Quel pourrait être le contenu de l’agenda de la République démocratique du Congo lors de la grand-messe que va officier, du 4 au 6 août 2014 à Washington, Barack Obama à côté de ses pairs africains? La question est sur toutes les lèvres.



Toutefois, la RDC et son président gagneraient au décompte final de rester sur la voie de la consolidation de la paix, de la démocratie et de la coopération. La position de la RDC devra aller au-delà des messages des envoyés de la Maison Blanche qui reste préoccupée par un passage en douceur de l’échéance 2016.


La date du 4 août 2014 s’approche à pas de géant pour que le président américain et ses homologues africains tiennent leur premier sommet à Washington. Les Etats-Unis ne pouvaient sacrifier à la vague du moment qui voudrait que tous les Etats puissants de la planète érigent une rencontre annuelle avec les Etats africains sur des questions de coopération dans toutes ses facettes.

Il existe des sommets Chine-Afrique, Japon-Afrique (Ticad), Corée-Afrique, Europe-Afrique, France-Afrique… Cette lacune sera comblée ce 4 aout 2014. Des invitations lancées par la Maison Blanche concernent tous les dirigeants africains à l’exception du Soudanais Omar El Béchir sous le coup des poursuites de la Cour pénale internationale, du Zimbabwéen Robert Mugabe, l’Erythréen Issayas Afewerki. La Somalie qui n’existe plus, n’a pas non plus été invitée.

Sur cette liste des Etats fréquentables d’Afrique, figure la République démocratique du Congo dont le poids sur le continent ne fait l’ombre de doute. Une invitation en bonne et due forme est envoyée au chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila Kabange, afin de représenter son pays à cette importante rencontre au sommet. Comme précurseur à cette rencontre, les officiels américains ont multiplié des descentes en RDC. L’ex-sénateur Russ Feingold, l’envoyé spécial d’Obama dans la région des Grands Lacs, s’est fait relayer par John Kerry, le secrétaire d’Etat américain.

Le message transmis à l’occasion a fait couler encre et salive.
L’interprétation a également ouvert la voie à la polémique au sein de la classe politique congolaise. Toutefois, l’essentiel du message de l’administration Obama a porté sur le cycle électoral avec l’échéance de 2016 sur fond « de respect de la Constitution actuelle » et la consolidation de la paix, particulièrement dans la partie orientale. A travers cette prise de position, les partenaires américains invitent les Congolais dans leur ensemble à privilégier ce qui les unit au détriment de l’exacerbation des clivages, sources des guerres inutiles.
Au-delà d’une simple réplique.

Les Etats-Unis sont un partenaire important pour la RDC. Depuis la nuit des temps, le Pays de l’oncle Sam a toujours joué une partition déterminante sur la marche de la République démocratique du Congo comme Etat.Créée sous la mouvance de la mondialisation avant que le concept ne prenne son envergure actuelle, la RDC constitue un enjeu non négligeable pour les puissants planétaires. Ils ont toujours été considérés comme « des grands électeurs » à côté du peuple dans des choix stratégiques de l’évolution du pays. Une donne qui serait difficile d’occulter sans passer à côté de la réalité. Une simple réplique, point par point, aux prises de positions américaines, risque de passer pour une fuite en avant.

Le député MP (Majorité présidentielle) Christophe Lutundula, joint au téléphone, ne minimise pas cette rencontre : « Il vaut mieux écouter. C’est une première dans l’histoire. Le président Obama, descendant des Africains, qui invite nos leaders politiques de plus haut niveau à son deuxième mandat, au lieu de se livrer à des conjectures, il faut d’abord l’écouter ».
En effet, Barack Obama, bien que chef de l’Etat américain, n’a jamais nié ou oublié ses origines africaines. Il connait donc les vertus de la palabre. Christophe Lutundula ne demande pas mieux que de bien écouter Barack Obama.

L’UDPS Samy Badibanga : « Saisir la balle »
A l’Opposition, le président du premier groupe parlementaire, l’UDPS ne verse pas dans la polémique stérile. Joint lui aussi au téléphone, l’élu du Mont-Amba invite à voir les choses loin des prismes d’un régime. Mais de s’arrimer aux attitudes des animateurs d’un Etat.

« Ils vont aller à Washington plus pour écouter qu’à dire. Cela n’empêche, pour le cas de la RDC, que le président Kabila se saisisse des prises de position américaines pour les inviter à nous aider à faire grandir notre démocratie, à garantir notre stabilité politique. Le bénéfice reviendra non seulement au Congo, mais aussi à l’ensemble de la sous-région et à l’Afrique entière ». Abordant spécifiquement la question électorale, le député UDPS Samy Badibanga déclare : « Justement, les prises de position pour le respect de la Constitution et de l’échéance de 2016 devront constituer une opportunité d’inviter les Etats-Unis à nous apporter le soutien financier approprié ainsi qu’une assistance technique dans l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques dans le délai. Les 30 millions Usd ne suffisent pas. De notre côté, nous devons produire un budget voulu global pour l’ensemble des scrutins.

Ce qui induit de la part du président Kabila un comportement conséquent d’homme d’Etat qui a une vision pour le pays. Il faut donc se saisir de cette balle lancée par les Américains eux-mêmes ».
A bien comprendre, le chef de file du premier parti de l’Opposition parlementaire, il apparaît clairement que la vraie question à laquelle la RDC pourrait faire face reste celle de sa survie comme nation. La poursuite de son processus démocratique par des élections crédibles, pour lesquelles les Etats-Unis doivent concrétiser leurs déclarations par des actions concrètes de soutien à l’organisation des scrutins conformément au délai constitutionnel. Il n’y a donc pas lieu de s’adonner à une polémique d’autant plus que les questions d’intérêt national ne concernent que les Congolais eux-mêmes, principalement.

Privilégier l’essentiel

L’essentiel dans pareille circonstance n’est pas d’être surpris par la dynamique que l’hôte va imprimer. Il faut se munir d’un consensus interne sur des questions d’importance majeure. Le président Kabila ne se rendra pas à Washington pour défendre les positions personnelles ou celles de sa famille politique. Le président congolais ne se portera pas sur le conjoncturel habité par des débats circonstanciels dictés par le temps.
A Washington, Joseph Kabila ne s’y présentera pas non plus pour sauver son fauteuil. Ce n’est ni le lieu, encore moins le forum indiqué. Il en a d’ailleurs l’habitude. Il sera question de cerner l’apport des Etats-Unis à la sécurisation, au processus démocratique et électoral, sans oublier les aspects économiques et commerciaux.



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