Bien que la feuille de route de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) présentée à l’Assemblée Nationale divise la classe politique, la société civile et des confessions religieuses, la campagne électorale a déjà commencé en République Démocratique du Congo. Le coup d’envoi de fait a été donné par la famille politique du chef de l’Etat. Partis, sénateurs, députés nationaux et provinciaux, ministres nationaux et provinciaux, gouverneurs de provinces membres de la Majorité Présidentielle investissent chaque jour les médias ainsi que les places publiques pour mobiliser l’électorat autour des acquis de la paix retrouvée à l’Est du pays, des performances économiques du gouvernement, de la modernisation des infrastructures de base, de la révision constitutionnelle, etc.


            Bien que le Chef de l’Etat ait promis de respecter la Constitution en ce qui concerne le processus électoral, il se trouve dans sa famille politique des propagandistes qui soutiennent l’option des FAC de la prolongation de son mandat soit à travers la modification du mode d’élection du président de la République, soit carrément par la révision constitutionnelle.

            De leur côté, leaders des partis, sénateurs, députés nationaux et provinciaux, de l’Opposition s’emploient, non sans mal, à faire passer aussi des messages de campagne dans les médias privés et places publiques. Mais, le plus souvent, ils sont confrontés aux obstructions des autorités administratives. Et quand ils tentent de les contourner en invoquant la loi, dans sa disposition relative à la simple information des concernées au sujet de la tenue des manifestations publiques, ce sont les services spéciaux (police, sécurité, armée) qui se chargent de faire le ménage, parfois en recourant aux armes et aux balles réelles.

Pourtant, aucune date n’est encore fixée pour les élections des conseillers et chefs de secteurs, des conseillers municipaux, des bourgmestres, des conseillers urbains, des maires des villes, des députés provinciaux, des gouverneurs de provinces, des députés nationaux, des sénateurs, du président de la République. L’environnement politique congolais semble transformer en un domaine privé, réservé à un seul camp politique ayant le droit de tout dire, en attendant l’ouverture officielle de la campagne électorale pour les scrutins de 2015 à 2016.

« Libérer » la campagne électorale

            Dans les pays de vieille démocratie, les candidats aux mandats publics, de ceux la majorité au pouvoir comme de l’opposition, n’attendent pas la fixation des dates officielles de la campagne électorale pour se mettre en ordre de bataille. Dès qu’une élection passe, gagnants et perdants se remettent aussitôt à sensibiliser l’électorat autour de leurs projets de société, en solo ou en groupes. Ainsi, on voit des leaders politiques se lancer dans la campagne électorale prématurée cinq ou sept ans avant les scrutins.

            En France, aux USA, en Allemagne, en Belgique, en Italie, au Canada, en Grande-Bretagne, au Japon… on assiste à des « guerres médiatiques » en permanence entre les gouvernants et leurs «opposants », sans que cela ne perturbe l’administration publique, les finances, l’économie, l’industrie, la sécurité intérieure ou extérieure, les arts, les sports, les mœurs, etc. Au pays de l’Oncle, des candidats vont jusqu’à battre campagne le jour des élections, dans le but de gagner les voix des indécis.

            Chaque citoyen est libre d’exprimer ses ambitions politiques, dans les médias publics ou privés, dans les salons privés ou les lieux publics. Chaque futur candidat jouit également de la liberté de cacher ses projets politiques. Aucune interdiction de parole ou de mouvement n’est faite à qui que ce soit.

            Etant donné que la RD Congo aspire à émerger comme Etat démocratique, elle devrait s’inspirer du modèle occidental, en libéralisant l’expression démocratique à travers les médias, les meetings, les conclaves, les séminaires-ateliers, les caravanes motorisées, les calicots, les dépliants, les T. shirts,

            Les gouvernants congolais devraient accorder l’égalité des chances à toutes les formations et plates-formes politiques, afin qu’elles descendent auprès de leurs « bases », quand elles le veulent, pour parler des enjeux politiques de 2014 à 2016, notamment la nécessité de la conservation du pouvoir pour les unes, et de l’impératif de l’alternance au pouvoir pour les autres.

            Le Congo démocratique devrait rompre avec la mentalité qui considère la campagne électorale précoce comme un péril pour la patrie uniquement quand elle a pour auteurs des membres de l’Opposition. Pour parler des problèmes des Congolais liés à la gouvernance de leur patrimoine commun, on ne devrait plus attendre le go de la CENI. La Constitution a déjà fixé les règles du jeu en matière d’activités politiques et manifestations politiques. Pourquoi est-il permis aux uns d’aller vers l’électorat en tout temps et en tout lieu et aux autres de ne pas le faire ? S’il est démontré que la campagne électorale anticipée représente un danger pour la Nation, elle devrait être interdite à tous les leaders et partis politiques, sans distinction.                   Kimp
Le direct
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