qui lutte pour son indépendance, mais les communistes du MPLA en seront exclus. L’aide américaine aux guérilléros angolais du FLNA et de l’UNITA passera par le Congo. Le 2 juin 1966, la population a pu mesurer toute la détermination de Mobutu qui fit pendre sur la place publique 4 anciens ministres accusés à tort de complot : Alexandre Mahamba, Jérôme Anany, Emmanuel Bamba ainsi que l'ancien Premier ministre Evarise Kimba. Ce jour-là, la population a cessé d'acclamer Mobutu, tout le monde a eu peur. Nous étions à peine 6 mois après son 2e coup d'Etat. En1969, il fait écraser une révolte estudiantine. Les cadavres des étudiants abattus sont jetés dans des fosses communes et 12 étudiants sont condamnés à mort. L’université est fermée pendant un an et ses 2000 étudiants enrôlés dans l’armée où, selon la télévision nationale, « ils apprennent à obéir et à fermer leur gueule.»
Il instaure un régime autoritaire à parti unique, « le Mouvement populaire de la Révolution » et en devient le maréchal-président en 1982. Un de ses souhaits est que le pays retrouve sa culture profonde, c'est alors la Zaïrianisation (décolonisation culturelle). En 1971, « l’année des 3 Z », il renomme à la fois le pays, le fleuve et la monnaie sous le nom deZaïre. La même année, il impose un costume traditionnel, crée une version zaïroise du costume occidental : « l’abacost » (à bas le costume) et il oblige les Zaïrois à choisir un nom d'origine africaine et locale (non chrétien), ce qu'il fait lui-même en devenant Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga, c'est-à-dire « Mobutu le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter »4,5. Mobutu a aussi imposé le lingala, une langue importante de l'ouest du pays par l’enseignement dans les écoles et dans ses discours populaires.
Cette « révolution culturelle » ainsi que le culte de la personnalité sont clairement inspirés des régimes communistes. Mobutu est d'ailleurs un des derniers dirigeants à être invité par Nicolae Ceaușescu, et il entretient le culte de la personnalité après des visites instructives en Chine maoïste et en Corée du Nord qui lui fournissent au début des années 1970 une assistance militaire.
Les premières années, le régime est très bien vu sur le plan international, la personnalité affable du maréchal-président et les ressources naturelles du pays aidant un peu. Le Zaïre est alors considéré comme un exemple pour toute l'Afrique. Les investisseurs étrangers se précipitent sur les ressources naturelles dont le Zaïre est richement pourvu. L'État zaïrois lance alors une politique de grands travaux, les "éléphants blancs", qui donneront lieu à une importante corruption des élites politiques et administratives.


Chute
Au fil du temps, les méthodes du régime et le non-respect des droits de l'homme le déconsidèrent aux yeux des démocraties. Ayant basé le développement du Zaïre sur le modèle d'une économie rentière, Mobutu ne peut qu'en constater les inconvénients lorsque se produit une subite chute des cours du cuivre. Les finances publiques étant d'un coup exsangues, Mobutu lance le Zaïre dans une politique de « zaïrianisation » de l'économie. Cette nationalisation brutale de l'économie a vu les chefs d'entreprises étrangers remettre leurs clefs à des membres de l'armée zaïroise venus faire appliquer le décret de zaïrianisation. Les entreprises devenaient ainsi pour un régime à bout de souffle un bon moyen d'acheter des fidélités. De nombreux bénéficiaires de la zaïrianisation, tous proches du régime, prirent ces entreprises pour leurs propriétés personnelles sans se préoccuper de leur gestion. La corruption fut ainsi de plus en plus endémique (on parle pour le régime mobutiste de « kleptocratie », littéralement « gouvernement par le vol »), dégradant la situation économique et sociale de l'écrasante majorité des zaïrois de façon dramatique.

