Après une fête de Noël célébrée dans l’allégresse pour les uns, et dans la prière et la méditation pour les autres, sur la majeure partie du territoire national, la RDC a été secouée le lundi 30 décembre 2013, dès le lever du soleil,  par un banal coup d’Etat, la nième de son histoire. 

A Kinshasa, Lubumbashi, Kolwezi et Kindu, le crépitement d’armes automatiques dans quelques sites stratégiques et à la cité, a précipité la fermeture des commerces et des sociétés. Alors que tout le monde se terrait chez soi, la circulation des véhicules de l’armée et de la police filant à vive allure avec des éléments en treillis armés de lance-roquettes, a provoqué l’émoi. Les radios et les télévisions préféraient poursuivre avec leurs grilles de programmes du jour. Jusque-là, pas la moindre explication de cette situation. Ce qui fait que tous les réseaux de télécommunications étaient saturés par des appels locaux et internationaux. Les Congolais s’étaient branchés sur toutes les chaines de radiodiffusion et de télévision aussi bien locales qu’étrangères pour traquer la moindre information.
C’est la rupture brutale du signal de la télévision nationale  RTNC 1 qui a  fourni le premier indice. Pour les habitants de Kinshasa, la fermeture de la circulation automobile et des piétons sur les avenues 24 novembre, Kabinda, Huileries, et le boulevard Triomphal, et de passage au Palais du peuple et au Commissariat général de la Police nationale congolaise, pour des raisons de sécurité, suscitait quelques inquiétudes et ravivait les ragots. Il a fallu bien attendre des heures plus tard pour surprendre quelques chaines étrangères livrer quelques bribes sur le fameux coup d’Etat qui auraient été tenté par des hommes fidèles au pasteur Joseph Mukungubila surnommé «prophète de l’Eternel». Et faute de précision, l’on évoquait également des mouvements de mécontentement des policiers et des militaires réclamant le retour à son poste du général John Numbi, ancien commissaire général de la PNC suspendu à la suite de l’affaire de l’assassinat du défenseur des droits de l’Homme Floribert Chebeya.
Pour Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, ce sont des « terroristes »
            Que s’est-il réellement passé ce jour-là ? s’interroge encore aujourd’hui bon nombre des Congolais.
            Pour les faits, tout est parti de la Cité de la RTNC considérée comme l’épicentre du mouvement insurrectionnel. Le lundi 30 décembre 2013, c’était la reprise du travail après un week-end qui a prolongé la fête de Noël. A l’entrée principale de la RTNC, les quelques éléments de la Garde républicaine et des surveillants de cette chaîne de radiodiffusion et de télévision du gouvernement, fidèles à leurs postes, filtrent les entrées. Dans l’enceinte de cette grande concession, des compagnies de militaires veillent dans les véhicules blindés bâchés, d’autres assistent les agents du protocole à l’accueil des visiteurs extérieurs ou patrouillent dans les couloirs.                        Vers 9 heures, on ne sait pas comment, des suspects, une vingtaine, tous armés, et que l’on présentera plus tard comme ignorant le maniement des armes de guerre, ont pu traverser cette ceinture de sécurité pour se retrouver dans le studio de la télévision nationale. Selon des confrères de cette chaîne, ces intrus ont fait irruption alors que passait en direct l’émission «  Le panier ». Ces hommes âgés tous de moins de 50 ans, ont indiqué nos confrères, se dévoilaient comme des «  libérateurs » décidés à faire passer leur message à la nation. Entraînés dans une salle d’enregistrement, les suspects ont fait enregistrer une communication dont la teneur a été réservée à la justice. Et nos confrères d’ajouter qu’ils ont été tabassés, avant d’être étalés par terre. L’un d’eux toujours dans un état grave, sera transféré prochainement vers l’Inde. Des tirs nourris ont été entendus par-ci par-là avant qu’ils soient libérés, au terme des accrochages avec les soldats loyalistes.                L’horreur passée, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, a parlé de ce groupe des terroristes composé de près d’une centaine de membres qui s’en est pris à la fois à trois sites stratégiques à Kinshasa. Ils ont échoué dans leur tentative de renverser le régime, a noté le porte-parole de l’exécutif, et d’ajouter qu’ils voulaient perturber la quiétude du peuple congolais avant les fêtes de Nouvel An. Ils disposaient des Aka 47, tenant à semer ainsi la terreur et la désolation. Il a indiqué qu’il y avait des morts, des blessés et des dégâts matériels importants. Il a salué une fois de plus la bravoure des militaires qui les ont arrêtés après en avoir abattu quelques-uns. Ces terroristes font l’objet d’interrogatoires serrés de la justice.
            Le retour au calme dans les quatre villes du pays sera confirmé le même jour par le Vice-premier ministre et ministre de la Défense Luba Ntambo pour qui la situation était sous contrôle, tout en se réservant sur l’identité et les motivations des assaillants.
Les réactions du pasteur Joseph Mukungubila et du général John Numbi
            Joints par nos confrères de radios périphériques, les deux personnes citées comme liées directement à tous ces incidents malheureux, ont réagi en réfutant leur participation à ce mouvement insurrectionnel. Pour sa part, le pasteur Joseph Mukungubila relève les violences exercées sur ses fidèles qui protestaient après l’attaque de la maison d’un dignitaire de son église et sa résidence de Lubumbashi, et la distribution d’une lettre de dénonciation de la nomination des officiers étrangers dans l’armée et la police. Mis au courant des rumeurs, le général Numbi a tenu un point de presse pour contester la véracité de ce coup d’Etat. A l’en croire, des adeptes d’une église, armés des bâtons, des machettes et des barres à mine, ne peuvent pas prétendre renverser un régime avec de telles armes. Est-ce une façon de se moquer des forces de sécurité, devait-il s’interroger.
            Au moment où les investigations se poursuivent, tout le monde est resté sur sa soif, toujours impatient de connaître les révélations faites à la justice par ces insurgés. Jusqu’à présent, personne ne connait les commanditaires de ce coup d’Etat, ni les objectifs visés par ce groupe qui avait frappé à la fois à Kinshasa, Lubumbashi, Kolwezi et Kindu.
            Pour certains analystes, le safari des insurgés du 30 décembre montre une fois de plus, la nécessité et l’urgence de la réforme des services de sécurité, au moment où le pays doit faire face à plusieurs groupes armés dormants ou actifs ayant leurs parrains à Kinshasa ou au-delà de nos frontières. Après les Bakata Katanga, quel message ce nouveau groupe a-t-il voulu transmettre aux autorités nationales ? La question reste posée.  


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