Le groupe Gouvernance a fait cette proposition pour " ouvrir l'architecture institutionnelle aux autres forces politiques "
Ce que Léon Kengo Wa Dondo avait lâché pendant la période des consultations, commence malheureusement à prendre de plus en plus forme au regard des échos en provenance du Palais du peuple.
Alors que l'objectif principal visé par les concertations nationales était la recherche de la cohésion nationale pour faire face à la guerre à l'Est de la République démocratique du Congo, ce membre du présidium avait sèchement lâché qu'au terme de ces assises, il y aura formation d'un nouveau gouvernement qui sera composé des ministres issus de l'actuelle majorité, de l'opposition et de la société civile. Cela avait créé un véritable tollé dans la classe politique, précisément dans l'opposition congolaise.
Même quelques ministres de la Majorité présidentielle avaient critiqué ces propos qui, selon eux, ne respectaient pas l'esprit et la lettre de la constitution en vigueur.
Lambert Mende, ministre des Médias et porte-parole du gouvernement, avait d'ailleurs soutenu que Kengo montait ses propres stratégies pour attirer le plus possible d'opposants de manière à prendre part à ces concertations boudées par tous les grands partis de l'opposition avant même qu'elles ne démarrent.
Aujourd'hui, l'opinion commence à craindre que le schéma divulgué, il y a plus d'un mois, par le président du Sénat, soit le principal objectif des concertations qui se tiennent encore au Palais du peuple.
En effet, les travaux au sein des états généraux des concertations nationales sont bel et bien finis, à en croire un membre du présidium de ce forum contacté hier. Mais en attendant la tenue de la plénière de validation et d'adoption du rapport final de ces travaux, le présidium s'attelle à synthétiser et à faire le toilettage de toutes les recommandations.
Parmi celles-ci, la plus importante est celle relative à la formation d'un " gouvernement de large ouverture ". C'est le groupe thématique Gouvernance, démocratie et réforme institutionnelle qui a fait de cette proposition sa principale recommandation. Il s'agit, à en croire quelques membres de ce groupe thématique, une recommandation qui prône l'ouverture des institutions, c'est-à-dire, la mise en place d'un gouvernement de large ouverture.
Des sources garantissent qu'il ne sera pas question de changer l'architecture institutionnelle établie mais de l'ouvrir aux autres forces politiques. Bref, assurer une gestion consensuelle en RDC. Il se raconte dans les couloirs que, si Matata Ponyo a beaucoup de chances de rester à la primature, tel n'est pas le cas pour beaucoup de membres du gouvernement qui seront obligés de quitter cette institution au profit de la société civile et d'une certaine " opposition ".
Or, la cohésion nationale recherchée dans ces assises a connu davantage des fractures tant dans le camp de l'opposition, de la majorité que dans la société civile. Les membres d'une même famille politique se sont traduits en justice en pleins travaux de concertations nationales, quelques concertateurs arrêtés et jetés en prison, des chefs de partis politiques chassés par leurs membres, des délégués aux travaux qui ont finalement claqué la porte, des préalables de l'opposition qui ne sont toujours pas respectés jusqu'à la fin des assises, des prisonniers politiques qui croupissent injustement dans des prisons, tels sont les vrais éléments qui vont sanctionner les travaux de concertations nationales.
Dans le deuxième groupe ayant trait à l'économie, les participants ont recommandé, entre autres, de mettre fin au paradoxe existant entre les performances économiques dont se vante le gouvernement Matata et la misère dans laquelle vit la population congolaise. L'écart est tellement grand entre le slogan et la réalité, que l'on tient à le réduire sensiblement pour que cette théorie ressemble également à la pratique.
Ne plus gratifier les acteurs des groupes armés et ne jamais amnistier les auteurs des crimes, telles sont les recommandations les plus en vue du troisième groupe thématique Désarmement. L'idéal est de combattre les groupes armés et mettre fin à toutes leurs velléités en renforçant l'autorité de l'Etat et en mettant en place une armée forte.
En ce qui concerne le groupe thématique Conflit communautaire, les recommandations ont abondé dans le sens du renforcement de l'administration et de l'autorité coutumière. Les participants ont aussi recommandé d'éviter les injustices sociales pour permettre une cohabitation pacifique entre les peuples.
Enfin, le découpage immédiat des provinces et l'organisation dès 2014 des élections pour le renouvellement du Sénat et des Assemblées provinciales ont constitué l'essentiel des recommandations du groupe 5 consacré à la Décentralisation.
Toutes ces recommandations ne sont pas nécessairement reprises sur le rapport officiel, mais " résultent des négociations politiques ", à en croire certains délégués aux concertations nationales.
Ce forum est présenté par son initiateur, Joseph Kabila, comme " la réunion de toutes les couches socio-politiques de la nation ". Il a été convoqué dans le but de "réfléchir et débattre en toute liberté et sans contrainte des voies et moyens susceptibles de consolider la cohésion nationale, de renforcer l'autorité de l'Etat sur toute l'étendue du territoire national afin de mettre fin au cycle de violences dans l'Est du pays, d'accélérer le développement du pays dans la paix et la concorde".
Une fois validées par la plénière, ces recommandations seront transmises à Joseph Kabila qui, à son tour, en rendra compte à la nation devant l'Assemblée nationale et le Séant réunis en congrès.
Selon l'ordonnance instituant ces assises, le suivi de l'application de ces conclusions est confié au président de la République, aux présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale et au chef du gouvernement.
On se demande dès lors si le peuple congolais se reconnaitra dans les conclusions qui seront présentées à Kabila, lui qui a besoin de son bien-être social, de la paix, de la bonne gouvernance, d'une justice équitable et d'une vraie démocratie.