Les criminels qui jadis, craignaient toute intervention policière, parce qu’elle se terminait souvent par accrochages meurtriers, opèrent aujourd’hui à Kinshasa, de plus en plus en plein jour et chose étonnante, à visage découvert. L’insuffisance des effectifs et la carence des moyens de locomotion de la police expliqueraient cet état de choses. Quand une agence de transfert des fonds est braquée, note un observateur, l’appel à la détresse lancé à temps, l’arrivée des policiers est toujours attendue deux ou plusieurs heures plus tard. Et cela au moment où les malfrats se sont déjà évanouis dans la nature. Pour la plupart des personnes agressées, rarement les policiers surprennent les bandits sur le lieu des faits. Ils ne viennent que pour constater les dégâts et entendre les victimes et les témoins des faits.



Les rares cas où la police a surpris les malfaiteurs en flagrant délit, c’est quand un membre de la bande a trahi son groupe.

La police de proximité sur qui reposaient tous les espoirs, ne semble pas prompte à répondre aux attentes de la population. On lui reproche de s’occuper plus des querelles entre bailleurs et locataires, des conflits de ménage, des bagarres entre voisins et de surveiller des parkings. D’ailleurs, pour éradiquer le phénomène Kuluna, on a du faire recours à une unité spéciale baptisée « opération Likofi ».

Avec la montée de l’insécurité à Kinshasa, et avec des sous-commissariats et postes de police des containers affichant des effectifs insuffisants, des commissariats ne disposant que d’une seule jeep utilisée par le commandant, la lutte contre le banditisme risque d’avoir encore de longs jours devant elle. C’est pourquoi bon nombre d’observateurs préconisent un mécanisme d’intervention policière, capable de répondre avec rapidité aux appels de détresse des victimes d’agressions de malfaiteurs, et de donner la réplique qu’il faut aux bandits.

S’il est vrai que la répartition de quatre communes dans un district a permis une répartition des zones opérationnelles d’intervention. L’intervention arrive toujours en retard, à cause des difficultés des effectifs de policiers à rassembler des jeeps disponibles et en bon état.

Ainsi une jeep qui quitte à 10 H, l’état-major du district du Mont Amba à Matete pour intervenir à Matadi Kibala, ne pourrait parvenir sur le lieu que deux ou trois heures plus tard. Il faut multiplier les capacités d’intervention par trois, quatre et plus, en multipliant les postes de police d’intervention destinés à ce genre de missions.

Le Bataillon PIC dégraissé de ses effectifs : un problème sérieux

La grande unité de la police provinciale spécialisée dans la traque des malfaiteurs et qui a fait ses preuves, est le Bataillon de la police d’investigations criminelles du camp Lufungula. Grâce à ses limiers, la police a pu appréhender des cambrioleurs des coffres-forts de quelques sociétés de la place. Rappelons que cette unité avait mis la main sur les voleurs des coffres-forts du ministère des TP et AT, d’une Cellule du ministère des Finances, du Cabinet des Finances, du Conseil de l’Ordre des médecins sur avenue de l’Enseignement à Kasa-Vubu, les braqueurs de l’Université catholique du Congo, des agences de transfert des fonds de Solidaire, de Soficom, des Amis fidèles de Kintambo, Western Union de l’avenue Huileries et STC.

Ce n’est pas tout. Des jeeps Prado des coopérants chinois, des Toyota Rav 4 et des Mercedes Benz 190 de particuliers, volées par des malfaiteurs, ont pu être retrouvées et restituées à leurs propriétaires. Si ces derniers ont félicité la police, c’est parce qu’ils ne s’imaginaient pas que ces engins allaient être récupérés dans une ville où le commerce de pièces de rechange démontées sur des véhicules volés, est en plein essor. Si les clients affluent, les fournisseurs sont à l’affût. Ce négoce alimente un grand réseau de voleurs de véhicules, des commissionnaires et de revendeurs des pièces détachées d’origine délictueuse.

Aujourd’hui, les voleurs des motos sont mis hors d’état de nuire, même si quelques malfaiteurs ont échappé à la traque des policiers.

Mais voilà qu’au moment où il y a recrudescence de la criminalité à Kinshasa, nous apprenons que le commissaire divisionnaire adjoint Kanyama a décidé de réduire les effectifs du Bataillon de la police d’investigations criminelles. Il l’a fait au cours d’une parade qu’il a présidée hier lundi 10 février 2014, au camp Lufungula. La mesure surprend quand on sait que cette unité a besoin d’effectifs de techniciens pour mieux lutter contre le banditisme urbain. Outre les OPJ chargés d’interroger les suspects et autres prévenus, il faut des enquêteurs qui doivent descendre sur le terrain pour traquer les malfaiteurs, rechercher les pièces à conviction et tenter de reconstituer les crimes perpétrés. On se rappellera que quand l’insécurité était localisée dans une partie de la ville, le Bataillon de la police d’investigations criminelles concentrait ses effectifs dans ce secteur jusqu’au jour où les bandits étaient appréhendés dans leurs fiefs.

A la Prison centrale de Makala, on laisse entendre que la nouvelle de la réduction des effectifs de la Police criminelle a été accueillie avec beaucoup de soulagement par des voleurs à main armée en détention préventive ou des condamnés pour braquages. Et cela n’est pas de nature à renforcer la lutte contre la criminalité, mais plutôt à redonner des ailes à la pègre qui n’attendait que ça.

Connaissant les faiblesses de notre police dépourvue d’effectifs adéquats et des moyens logistiques appropriés, les malfaiteurs vont profiter de cette occasion pour reconstituer des bandes et se déployer dans toute la ville de Kinshasa. Les prochains jours risquent donc d’être sombres sur le plan de la sécurité de personnes et de leurs biens. Il y a lieu qu’on revoie cette mesure en débarrassant cette unité des éléments ripoux, mais qu’on la renforce avec des spécialistes de la criminalité qui ont déjà fait leurs preuves.

J.R.T.

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