La maximisation des recettes de l’Etat en vue de la modernisation du pays reste le leitmotiv du Gouvernement. Après la TVA, le Guichet unique et autres réformes, une proposition du ministre des PT & NTIC, est à l’ordre du jour pour ce faire : 50 $ pour une carte SIM, comme aux Etats-Unis et à Singapour.



Après l’exposé de leur collègue il y a quelques jours, les membres de la Commission Economique, Financière et Reconstruction (ECOFIRE) du Gouvernement se penchent sur la question ce mardi 08 avril afin de lever une option pour le Conseil des ministres.

 Nous pensons que le temps leur accordé pour maîtriser le dossier doit leur avoir permis de se rendre compte que l’affirmation selon laquelle une carte SIM reviendrait à 50 $ US aux USA est infondée.

Des éléments en notre possession permettent de préciser que la carte SIM délivrée par «ATT», qui est le deuxième  plus grand réseau de téléphonie cellulaire aux USA  – le premier, Verizon, ne délivrant pas de SIM – est gratuite.

Il en est de même de «LYK-Mobil» qui délivre également la SIM grtuitement quand on achète un plan avec elle.

Le troisième plus grand réseau de téléphonie cellulaire, à savoir P-Mobile vend pour sa part la SIM à 10$ US. Tout cela est vérifiable sur internet.

A tout le moins, cette proposition est meurtrière pour le secteur des télécommunications. Elle va non seulement gêner la croissance du marché en restreignant l’accès des Congolais à des installations et des services de communication avec la carte SIM la plus chère de l’Afrique, voire du monde, mais aussi la maximisation des recettes de l’Etat qui, in fine, ne sera pas au rendez-vous.

            Sauf imprévu, les ministres membres de la Commission Economique, Financière et de Reconstruction vont se retrouver ce mardi 08 avril autour du Vice-Premier ministre et ministre du Budget, le prof Mukoko Samba, pour éplucher un bon nombre de dossiers en rapport avec le secteur économico-financier du pays. Entre autres questions à l’ordre du jour, la problématique de la maximisation des recettes de l’Etat par le biais du secteur des télécommunications. Il s’agira, en fait, pour cette branche de l’exécutif, d’examiner la note technique portant maximisation des recettes, exposée fin mars par le ministre des PT & NTIC, Tryphon Kin-Kiey Mulumba.

Le renflouement de la caisse de l’Etat, estime le N°1 des PT & NTIC, passe par une meilleure réglementation de la vente et de l’identification de la carte SIM. Ce qui permettra à la fois de combattre la fraude par la réduction de toute marge bénéficiaire.

 A cet effet, il propose que la carte SIM soit frappée d’une taxe de 50 $ à l’achat comme aux Etats-Unis et à Singapour. D’autant que son prix actuel, jugé dérisoire par le ministère, soit 1000 Fc (1,067 $)  dans les shops ou chez les représentants des opérateurs, 100 à 300 Fc auprès des vendeurs ambulants, voire quasi-nul au regard du crédit d’appel en promotion qu’elle contient, contraste avec son rôle comme produit de marketing. Pour le ministère, ce prix modique conforte les grandes plate-formes de fraude téléphonique que sont les Sim Box dans leur entreprise criminelle à l’égard de l’Etat congolais.

            Les 22 millions d’abonnés, tous réseaux confondus, constituant le parc actuel des clients, note le ministre, ne sont pas concernés par la nouvelle réglementation. Seuls les nouveaux abonnés, estimés à un million d’individus par an nichés notamment dans les zones rurales, y seront assujettis. Ce qui va générer 50 millions USD par an pour le compte du Trésor. Outre cette bouffée d’oxygène, ajoute-t-il, le nouveau prix fixé à la carte SIM encouragera tous les abonnés à procéder à l’identification, au risque de payer une nouvelle au prix le plus fort. Il découragera également les « Sim Boxers » qui s’adonnent au détournement des appels internationaux, donnant ainsi lieu à une perte colossale pour le Trésor.

            La quête de la maximisation des recettes de l’Etat et de l’éradication de la fraude par le N°1 des PT & NTIC est à certains points de vue louable. Mais seulement, elle semble passer à côté de la plaque, font remarquer des experts du secteur, en prenant en ligne de mire la carte SIM : le business des opérateurs de la téléphonie repose sur la vente du temps d’appel et non sur la carte SIM qui n’est qu’un support. C’est ce qui justifie son prix dérisoire, voire quasi-nul et oriente les opérateurs vers une concurrence féroce dans les prix des communications et autres conforts offerts aux clients. A Londres, par exemple, la carte SIM est obtenue gratuitement avec un crédit d’appel. Nulle part en Afrique, le prix de 50 USD n’est pratiqué. Au Congo Brazzaville avec un PIB/hab de 3 154 USD contre 262 USD en RDC selon la Banque mondiale, la carte SIM coûte 500 CFA, soit 1 USD. En Angola avec un PIB/hab de 5 482 USD, elle ne dépasse pas 4 USD. L’exemple des USA et de Singapour avec respectivement un PIB/hab de 51 749 et 51709  USD n’est pas simplement indiqué.

Ce prix élevé n’encouragera point la problématique de l’identification des abonnés liée à l’absence d’un fichier de l’état civil avec comme corollaire, notamment, le manque de pièces d’identité nationale.                                                Par contre, il va exclure un bon nombre de Congolais de la modernité par leur non accès à des installations et des services de communication.  Particulièrement, ceux vivant dans les milieux ruraux, et épinglés paradoxalement par le ministre comme des nouvelles niches d’abonnés. Ils seront davantage coupés du monde dans un pays dépourvu des infrastructures de base. Nul doute, le cap d’un million de nouveaux abonnés chaque année ne sera pas atteint et les 50 millions $ attendus pour le compte du Trésor ne seront jamais réalisés.

            La taxe projetée ne va pas non plus aider efficacement à contenir la fraude amplifiée par les Sim Box. Les résultats du consortium américano-français (Agilis-Télécom) mis en place pour dissuader et décourager les fraudeurs sont mitigés. Le Gouvernement envisage même de faire appel à une 3ème entreprise, une entreprise israélienne.

            Les problèmes que pose le ministre Kin-Kiey sont réels. Et la maximisation des recettes de l’Etat est une nécessité pour permettre au Gouvernement de matérialiser ses objectifs. Les solutions existent. Non pas dans une nouvelle taxe devant frapper les Congolais au travers de la carte SIM, mais notamment dans le Programme d’action 2012-2014 du Gouvernement.                                L’histoire servant aussi de balise, il est important que nos gouvernants se souviennent que la téléphonie cellulaire a un passé dans notre pays et qu’il est recommandable d’éviter de ramener le Congo-Zaïre à l’époque de l’Etat- Técécel. Une période où la téléphonie cellulaire était réservée aux seuls caciques du Parti-Etat et à quelques privilégiés privés.
Le direct
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top