Le temps joue-t-il en faveur de la classe politique congolaise ? Pas a priori. Sans doute que l’on ne s’en rend peut-être pas encore compte pour l’instant. Seulement, l’évidence n’appelle aucun débat. L’Horizon 2016 approche (à pas de géant ?). Sur le terrain, il n’y a encore rien de concret. Bien au contraire. On perd beaucoup de temps dans des débats sur des aspects paraissant secondaires.


Vendredi 7 juin 2013, l’Assemblée nationale entérinait la composition de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (CENI). Arithmétiquement, cette institution aura existé depuis quelque dix mois. Donc, en juin prochain, la Ceni Malumalu célébrera son premier anniversaire. Mais là n’est pas l’essentiel. La question porte plutôt sur le bilan de l’an 1 de cette institution citoyenne d’appui à la démocratie.
A en juger de près, tout se passe comme si l’on n’avait plus rien à faire. L’impression est aussi que le plus important a déjà été franchi. Et pourtant. Un regard rétrospectif renseigne que la Ceni a encore beaucoup à faire. Premièrement, elle devra parachever le processus électoral de 2011. Cela passe par l’apurement des arriérés électoraux. Il s’agit principalement de l’organisation des élections provinciales. Clairement, le renouvellement des assemblées provinciales, y compris le vote des gouverneurs de provinces et leurs adjoints. Les nouveaux députés ainsi élus devant à leur tour, procéder au vote des sénateurs. Donc, un scrutin au second degré, tel que voulu par la Constitution en vigueur.
Par rapport à ces arriérés du processus électoral de 2011, on constate notoirement que la classe politique congolaise conduit la barque à contre-courant. Au lieu d’aider la Ceni à accélérer le processus et récupérer le retard ainsi encaissé, les débats sont plutôt orientés vers une probable révision constitutionnelle. Et, lorsque le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo l’avait évoqué en plénière le 24 mars dernier, ce fut un véritable pavé dans la mare politique congolaise. En détaillant le calendrier de la session parlementaire qui venait de s’ouvrir, Léon Kengo wa Dondo a indiqué que des points non inscrits à l’ordre du jour, dont une révision de la Constitution, allaient être examinés. Dans les états-majors politiques à Kinshasa, ces précisions du speaker du Sénat avait en fait l’effet d’une bombe. Depuis, la question est devenue, semble-t-il, trop sensible. Mais rien n’est décidé à ce jour.

UNE LEGITIMITE A LA BASE
Si les élections provinciales font partie des arriérés du processus de 2011, ce n’est pas le cas des élections locales, municipales et urbaines. Car, depuis le début du processus en 2006, ces élections n’ont jamais été organisées. Moralité, on retrouve à la tête des bourgmestres nommés à la tête des communes, des maires de ville ne jouissant d’aucune légitimité parce que non élus. En province, des administrateurs de territoires au " trône " depuis la transition (2004 ?), conservent leur fauteuil en roitelet absolu. Tout cela prouve que la Ceni a encore beaucoup à faire. Et, au regard des réalités internes du Congo profond, pays aux dimensions continentales, il n’est pas évident que ces élections soient organisées en temps record.
Quelle que soit la pertinence de la raison qu’on aura avancée, la non organisation de ces scrutins constitue quelque peu un déni de démocratie. Car, on ne peut pas comprendre que l’on retrouve dans des grandes villes comme Lubumbashi, Matadi, Mbuji-Mayi (dans une certaine mesure)….des maires non élus par leurs administrés. Il se pose là, un vrai problème de légitimité du pouvoir. Peut-être qu’on ne s’en pas compte tout de suite. Tant mieux, si cette situation profite aux concernés. Mais sur le plan des principes même du jeu démocratique, on ne peut pas prétendre construire une légitimité au sommet de l’Etat avec une base illégitime. Comme c’est le cas actuellement avec tous les maires des villes, les bourgmestres et leurs dépendants, à savoir les Conseillers urbains. Les Administrateurs du territoire aussi.



2016, C’EST DEJA AUJOURD’HUI
Ce n’est un secret pour personne. La crédibilité d’un processus électoral est liée au temps mis dans les préparatifs des scrutins. Lentement mais sûrement, le mandat constitutionnel actuel du Président Joseph Kabila tire à sa fin. 2016 n’est donc plus pour longtemps. Mathématiquement, dans deux ans et quelques mois, les Congolais devront à nouveau se rendre aux urnes pour élire leur Chef de l’Etat. Il s’agit ici, de la plus prestigieuse élection de l’ensemble du processus. Les législatives ne sont pas en reste. Mais la tenue de ces deux élections n’enlève en rien la nécessité des élections locales, municipales et urbaines.
Par rapport à l’horizon 2016 qui avance à pas de géant, on devra consacrer beaucoup de temps et de sérieux dans les préparatifs. Fort malheureusement, les débats à demi-mots au sein de la classe politique kinoise semblent encore porter sur les préalables et même sur la situation personnelle du Raïs. En l’occurrence le recensement de la population (le deuxième après celui de 1984). Par contre, d’autres estiment qu’on peut escamoter cette étape. Bref, on tâtonne. On perd le temps. A cette allure, on va vers une catastrophe certaine en 2016. A cette contreverse sur le recensement s’ajoute un débat hors contexte sur la situation personne du Raïs. Faisant fi des arriérés électoraux et des élections municipales et urbaines, une frange de l’Opposition se mobilise uniquement autour de la non révision constitutionnelle. A qui la faute ?
Dans les rues de Kinshasa, c’est le Parlement qui est pris à partie. Sans doute, avec raison. Car, il appartient aux deux chambres du Parlement de donner le quitus à la Ceni, quant au projet de calendrier du processus électoral soumis depuis quelques mois à la sanction des parlementaires. Déjà, la première session parlementaire ordinaire, ouverte depuis le 15 mars dernier, entame son deuxième mois. Toujours pas de débats de fond sur le projet des prévisions calendaires élaborées par la Ceni.
Par conséquent, l’abbé Malumalu et toute son équipe attendent. Tant mieux si cette situation profite à tout le monde. Alors, si tel est le cas, autant lever clairement l’option. A tous égards, plus d’un observateur pense que les deux chambres du Parlement devraient plutôt accélérer les débats. Cela serait un acquis pour la Ceni, de manière à lui permettre de planifier les opérations électorales. En attendant, l’abbé président de la Ceni multiplie des voyages à l’extérieur du pays. Visiblement, pour des contacts avec des bailleurs de fonds. On l’espère.FDA

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