En tant que pion des Américains face au communisme progressant, Mobutu envoie en 1975 face à la retraite militaire soudaine des Portugais en Angola, ses troupes pour soutenir le FLNA contre la guérilla du MPLA qui a déjà pris Luanda, la capitale. 20 000 soldats cubains débarqueront néanmoins très rapidement au secours de Neto et repousseront les troupes de Mobutu. La situation s’aggrave et le Zaïre est maintenant impliqué dans la guerre froide soutenant les rebelles angolais (UNITA, FLNA) avec les États-Unis et le régime de l’apartheid face aux communistes (MPLA, Cuba, URSS). Pour déstabiliser Mobutu, Agostinho Neto lancera ses fameux gendarmes katangais en 1977 à Kolwezi. C’est lors de cette opération qu’on verra la fragilité de l’armée zaïroise. À part la garde présidentielle bien entraînée par des officiers belges, les autres (45 000 hommes ou plus) sont absolument indisciplinés, sous-équipés, mal payés et fuient les combats. Mobutu tracera lui-même les plans de bataille, ignorant les conseils de ses officiers plus qualifiés. Les populations katangaises soutiennent les gendarmes pour des raisons ethniques et de lassitude de la dictature et n’hésitent pas à collaborer contre les troupes de Mobutu. Ce sont les interventions française, belge, marocaine, togolaise et ivoirienne qui sauveront Mobutu et repousseront « les gendarmes ».
En 1986, une grave crise économique secoue le Zaïre et accentue une crise politique et une révolte latente, entre un peuple qui a faim et un chef multi-milliardaire mégalomane qui a utilisé la corruption comme mode de gouvernement. Le fossé est creusé entre la petite tribu de fidèles (à qui le chef donnait des faveurs) et le reste du pays.
Mais c'est l'inattendue fin de la guerre froide avec la chute du mur de Berlin qui va achever le régime mobutiste. Privé de ses généreux soutiens extérieurs qui le soutenaient comme « rempart au communisme » depuis son accession au pouvoir, Mobutu se retrouve en quelque sorte isolé face à son opposition intérieure.
En 1989, il publie Dignité pour l'Afrique ?, un livre d'entretiens, dans le cadre d'une fort onéreuse campagne de communication. En 1990, comme dans de nombreux autres pays d'Afrique centrale, le mécontentement populaire est grandissant et, en avril 1990, Mobutu autorise le multipartisme (l'opposition pourra dès lors le pousser au départ). La conférence nationale organisée à l'occasion devient un véritable tribunal populaire dénonçant les dérives flagrantes du système mobutiste. Les interventions d'Étienne Tshisekediet d'autres opposants politiques marquent un tournant essentiel puisqu'elles ne sont pas suivies de répression contre leurs auteurs. Aux yeux des Zaïrois, le « seul Maréchal du Zaïre » n'avait ainsi plus le pouvoir d'opprimer son peuple pour assurer son pouvoir. L'état désastreux des finances publiques du pays causé par l'impéritie des politiques économiques mobutistes fait perdre petit à petit au système les moyens de s'alimenter financièrement. Vilipendé à Kinshasa, Mobutu se retire dans son somptueux palais, au cœur de la jungle tropicale à Kawele à proximité de son village natal. Sa solitude devient dès lors évidente, aussi bien au Zaïre qu'à l'étranger où il ne bénéficie plus que du soutien de la France. Sa maladie va encore renforcer cette impression de faiblesse, incitant ses opposants intérieurs et ses ennemis extérieurs à intensifier leurs actions.

En 1994, malgré le partage du pouvoir avec le président du Parlement, le pays s'enfonce dans la crise. Celle-ci s'aggrave avec l'arrivée de réfugiés rwandais fuyant d'abord la répression du génocide au Rwanda, puis à partir de 1996 la progression de l'Alliance de forces démocratiques pour la libération du Congo, bras armé congolais du Front patriotique rwandais et de l'Ouganda, emmenés par Laurent-Désiré Kabila. Ceux-ci entrent à Kinshasa le 17 mai 1997, entraînant la chute définitive du pouvoir et la fuite de Mobutu Sese Seko, malgré une dernière tentative de négociation pour le partage du pouvoir parrainée par Nelson Mandela sur le navire Outenika. Après avoir été soigné pendant de longs mois en Suisse et en France, Mobutu Sese Seko meurt d'un cancer de la prostate le 7 septembre 1997 à Rabat où il est inhumé au cimetière européen, quatre mois après son renversement et l'accession au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel chef de l'État congolais, Joseph Kabila. Il laisse un pays économiquement exsangue, en conflit avec de nombreux pays voisins pour ses richesses et son espace et en pleine guerre civile.
