Selon les explications fournies à la représentation nationale, le vote des députés provinciaux au « suffrage universel direct » était plus coûteux que le « suffrage indirect ».

 Ensuite, l’option du « suffrage universel direct » pour les élections législatives provinciales allait avoir, comme autre conséquence, le renvoi des élections législatives nationales et présidentielle au-delà de l’année 2016, considérée pourtant par le législateur comme délai butoir.
Compte tenu des budgets nationaux encore modestes, oscillant autour de huit milliards de dollars américains l’an, l’argumentaire développé par la CENI paraissait pertinente. Le bon sens commandait que le pays ne compromette pas ses chances de développement à travers des élections financièrement suicidaires pour le Trésor public.

Mais, à la lumière du débat qui bat actuellement son plein autour de la révision constitutionnelle, il appert au fil des jours que le problème de la CENI n’est pas financier. Et pour cause ? Dans le camp de la Majorité Présidentielle, l’idée de l’organisation d’un référendum populaire en vue de la révision de la Constitution, même dans ses articles dits « verrouillés », fait sérieusement du chemin. Tout le monde sait désormais qu’après les alertes données à cet effet par du menu fretin, deux « poids lourds » de la famille politique du Chef de l’Etat, à savoir Aubin Minaku, président de l’Assemblée Nationale, et Richard Muyej, ministre de l’Intérieur, ont clamé à haute voix que le sort de la Constitution du 18 février 2006 dépendait en définitive de la volonté du souverain primaire congolais. Autrement dit, si le peuple congolais le veut, cette loi fondamentale peut être revue de fond en comble, selon les réalités du moment.



Un référendum aussi coûteux qu’une élection présidentielle



Après les dernières sorties médiatiques de Minaku et Muyej, le débat sur la révision constitutionnelle a considérablement évolué. Mais les observateurs notent qu’un référendum populaire coûte autant qu’une élection présidentielle. Les deux scrutins couvrant l’ensemble du territoire national, leur organisation suppose la mobilisation d’un budget identique pour les opérations préélectorales et électorales : achat et transport des kits électoraux, campagne de sensibilisation de l’électorat, identification et enrôlement des électeurs, aménagement des bureaux de vote et de dépouillement, frais de fabrication des urnes et d’impression des bureaux de vote, primes des agents électoraux, etc.

Bref, il y a autant de millions de dollars à engloutir dans un référendum que dans une élection présidentielle. S’il est établi que le Trésor public congolais est en mesure de faire face à la facture d’organisation d’une consultation populaire dénommée référendum, en vue de la révision de la Constitution, il devrait logiquement être capable de supporter le poids financier d’une élection présidentielle. Il est bon de souligner que dans l’un et l’autre cas, la CENI est appelée à appliquer, de manière automatique, le « suffrage universel direct ». Par conséquent, l’obstacle financier lié au choix de ce mode de scrutin n’existe pas.



Non aux paraboles !



A partir des propos entendus d’Aubin Minaku et de Richard Muyej, la leçon à tirer du débat autour de la révision constitutionnelle est que l’heure a sonné pour dire la vérité aux Congolais. Ceux-ci devraient clairement savoir que la Constitution du 18 juin 2006 ne compte plus d’articles «verrouillés», car un référendum populaire peut faire sauter, à tout moment, le présumé «verrou». L’époque où Jésus s’exprimait en paraboles est largement révolu.

Mais si l’option à lever en définitive est d’amender la Constitution, il est à souhaiter que les «pro» et «anti» révision puissent disposer de mêmes armes pour des campagnes d’explication, auprès des masses populaires, de leur adhésion à la démarche ou de leur refus. L’ouverture équitable de l’espace politique à tous les courants d’opinions, à travers des meetings, matinées politiques, séminaires d’information, débats radios télévisés et autres articles de presse, serait le meilleur gage de la liberté laissée à chaque Congolais de se prononcer en connaissance de cause.

Il ne serait pas normal, comme on l’a déjà vécu dans le passé lors de l’élection présidentielle de 2011, de la « Caravane de la paix » ou de la pétition contre l’Abbé Malumalu, que des leaders politiques ou d’opinions soient bloqués à Kinshasa ou dans des chefs-lieux de provinces, incapables de porter aux compatriotes du Congo profond les messages de leur opposition à toute révision des articles «intangibles » de la Constitution. Si les gouverneurs de provinces, les maires des villes, les bourgmestres des communes, les administrateurs des territoires, les chefs des secteurs, les services spéciaux se mettent à « tirer sur tout ce qui bouge » contre la révision, l’on pourrait s’interroger sur le contenu réel de la démocratie en République Démocratique du Congo.

Kimp

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