La plénière de l’Assemblée Nationale ayant finalement avalisé le texte du député national Emery Okundji portant interpellation de l’abbé Malumalu au sujet de l’audit du fichier électoral, c’est en principe ce lundi 31 mars 2014 que les deux protagonistes devraient « s’affronter » au Palais du Peuple. Mais, pour cette séance hautement sensible et cruciale pour la transparence des résultats, le Bureau de la Chambre basse du Parlement a décrété le huis clos. Ainsi, le grand public va être privé de la substance des échanges entre le président de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) et la représentation nationale.


            Pourquoi a-t-on choisi le débat en circuit fermé pour une « affaire publique » qui concerne l’ensemble de la communauté nationale ? La matière électorale comporterait-elle des détails top secrets à ne pas porter à l’attention de l’électorat ? Le fichier électoral ferait-il partie des secrets d’Etat ou des secrets-défense ? Après tout ce qui était dit en mal sur la CENI au sujet de l’enrôlement des « doublons », des « morts », des « enfants mineurs », des « miliatires », des « policiers », des « étrangers » en  2006 et de 2011, c’était l’occasion de rassurer publiquement les futurs candidats et leurs futurs électeurs sur la transparence du fichier électoral.
            A ce sujet, le huis clos est interprété par beaucoup comme une stratégie visant à cacher des choses à ceux qui veulent tout savoir sur le corps électoral, facteur déterminant dans la sanction positive ou négative des prétendants aux mandats électifs. Pourtant, lors de ses échanges passés avec les représentants des partis politiques, des confessions religieuses, de la société civile, des médias, des personnes avec handicap et autres, l’abbé Malumalu a laissé l’impression de vouloir présenter, cette fois, un processus électoral où les résultats devraient refléter la vérité des urnes. Pourquoi a-t-on décidé de l’enfermer dans un huis clos qui, au lieu d’apaiser les suspicions, risque de les amplifier ?
            On rappelle que c’est depuis le 24 mars que le peuple Okundji a saisi le Bureau de la Chambre basse du Parlement de son souci d’avoir un éclairage sur l’état actuel du fichier électoral.
Il voudrait notamment s’assurer que le corps électoral appelé à départager les candidats aux élections locales, municipales, urbaines, législatives provinciales, sénatoriales, législatives nationales et présidentielle correspond à la taille réelle des citoyens congolais remplissant les conditions de participation au vote. Cet élu du peuple voudrait notamment obtenir des réponses au sujet de la qualité des personnes physiques et morales appelées à auditer le fichier électoral, de l’identité du Serveur Central, du lieu où serait gardé le Serveur de Sauvegarde, du logiciel en charge de la gestion des doublons et de la cartographie électorale, etc.
            Ce député national pose en fait des questions de confiance de nature à évacuer toutes les zones d’ombre qui font craindre de nouveaux tripatouillages électoraux.
                                                                                                          Kimp
 Le texte du député Emery Okundji
Nous appuyant sur les dispositions pertinentes de l’article 138 de la Constitution, telle que modifiée à ce jour, ainsi que l’article 184 du Règlement Intérieur de l’Assemblée Nationale, nous prenons la responsabilité de vous adresser la présente interpellation aux fins d’obtenir de vous des explications claires sur la question sensible de l’audit du fichier électoral de la CENI.
Monsieur le Président de la CENI, l’opinion nationale congolaise, qui mesure l’importance qu’il y a à organiser de bonnes élections, sait que l’audit du fichier électoral est un exercice incontournable. Pour mémoire, de nombreuses misions dobservation électorale tant domestiques qu’internationales, de même que les autres partenaires techniques et financiers (PRF) ont exigé depuis toujours l’audit de toutes les composantes du fichier électoral, çà savoir le Centre Nationale de Traitement (CNT), le Serveur Central, le Serveur de sauvegarde back up) par des cabinets d’experts indépendants nationaux et internationaux.
Cette  requête qui a très souvent suscité de vives polémiques incompréhensibles au sein de la classe politique fait pourtant partie de l’orthodoxie destinée à affermir la culture politique d’excellence et asseoir la démocratie sur un socle solide. Car, autant cet acte permet de rassurer tout le monde et résoudre la cohésion, autant il répond positivement au triple défi qui menace de disqualifier le processus électoral et renvoyer le pays à l’état de nature, il y a :
1. Le défi de la reconstruction de la confiance des populations au processus électoral :
2. Le défi de crédibiliser des élections proprement dites et ainsi donner une vraie légitimité aux élus ;
3. Le défi de l’efficacité de l’agence électorale elle-même.
Ailleurs en Afrique, il existe une jurisprudence électorale en matière d’audit du fichier qui pourrait nous inspirer et nous éviter de retomber dans les erreurs du passé et faire proprement les choses.
- Il y a le cas d’audit du fichier électoral sud-africain en 1994 par un Danois et qui a aidé à dénicher le piège du logiciel de détection des doublons ;
- Il y a le cas des récentes élections sénégalaises qui ont permis une alternance démocratique apaisée après l’audit du fichier électoral entièrement financé par l’Union Européenne et l’USAID.
Parce qu’en RDC le processus semble résolument engagé, voudriez-vous bien, Monsieur l’Abbé Président de la CENI, éclairer la lanterne de l’auguste Assemblée sur ce qui suit :
- Quel est l’état de lieu relativement à l’audit du fichier électoral maintes fois sollicité par les Congolais en raison des suspicions qui l’entourent ?
- Quels organismes sont impliqués dans cette opération et sur quels critères s’est opéré le choix ?
-           Pouvez-vous prouver que toutes les composantes du fichier électoral ont été auditées ?
- Où se trouve le Serveur de Back Up, c’est-à-dire de sauvegarde en cas d’incendie ou de toute autre calamité au niveau du siège de la CENI ?
- Quel est le nom du Serveur Central et son adresse IP ?
- Quel est le logiciel qui gère les doublons et quel est celui qui gère les bureaux de vote dans chaque province ?
Dans la mesure où l’opacité alimente dangereusement des tensions et pourrit la situation générale du pays qui risque à tout moment de tourner à la dérive, veuillez éclairer, Monsieur l’Abbé Président de la CENI, la religion des Honorables députés, à travers notre modeste personne.
Emery Okundji Ndjovu
Député National


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