Les héritiers
Le maréchal Mobutu s'est marié deux fois. Après le décès de sa première femme, Marie-Antoinette Gbiatibua Yetene, le 22 octobre 1977, il a épousé Bobi Ladawa le 1er mai 1980. Quatre de ses fils issus de son premier mariage sont décédés : Nyiwa, Konga, Kongulu en septembre 1998 et Manda le 27 novembre 2004. Un autre de ses fils, né de son deuxième mariage, Mobutu Nzanga a annoncé en décembre 2005 sa candidature aux élections présidentielles de juin 2006, alors que Giala se présente lui aux législatives et siège actuellement à l'Assemblee Nationale. Ce dernier est à la tête de l'UDEMO, l'Union des Démocrates Mobutistes et préside également les Forces du Centre, le groupe parlementaire dont fait partie l'UDEMO. L'une de ses filles, Yaki, fut mariée avec Pierre Janssen, un citoyen belge, avec lequel elle est séparée aujourd'hui 6.
Jean-Pierre Bemba a, au cours de la Deuxième guerre du Congo, accueilli au sein du Mouvement de Libération du Congo de nombreux anciens militaires et hauts-dignitaires du régime mobutiste. Une partie des biens de Mobutu gelés en Suisse depuis le 17 mai 1997 (8,3 millions de francs suisse) devaient être remis à sa famille le 15 décembre 2008 car aucune solution n'avait été trouvée avec le gouvernement de la République démocratique du Congo ou auprès d'un des fils de Mobutu (numéro deux du gouvernement congolais) pour qu'il renonce aux fonds7. Le Conseil fédéral a décidé le 12 décembre 2008 de prolonger le blocage des fonds jusqu'au 28 février 20098. Finalement, ces fonds bloqués devront être remis aux membres de sa famille, selon une décision datée du 14 juillet 20099.

                                         4. Laurent-Désiré Kabila
Laurent-Désiré Kabila (Likasi ex-Jadotville27 novembre 1939 - Kinshasa16 janvier 2001), est un homme politique congolais. Engagé à partir des années 1960 contre le régime deMobutu, il parvint finalement à renverser ce dernier en 1997, lors de la première Guerre du Congo. Il redonna au pays - rebaptisé Zaïre par Mobutu - le nom de République démocratique du Congo. Président de la République démocratique du Congo de mai 1997 jusqu’à son assassinat en janvier 2001, il fut, un an après sa prise du pouvoir, confronté à la deuxième guerre du Congo. Il était surnommé Mzee, littéralement le vieux, le sage en swahili. Laurent-Désiré Kabila a le titre de « héros national ». Après sa mort, son filsJoseph Kabila lui succède immédiatement le même jour de sa mort le 16 Janvier 2001..

Jeunesse
Né le 27 Novembre 1939 à Jadotville au Katanga, Laurent-Désiré Kabila est originaire de l’éthnie Luba par son père et Lunda par sa mère1. S'il est certain qu'il a accompli ses études secondaires à l'institut Saint-Boniface d'Élisabethville (Lubumbashi), ses études universitaires à l'étranger (Paris, Tachkent ou Belgrade) sont controversées2. Ce flou a été entretenu par Kabila lui-même car, en période de Guerre froide, le lieu des études était politiquement et symboliquement important.
Engagement politique et guérilla
Ses premières luttes remontent au début des années 1960, durant la crise congolaise qui accompagne et suit l'accès à l'indépendance du Congo belge. D’août 1960 à janvier 1961, il lutte contre la gendarmerie katangaise dans les rangs de la jeunesse du Parti Balubakat (Jeubakat). Jason Sendwé, chef de la Balubakat, le parti qui regroupe les membres de leurethnie commune, celle des Lubas, remarque ses talents d’orateur et le nomme « colonel » des jeunesses, en fait des milices Balubakat au Katanga.
 Ces milices se rallient à l’insurrection déclenchée par les forces lumumbistes en 1964. D’après le témoignage de Che Guevara qui essaya d’appuyer les maquisards de Kabila établis à Fizi, sur les rives du lac Tanganyika en 1965, Kabila et son groupe étaient plus « contrebandiers » que « rebelles ». Guevara considérait qu’ils ne réussiraient jamais à se transformer en une force révolutionnaire. Le maquis de Kabila parvient à se maintenir pendant une trentaine d’années. Il ne dépasse pas les limites d’un territoire exigu et est relativement toléré par le régime mobutiste.
Prise de pouvoir
Durant la première guerre du Congo, la coalition (Rwanda, Ouganda) le place à la tête de l’AFDLMobutu Sese Seko est renversé le 16 mai 1997. Après la fuite de Mobutu aux premières heures du 16 Mai 1997, il se proclame Président.
