LETTRE OUVERTE
A S.E. BARACK HUSSEIN OBAMA,
PRÉSIDENT DES ETATS UNIS D’AMÉRIQUE,
C/O AMBASSADE DES USA À KINSHASA, RDC





Monsieur le Président,



Je m’adresse à vous au nom de la liberté d’expression et des libertés civiles et politiques, en tant que valeurs universelles bafouées en République Démocratique du Congo.

A cet effet, je tiens à soumettre à votre attention les cas des prisonniers politiques qui croupissent en ce moment dans les « mouroirs » qui sont les prisons congolaises, à cause de leurs opinions politiques.

Je souhaite exprimer ma profonde préoccupation concernant la volonté du gouvernement Kabila de modifier l’actuelle Constitution afin de prolonger le nombre de mandats du président sortant. Dans cette optique, je vous demande de prendre des mesures immédiates, conformément à votre dernier message au Congrès des Etats Unis concernant le Congo-Kinshasa, afin de protéger la paix ainsi que le droit à l’alternance politique en tant que pilier d’une vraie démocratie « gouvernante » et non « gouvernée », en République Démocratique du Congo.

Les dernières élections présidentielles et législatives qui ont eu lieu au Congo-Kinshasa en novembre 2011 ont été caractérisées par la fraude et le manque de crédibilité des résultats publiés par une Commission Electorale « Dépendante » au point qu’il est légitime de se poser la question suivante sur la capacité juridique de la majorité issue de cette fraude massive :

L’actuel régime politique au pouvoir en RDC peut-il revendiquer la légalité, la légitimité ainsi que l’opportunité de modifier l’actuelle Constitution ?

J’ estime que l’actuelle Majorité conjoncturelle manque de la légalité, de la légitimité et même de l’opportunité de modifier la Loi Fondamentale pour se pérenniser au pouvoir.

Il est nécessaire qu’il se tienne un vrai Débat National sur les limites d’un pouvoir issu d’élections contestables et contestées ainsi que sur la nécessité de respecter les droits fondamentaux des citoyens congolais qui continuent à être piétinés ; un Débat que votre administration pourrait soutenir, dans le respect de la Résolution 2098/2013 du CSNU, afin de promouvoir la paix et la démocratie en RDC, des valeurs qui préoccupent votre Administration, comme témoigne votre dernier message au Congrès concernant la République Démocratique du Congo et les ordonnances y afférant.

Il serait impossible de parler de Démocratie et Droits de l’Homme au Congo Kinshasa sans évoquer la question des détenus politiques, une catégorie de citoyens congolais dont je fais partie à cause de ma revendication de la « vérité des urnes » en RDC.

Les tentatives d’obstruction de ma liberté de mouvement, ma détention au secret alors que j’étais Député élu de la ville de Kinshasa dans les rangs de l’opposition politique, mon invalidation cavalière en tant que Député National, la violation de tous mes droits afin de me neutraliser politiquement à travers un montage politico-judiciaire débouchant sur une parodie de procès politique inique et irrespectueux des droits de la défense, tout cela a abouti à une condamnation scélérate qui constitue une violation des obligations auxquelles la RDC est soumise au titre du droit international. A cela s’ajoutent les tortures physiques et morales dont je suis quotidiennement soumis et la volonté de mes tortionnaires me de placer, avec ma famille, dans une situation de « mort civile ».

Les fausses accusations portées contre ma personne et mon incarcération ne sont malheureusement pas des cas isolés.

Sous le gouvernement Kabila, un nombre sans précédent de poursuites ont été engagées contre des opposants politiques, des défenseurs des droits de l’homme et des enquêtes à caractère intrusif des services de sécurité sont systématiquement lancées en vue d’identifier les sources et traquer les journalistes qui révèlent des informations sensibles dans l’intérêt général. Cette tendance obsessionnelle du gouvernement Kabila à réprimer l’opposition politique et son aversion pour toute manifestation publique promue par celle-ci, est anti-démocratique et ne peut plus durer à l’ère actuelle, au moment où l’Afrique a besoin de la normalisation du Congo-Kinshasa, après de décennies de guerres et violations massives des droits de l’homme, pour qu’un Congo nouveau puisse émerger en Afrique Centrale, un Congo que nous voulons respectueux des libertés individuelles et collectives et capable de profiter de ses immenses potentialités économiques.

Au contraire, un Congo qui demeurerait malade économiquement, politiquement et diplomatiquement risquerait de plomber l’élan pas seulement de la région de l’Afrique Centrale mais aussi de l’Afrique toute entière.

J’estime que les mesures répressives des libertés individuelles ainsi que la volonté de continuer à détenir des opposants à cause de leurs opinions politiques constituent des stratégies politiques dangereuses pour les équilibres instables de la région des Grands Lacs et une violation directe de l’engagement souscrit à Addis-Abeba, à l’occasion de la signature de l’Accord Cadre d’Addis-Abeba, de promouvoir le processus de démocratisation et la réconciliation en RDC.

Vous n’êtes pas sans savoir que les réformes nécessaires et urgentes de la justice, de l’armée et des services de sécurité sont volontairement oubliées par le régime en place à Kinshasa qui persiste dans son inertie décadente dans le but d’occulter ses actes répréhensibles, la mauvaise gouvernance, la corruption généralisée, les abus des droits de l’homme.

De même, tous ceux qui dénoncent l’indifférence de l’actuel régime vers les problèmes réels des citoyens congolais, leur pauvreté extrême et généralisée, leur manque d’information deviennent, ipso-facto, des hommes et des femmes à abattre.

Je juge extrêmement préoccupant que l’actuel gouvernement congolais continue d’évoquer des urgences sécuritaires pour justifier les morts de citoyens désarmés qui sont immolés sur l’autel d’une prétendue « stabilité répressive », comme a été le cas le 30 décembre 2013 et le 22 juillet 2014 à Kinshasa.

Les Etats-Unis reconnaissent depuis longtemps le rôle essentiel du respect des Droits de l’Homme et des Droits Civils et Politiques dans l’établissement de bons rapports entre les états et surtout entre les peuples.

Par conséquent, je prie votre Administration à:
Soutenir la libération des opposants et prisonniers politiques détenus injustement en RDC, sur la base de faux dossiers montés par les services de sécurité afin de les éloigner de la scène politique ;
Soutenir l’Alternance et l’Alternative politique en RDC ;
Soutenir la tenue d’un Débat ou Dialogue National sur la reprise du processus de démocratisation de la RDC ;
Poursuivre la protection des Droits de l’Homme ainsi que des Droits Civils et Politiques des citoyens congolais, au nom du droit international (La Déclaration Universelle des Droits de l ‘Homme ainsi que le Traité International Relatif aux droits civils et politiques) ;
Soutenir l’adoption par le Congrès de sanctions contre tous ceux qui s’opposent à la relance du processus de démocratisation en RDC et au droit inaliénable des citoyens congolais aussi bien de « voter » qu’ « élire » effectivement leurs dirigeants, sur la base d’élections libres, démocratiques, crédibles et respectueuses des échéances constitutionnelles.

En ce qui me concerne, je suis prêt à payer – et je paye déjà – le prix pour vivre un jour dans une société libre.

Je vous prie d’agréer, monsieur le Président, l’expression de ma haute considération distinguée.

Kinshasa, le 27/07/2014

Eugène Diomi Ndongala,

Président National de la Démocratie Chrétienne, DC,

Porte-Parole de la Majorité Présidentielle Populaire, MPP,

Prisonnier Politique en RDC


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