En dépit d’un calme de façade marqué par une forte canicule, Kinshasa s’est pourtant levé le samedi 8 février 2014, sous le signe de l’inquiétude. Dans les rues de la capitale, l’opération que l’on peut qualifier à juste titre de « pas un seul vendeur sur la voie publique » continue à faire des milliers de victimes. La chasse aux micro- opérateurs économiques bat son plein. Dès qu’une jeep de la police se signale sur une avenue, c’est la débandade des vendeurs des coins de rue. Changeurs de monnaie, exploitants des maisons de communications, points de vente de cigarettes et autres bibelots, détalent à toutes jambes, disparaissant dans les parcelles les plus proches.



Installées dans des boutiques, les maisons de change du secteur formel, quelque peu compatissantes, assistent révoltées à ce spectacle désolant d’une ville qui recherche désespérément sa belle robe d’antan, à travers le jeu du chat et de la souris entre les policiers et les commerçants.

A l’agence Mère Double de l’avenue Huileries à Gombe, quelques clients se succèdent à la caisse pour échanger des billets de devise.


Vers 9 heures, trois personnes armées et habillées en tenue civile font irruption. Elles tiennent tout le monde en respect. Le gérant Christian n’en revient pas. C’est la panique générale. Pendant que l’un des assaillants saute aussitôt derrière le comptoir et s’empare des sommes d’argent entreposées dans une malle, ses comparses se chargent de dépouiller les clients présents sur le lieu. Le coup réussi, les braqueurs ressortent au pas de course et embarquent dans leur voiture, une Mercedes Benz de couleur grise qui les attendait devant l’agence Mère Double. Montant du butin ? Plus au moins 6.000 dollars pour la maison de change, tandis que pour les clients, près de 300 dollars.

Jointe au téléphone, le même jour dans la soirée, Mère Double encore sous le choc et inconsolable, ne s’explique pas cette recrudescence de la criminalité. Elle se demande pourquoi les braquages se multiplient dans cette ville. Où allons-nous ? Telle est la terrible question qu’elle se pose et qui doit certainement interpeller les autorités de la ville de Kinshasa. 


Et pour cause ? L’année dernière, son agence de l’avenue colonel Lukusa a été attaquée au second semestre de 2013, par des hommes armés et en tenues. L’année dernière et au début de cette année, plusieurs cambistes et des maisons de change ont également été visités par des bandits et plusieurs sommes d’argent emportées. A ce rythme d’attaques à répétitions, conclut Mère Double, Kinshasa risque de devenir invivable. 


Il est temps que des mesures de sécurité soient renforcées, afin de décourager ces bandits qui ne craignent pas la concentration de plusieurs unités de la police dans la capitale. Le fait que le nombre de braquages enregistré jusqu’ici a dépassé la côte d’alerte, plaide pour le renforcement de la couverture sécuritaire en fonction des zones exposées à ce genre d’agressions.

Un cambiste attaqué devant l’Hôtel Memling encore en soins

intensifs

Les cambistes de la place de l’Hôtel Memling au centre-ville, gardent de mauvais souvenirs de l’opération « chasse aux marchés-pirates » menée la semaine passée. Mercredi 5 février 2014, il était 7 H 15’. Quelques changeurs de monnaie se pressent dans de petits restaurants de fortune et kiosques ambulants pour prendre leur petit déjeuner. 

Devant le Memling, s’affairent d’autres cambistes. Une moto avec deux policiers reconnaissables par leur pantalon et t-shirt bleu de nuit, passe par-là. A la hauteur d’un changeur de monnaie, la motocyclette ralentit. Et hop, le motocycliste tente d’arracher le sac du cambiste Bogas non autrement identifié qui s’accroche de toutes ses forces. 

Le policier passager descend et rase la victime qui tombent se cogne la nuque contre une pierre. Les badauds hurlent de colère, à la vue du cambiste inanimé qui salit ses habits. Les deux braqueurs sont harcelés, brutalisés et identifiés. 

Ce sont des éléments du Groupement mobile d’intervention Ouest. Arrachés des griffes de leurs bourreaux, les deux policiers sont acheminés à leur unité, tandis que Bogas, le cambiste, est conduit à l’Hôpital général de référence de Kinshasa, où il est admis en urgence. Après des séances de réanimation et des soins appropriés, la victime du braquage des policiers, est hors du danger. Ses jours ne sont plus comptés et selon l’un de ses collègues, il s’est rétabli et se remet peu à peu.

A la suite de cet incident malheureux, une plainte aurait été déposée à l’Auditorat militaire de garnison de la Gombe contre les deux malfrats pour extorsion. Et l’on croit savoir que l’enquête sur ce braquage spectaculaire sera ouverte cette semaine avec l’audition de Bogas. Depuis cette attaque, les cambistes de la place Hôtel Memling solidaires comme un seul homme, sont déterminés à défendre leur profession, mais à sauvegarder leurs petites économies qu’ils tentent de fructifier au rythme des opérations « Chasse aux marchés-pirates ».

Braquage de l’agence Moneygram de Kanda-Kanda : 7 malfaiteurs arrêtés

Aux dernières nouvelles, nous apprenons que l’affaire du braquage de l’agence Moneygram de Kanda-Kanda à Kasa-Vubu, serait avancée. En effet, une unité de la police alertée par un informateur occasionnel, avait pu appréhender en une seule journée, quatre malfrats. 

C’est probablement à la suite du mauvais partage du butin qu’un membre de la bande aurait trahi son groupe. Les policiers ont eu la tâche facile en surprenant les quatre bandits dans une terrasse partageant un verre et discutant du programme de prochains braquages.

Avec ce coup de filet, avons-nous appris, trois autres braqueurs sont tombés dans la nasse de la police, au point qu’aujourd’hui, ce sont 7 brigands sous les verrous. 

Si les interrogatoires et les confrontations se multiplient, on espère que la police ira jusqu’au bout de cette enquête, quand on sait que ces brigands n’en sont pas à leurs premiers forfaits du genre. 

C’est peut-être là l’occasion de pousser les investigations plus loin, pour reconstituer le palmarès de cette redoutable bande qui a fait plus d’une victime, parmi les agences de transfert des fonds de la ville de Kinshasa. Et de savoir combien des bandes adverses de braqueurs opéreraient dans la capitale. Ce sont là des informations importantes qui aideraient à dresser la cartographie de braquages à Kinshasa, en localisant les zones opérationnelles de chaque bande.

J.R.T.

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