Laurent-Désiré Kabila prétendait n'avoir jamais été Zaïrois, et à ce titre gomme tout rappel à cette dénomination née en 1971 par décision de son prédécesseur : le pays retrouve son appellation suite à son indépendance de 1960, le fleuve est à nouveau rebaptisé Congo, le franc congolais se substitue au nouveau zaïre, l'hymne national, la devise du pays sont changés.
Gouvernement
À partir de 1998, juste après sa scission avec le Rwanda et l'Ouganda, il règne en autocrate, prend plusieurs décisions draconniennes, nomme personnellement les députés, emprisonne les hommes politiques qui ne partagent pas ses points de vues (Étienne TshisekediZhaïdi NgomaOlenga Nkoy, etc.) ainsi que plusieurs journalistes étrangers ou autochtones. En 1999, il abolit l'AFDL, pour créer le CPP (Comité du pouvoir populaire). et en 2000, fonde un nouveau parlement de 300 députés en tout.
Assassinat
Le 16 janvier 2001, il est assassiné par son garde du corps Rashidi Mizele. Le docteur Mashako Mamba, présent à cet instant, tente vainement de le réanimer. Le procès des auteurs présumés de l’attentat a été très contesté par la communauté internationale. Trente personnes ont été condamnées à mort, dont le colonel Eddy Kapend. Cependant, à l’issue de ce verdict, on a affirmé aussitôt que l’enquête continuait.
Succession
À sa mort, son fils Joseph Kabila est désigné pour lui succéder, ce jour-là aucun avion est autorisé à se poser sur le sol congolais sauf le sien...

                                   5. Joseph Kabila
Joseph Kabila Kabange, né le 4 juin 1971 à Hewa Bora dans le territoire de Fizi (province du Sud-Kivu), est président de la République démocratique du Congo depuis l'assassinat de l'ancien président, son père Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2001, au cours de la deuxième guerre du Congo. Il a été à la tête de l'Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) et a créé en 2002 le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).Le 27 novembre 2006, il est déclaré par la Cour suprême de Justice gagnant du deuxième tour de l'élection présidentielle, organisé le 29 octobre 2006, devenant ainsi président de la République1.
Il est réélu le 28 novembre 2011 et la cérémonie d'investiture se déroule le 20 décembre suivant, mais son principal adversaire, Étienne Tshisekedi, conteste les résultats et s'est également proclamé président de la République, prévoyant d'être investi le vendredi 23 décembre 20112. Kabila est le plus jeune chef de l'État kino-congolais.
Jeunesse
Joseph Kabila Kabange est né le 4 juin 1971 à Hewa Bora dans la région du Fizi (Sud-Kivu). Il a une sœur jumelle, Jaynet. Sous le régime de Mobutu, il est en exil en Tanzanie où il se fait appeler, pour des raisons de sécurité liée à sa clandestinité, Hippolyte Kabange Mtwale3. Il est inscrit à l’école française de Dar es Salaam. Il s’occupe également des pêcheries que son père possédait alors sur le lac Tanganyika. En octobre 1996, il rejoint ce dernier, lors de la première guerre du Congo et est formé au métier des armes par le chef d’état-major de l’armée rwandaiseJames Kabarebe. Il devient Major-général
En 1998, alors que son père est président, il a tenté de stopper la guerre civile et fait retirer, avec succès, les troupes étrangères stationnées dans le pays. Il participe cependant à labataille de Pweto en novembre 2000. Après avoir dû quitter la faculté de droit de l'université de Makerere pour aider son père, Joseph Kabila a obtenu un baccalauréat ès arts en relations internationales à la Washington International University, institut d'enseignement supérieur à distance non reconnu par le département d'éducation des États-Unis4
Président par intérim (2001-2006)
Puis en 2001, à la suite de l'assassinat de son père, il est désigné par l'entourage de ce dernier pour tenir la présidence de la République démocratique du Congo. Le palais de la Nation, résidence officielle du président de la République démocratique du Congo. Suite à un accord de paix, le dialogue inter-congolais, qui met fin à la deuxième guerre du Congo, un gouvernement de transition a été mis en place en 2003 et comporte les chefs des deux principaux groupes rebelles qui deviennent ainsi « vice-présidents ». Cette transition prévue pour durer 2 ans devait déboucher sur des élections avant la fin de l'année 2005. En fait, les retards dans l'exécution la repoussent jusqu'à fin 2006.

