La Société Civile et les autochtones du Nord-Kivu sont formels : des soldats rwandais ont infiltré, ces dernières semaines, plusieurs localités du territoire de Nyiragongo. Leur présence commence à susciter beaucoup d’inquiétude, car elle rappelle les prémisses annonciatrices des rébellions à répétition que connaît cette partie de la République. Balayant d’un revers de la main pareille information, certaines sources soutiennent que le Rwanda n’a jamais quitté l’Est du pays. Selon elles, les soldats rwandais, entrés en République Démocratique du Congo en 1996, dans les bagages de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) ont fait du Nord-Kivu leur « seconde patrie ».




Même lorsque le retrait de toutes les armées étrangères (Ouganda, Rwanda, Namibie, Angola, Zimbabwe) avait été décrété, peu après la mise en place des institutions de la Transition, en juin 2003, le contingent militaire rwandais s’était organisé pour jouer les prolongations, à l’insu des autorités congolaises, jusqu’au lendemain des élections législatives et présidentielle de 2006. C’est du reste le pouvoir de Kigali, qui, pour des raisons inexpliquées, avait révélé à l’opinion tant congolaise qu’internationale que ses troupes avaient continué à camper en territoire congolais, au-delà du délai leur imparti. Bref, le peuple congolais était conduit aux élections avec une armée d’occupation sur une partie du sol de ses ancêtres.

On croit savoir qu’on a le même scénario au Nord-Kivu, après la déroute militaire du M23 en octobre 2013. Bien qu’officiellement absents de l’Est du pays, de nombreux soldats rwandais ont choisi de se diluer dans la population civile. D’où, il n’y a rien d’étonnant d’apprendre que certains d’entre eux opèrent à visages découverts à travers le territoire de Nyiragongo.



La balle dans le camp de la CIRGL

Selon le Congolais Ntumba Luaba, Secrétaire Exécutif de la CIRGL (Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs), les allégations faisant état d’une nouvelle présence des troupes rwandaises au Nord-Kivu sont difficiles à confirmer ou infirmer à ce stade. Elles devraient être examinées incessamment au niveau du Mécanisme Conjoint de Vérification existant entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Des délégués de la Monusco et des pays membres de la CIRGL, que préside l’Angola, y seraient associés.

Il appartient, selon lui, aux experts congolais et rwandais, avec le concours de leurs collègues onusiens et de la CIRGL, de mener des investigations sur le terrain en vue de tirer la situation au clair.

En principe, les résultats du travail de vérification devraient être présentés au Président Dos Santos d’Angola, président en exercice de la CIRGL, pour les dispositions requises. Les observateurs ont senti, dans les propos de Ntumba Luaba, beaucoup de prudence et de réserve, propres aux diplomates.



Avertissement sans frais aux Congolais

Il n’y a jamais eu de fumée sans feu dans la partie Est du pays. Chaque fois que la Société Civile et les autochtones donnent l’alerte au sujet des infiltrations rwandaises, elle finit par devenir réalité. On l’avait vécu en 1996 (rébellion de l’AFDL contre le régime Mobutu), en 1998 (agression du régime de Mzee Kabila par le Rwanda et l’Ouganda sous le label du Rassemblement Congolais pour la Démocratie et du Mouvement de Libération du Congo), en 2004 avec l’occupation de la ville de Bukavu par des insurgés conduits par le général Laurent Nkunda et le colonel Mutebusi), en 2006 avec la rébellion du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) du duo Nkunda-Ntaganda et tout dernièrement en 2012 avec le M23 du colonel Sultani Makenga.

Compte tenu de l’expérience du passé, les autorités politiques et militaires congolaises ont intérêt à ne banaliser aucune information concernant le jeu malsain de Kigali. Ainsi qu’on le sait, le Rwanda n’a jamais joué franc jeu avec la RDCongo, en ce qui concerne les engagements communs à respecter en vue du retour d’une paix durable au Nord-Kivu. Le pouvoir en place à Kinshasa doit rester en éveil et préparer d’ores et déjà la riposte contre la nouvelle menace sécuritaire en gestation. L’erreur à ne pas commettre serait de prendre en compte le rapport de la CIRGL, dont les rédacteurs vont certainement contourner la réalité pour conclure à une fausse alerte des autochtones. Au moment où les bruits de bottes recommencent à se faire entendre, la RDC n’a d’autre alternative que de se préparer à une nouvelle guerre, à piloter par une énième vraie-fausse rébellion congolaise.

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