L’épouse de l’opposant politique Eugène Diomi Ndongala affirme être l’objet de filatures par les autorités congolaises depuis une semaine.
« Mon engagement dérange » affirme Patricia Diomi. Depuis le 16 juillet, le femme de l’opposant politique Eugène Diomi Ndongala, estime être victime de pressions policières sur son lieu de travail, à Kinshasa.




Joint par téléphone, Patricia Diomi raconte que par trois fois, des personnes se sont rendues à son lieu de travail , dans le quartier de la Gombe, pour savoir si elle était sur place. Deux hommes, sortis d’une jeep de la police judiciaire ont questionné les personnes qui se trouvaient devant le bâtiment. « Le lendemain, le 17 juillet, c’est vers 8 heures qu’une autre voiture de police ont posé les mêmes questions aux sentinelles » raconte Patricia Diomi. « A 21 heures trois personnes en civils ont de nouveau demandé à la sentinelle si j’étais présente sur place. Le garde a répondu que je n’étais pas là et qu’il ne savait pas où j’habitais… et les choses se sont arrêtées là ».
« Prisonnier personnel de Joseph Kabila »
L’affaire Diomi Ndongala est un rocambolesque feuilleton judiciaire qui agite la classe politique congolaise depuis juin 2012. A cette date, ses proches annoncent son enlèvement par les services de sécurité. L’opposant au régime du président Joseph Kabila était alors en première ligne pour dénoncer les irrégularités des élections générales de novembre 2011.

 Selon Kinshasa, Diomi Ndongala n’a pas été arrêté, mais se cacherait « pour échapper à la justice qui l’accuse de viol sur deux mineures », ce que récuse le patron de la Démocratie Chrétienne (DC). Diomi Ndongala réapparaît, comme par miracle, 4 mois plus tard à la veille de la venue de François Hollande pour le Sommet de la Francophonie de Kinshasa. Mais le feuilleton ne s’arrête pas là. En janvier 2013, l’Assemblée nationale lève son immunité parlementaire. Diomi Ndongala est déchu de son mandat de député et la justice l’accuse également de « tentative de déstabilisation » . Ses proches dénoncent un procès politique et Diomi Ndongala s’estime être « le prisonnier personnel de Joseph Kabila » qui chercherait à le faire taire. Le chef de la Démocratie Chrétienne est arrêté le 8 avril 2013 et séjourne encore aujourd’hui à la prison de Makala de Kinshasa (voir notre article).
« Ils cherchent à toucher ma famille »
Pour sa femme, ces pressions policières répétées « ne sont pas le fruit du hasard ». « Je participe activement à la libération de mon mari. J’ai des contacts diplomatiques, avec des hommes politiques ici à Kinshasa ou à l’étranger et c’est certainement cela qui dérange.
C’est une manière de toucher mon mari directement » nous confie-t-elle depuis Kinshasa. « Ces filatures, toutes ces pressions, c’est une manière de faire des investigations pour savoir s’ils peuvent trouver quelque chose à me reprocher. On me dit que le pouvoir cherche à toucher ma propre famille… alors, ils cherchent dans cette direction ».
« Comme la femme de Paul Mwilambwe »
Patricia Diomi reconnaît que la pression s’est accrue depuis la déclaration des « Forces politiques sociales » (un vaste rassemblement regroupant les principaux partis d’opposition, ndlr) qui demandaient la libération des prisonniers politiques. « La libération de mon mari est désormais devenue une revendication politique de toute l’opposition et le symbole de la résistance au pouvoir en place » explique Patricia Diomi. L’épouse du leader de la Démocratie Chrétienne met en parallèle ce qui lui arrive avec le cas de la femme de Paul Mwilambwe, qui a échappé de justesse à une tentative d’enlèvement au Katanga (voir notre article). « C’est une manière mafieuse de faire pression sur son mari » qui doit témoigner au Sénégal sur l’affaire Chebeya, estime Patricia Diomi. Paul Mwilambwe est le principal témoin de l’assassinat de Floribert Chebeya et de son chauffeur en juin 2010. L’ancien policier accuse le général John Numbi d’être le commanditaire de ce double assassinat.
Malgré les pressions, Patricia Diomi reste déterminée. « Ils peuvent en vouloir à ma personne, mais je poursuivrai ce combat jusqu’à la libération de mon mari ». Dans un communiqué, l’association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) s’insurge contre les méthodes des autorités congolaises. « Même au cas où il existerait un dossier judiciaire à charge, la police ne peut pas procéder de cette façon pour la faire comparaître, d’autant plus qu’elle n’a jamais reçu de convocation ». L’association demande au Procureur Général de la République d’ouvrir une enquête sur ces faits et souhaite que des mesures soient prises pour garantir la sécurité de Patricia Diomi.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia

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