En février 2004, Kabila effectue un voyage officiel en Belgique. Il présente son pays aux investisseurs européens6. Lors de son allocution au Sénat belge il fait l'éloge de la colonisation belge : « L'histoire de la République démocratique du Congo, c'est aussi celle des Belges, missionnaires, fonctionnaires et entrepreneurs qui crurent au rêve du Roi Léopold II de bâtir, au centre de l'Afrique, un État. Nous voulons rendre hommage à la mémoire de tous ces pionniers. »7 Cette prise de position lui a été reprochée et ses propos qualifiés de « révisionnistes »8.
Le 28 mars 2004, des supporters de l'ancien président Mobutu Sese Seko tentent en vain de renverser Joseph Kabila par un coup d'État. Depuis son arrivée au pouvoir, Joseph Kabila doit faire face à des guerres répétées dans l'Est du Congo où des forces rebelles internes ou appuyées par des gouvernements voisins (OugandaRwanda) tentent de déstabiliser le pays par la violence, le crime, le pillage des ressources.
 Néanmoins ces rebelles sont aussi motivés par autre chose que l'appât du gain et le contrôle des mines d'or et de diamant : les anciens génocidaires hutu se réarment au Congo et mènent des raids militaires au Burundi. Le Rwanda comme le Burundi qui souhaitent entrer dans une période de calme dans la région des Grands Lacs, pourchassent les miliciensinterahamwe dans l'Est de la RDC. La famille de Joseph Kabila recevra 36 millions de dollars US de l’État congolais, comme dommages et intérêts pour le meurtre de sa tante Espérance Kabila par le colonel Mwamba Takiriri9.
Président (depuis 2006)
Articles connexes : Élection présidentielle du Congo-Kinshasa de 2006 et Élection présidentielle du Congo-Kinshasa de 2011. Joseph Kabila s'est présenté à l'élection présidentielle du Congo en 2006. Il a été accusé par ses opposants de ne pas être congolais mais tanzanien (ou rwandais). Ces arguments n'ont pas été considérés comme recevables par la Cour suprême congolaise. Des combats à l'arme lourde ont aussi eu lieu dans Kinshasa contre son rival du second tour, Jean-Pierre Bemba.
Pour la campagne Joseph Kabila a fait appel à une compagnie de relations publiques basée à Washington, D.C.Stevens and Schriefer Group, qui s'était précédemment occupé de deux campagnes électorales de George W. Bush10. En 2011, Joseph Kabila est proclamé vainqueur de l'élection présidentielle de 2011 par la CENI (Commission électorale nationale indépendante). Le processus électoral est considéré comme entaché d'irrégularités et non crédible par des organisations internationales dont le Centre Carter11 et la Mission d'observation des élections de l'Union européenne12.
Le 22 mars 2013, les autorités de la République démocratique du Congo annoncent avoir déjoué un complot visant à assassiner le président Joseph Kabila et à renverser le gouvernement13.
Congolité et identité
Il y a une polémique populaire sur la naissance de Joseph Kabila, certains affirmant qu'il serait le fils de Laurent-Désiré Kabila et d'une femme tutsie, Marcelline Mukambukuje (ce qui était mal vu durant le conflit), ou même d'autres origines. Quelques jours avant qu'il ne devienne président en 2006, le gouvernement avait révélé que sa mère était une Congolaise du Maniema Sifa Mahanya. Par la suite, Étienne Kabila, un fils de Laurent-Désiré Kabila, a déclaré que Joseph est le fils d'un ancien opposant rwandais, Christophe Kanambe, et de Marcelline Mukambukuje, résidant en Ouganda. Selon lui, il a été adopté par Laurent-Désiré Kabila après la mort de son père14. Le gouvernement publiera plus tard des photos de famille ainsi qu’un témoignage de Sifa Mahanya affirmant son identité officielle4.
En 2001, Erik Kennes, un chercheur du CEDAF, dans sa biographie de Laurent-Désiré Kabila, retrace l’enfance de Joseph Kabila, montre que celui-ci est le fils de Kabila et Sifa Mahanya, donne le nom de l’accoucheuse des jumeaux Kabila et explique que Joseph Kabila dut aller à l’école française sous le nom d’Hippolite Kabange Mtwale pour des raisons de sécurité15. Pour Ludo Martens, ce livre met fin à la polémique relative à l’origine de Joseph et de Jaynet Kabila, mais a quelques lacunes16. En 2006, dans un interview pour Le Soir, Sifa Mahanya contredit certains des faits décrits par Kennes dans son livre17.
Bonne lecture
Cordialement
Martin MIHIGO BYAMUNGU
Téléphone : 00212631504912
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