C’est la politique de l’urbanisation, de la protection de l’environnement, une politique chère aux pays occidentaux, principaux bailleurs de fonds du Rwanda. Le Rwanda doit montrer l’exemple aux autres pays africains, comme le disent les autorités municipales, et interdire, dans ses avenues, des personnes mal habillées, portant des babouches, et qui circulent librement dans la ville.



A Kinshasa , Lundi 22 juillet dernier, sur le boulevard du 30 Juin, à la hauteur d’un super marché situé en face de la Bcdc, la population kinoise a assisté à une scène brutale d’un groupe de policiers qui malmenaient un pauvre vendeur ambulant de mouchoirs en papier.

Après lui avoir arraché tous ses produits, ces hommes en uniforme lui ont finalement ôté ses babouches. Dans la foule, un courageux a approché l’un des agents pour lui demander ce qu’ils reprochaient à ce débrouillard. Pour toute réponse, « Les ordres sont venus d’en haut, il est formellement interdit à toute personne de se mettre en babouches en plein centre-ville ».
Cela a révolté tous les témoins présents qui ont assisté impuissants à cette barbarie. Pour certains, quelle est, en réalité, cette autorité qui a osé prendre pareille mesure impopulaire ? Est-elle passée par l’Assemblée provinciale avant d’être appliquée ? Si elle est passée par cette institution, pourquoi ne l’a-t-on pas fait accompagner d’un palliatif, en remplaçant les babouches arrachées par des chaussures adaptées au centre-ville ?

En outre, cette mesure prévoit aussi d’extorquer les produits ou biens de ceux qui ne se mettront pas en ordre ?

Autant de questions qui méritent des éclairages.

Hier mercredi 23 juillet 2014, un vendeur de pains a échappé de justesse au même traitement en s’évaporant devant deux policiers prêts à tenter le même « exploit ». Le danger écarté, la victime est sortie de sa cachette pour expliquer aux passants qu’ils sont actuellement la cible de policiers et autres agents de sécurité. Ils les rançonnent, frappent et leur arrachent les babouches, au vu et au su de tout le monde.

Les autorités de la ville de Kinshasa sont appelées à tirer cette affaire au clair pour remettre de l’ordre dans sa circonscription. Les agents de l’ordre qui s’évertuent par des actes inciviques doivent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes.
Elles doivent également expliquer à la population kinoise les raisons qui motivent l’interdiction du port de babouches au centre-ville, au cas où cette mesure serait effectivement prise.
A KIGALI AU RWANDA

Si dans d’autres pays africains au Sud du Sahara, les gouvernements ferment les yeux sur la présence des vendeurs à la sauvette et des commerçants ambulants dans les centres-ville, Kigali, la capitale du Rwanda, a interdit formellement ces activités qui faisaient vivre de nombreuses familles.


Si dans les grands agglomérations de Kinshasa, Lagos, Yaoundé ou Dakar, les petits vendeurs des arachides, cannes à sucre, bananes, sachets d’emballages et consorts, sont perceptibles tout au long de grandes avenues de la ville et des immeubles huppés, au Rwanda, la circulation dans la ville de Kigali est désormais interdite à toutes ces personnes qui vendent ces produits.



Les autorités voudraient rendre la ville plus propre et se débarrasser de ces personnes malpropres, souvent assimilées aux bandits ou aux voleurs.

C’est la politique de l’urbanisation, de la protection de l’environnement, une politique chère aux pays occidentaux, principaux bailleurs de fonds du Rwanda.

Le Rwanda doit montrer l’exemple aux autres pays africains, comme le disent les autorités municipales, et interdire, dans ses avenues, des personnes mal habillées, portant des babouches, et qui circulent librement dans la ville.

Les autorités voudraient, en quelque sorte, faire ressembler la ville de Kigali à une ville suisse. Ils prétendent que les pays africains ne font pas assez pour donner une bonne image de leurs villes, et pourtant c’est faisable.

En effet, cette politique, qui ne reflète aucune réalité et ne répond aucunément aux impératifs économiques du pays, ressemble à une sorte de publicité, d’opération commerciale, ne servant qu’à donner une bonne image aux occidentaux, pourvoyeurs des fonds au Rwanda.

Le phénomène des enfants ou des personnes ambulantes ou des vendeurs à la sauvette n’est pas ancien au Rwanda, puisqu’il date des années d’après-guerre de 1994, pendant lesquelles la crise économique est devenue manifeste dans un pays qui dépend totalement des aides étrangères.

Il se peut que le Rwanda n’ait pas eu assez des ressources pour financer l’économie de sortie de guerre, alors qu’une masse importante de la population rwandaise venait de rentrer de l’étranger, en espérant vivre une vie meilleure. Ce qui est en partie vrai, puisque l’Etat était - et est resté jusqu’à présent - dans l’incapacité de trouver du travail à tout le monde.

Comme la nature humaine a horreur du vide, la population de la ville de Kigali a cherché comment survivre, d’où l’apparition des vendeurs à la sauvette tout au long des artères de la capitale, à la recherche de moyens de vivre.

Dans les autres capitales africaines, c’est un phénomène normal et compréhensible, puisque les Etats sont incapables de satisfaire tous les besoins de leurs concitoyens, et ils laissent parfois faire pour ne pas avoir à en supporter les conséquences ; non parce qu’ils ne sont pas soucieux de rendre leurs villes propres, mais parce que la mauvaise gestion de la chose publique, les politiques d’ajustement structurel constituent les causes de la présence de toutes ces personnes dans la ville.

Interdire ces activités dans les villes, c’est accepter de prendre en charge toute cette masse des gens, ce que ces Etats n’ont pas les moyens de faire pour le moment.

Mais le Rwanda a osé, a accepté de le faire, malgré les conséquences sociales de cette décision.



Dans ce pays où trouver l’emploi relève d’un miracle, où plus de 60% de la population rwandaise vivent dans la ville de Kigali, et où plus de 70% de la population active est au chômage, ces petites activités d’ambulants faisaient vivre ou survivre la majorité de la population.

Interdire ces petites activités dans la ville, c’est plonger une grande partie de la population dans la famine. Et c’est ce qui se passe maintenant dans les ménages de Kigali, où manger deux fois par jour relève d’un exploit. Les familles mangent une fois par jour, et pas à leur faim. Il existe aussi des familles dans lesquelles on mange tour de rôle : on privilégie souvent les enfants et les malades, tandis que les personnes en bonne santé se sacrifient pour des journées entières sans manger. C’est peut-être la face cachée de ce pays, cité comme exemple de bonne gouvernace.

Le premier étranger qui débarque dans la ville de Kigali est souvent impressionné de voir comment les immeubles grandissent dans cette agglométation ô combien propre. Eh bien, avec la spéculation foncière, trouver une parcelle à Kigali n’est pas donné à tout le monde : ce sont les riches qui s’octroient tous les privilèges de construire les plus belles maisons et villas. Mais, Kigali ressemble à toutes les villes d’Afrique noire où la majorité des biens immobiliers urbains appartiennent à une infime minorité de personnes proches du pouvoir. Et ce sont ces mêmes gens qui jouissent de tous les privilèges, qui se partagent les revenus du pays, et qui influent aussi sur les décisions prises par les gouvernements en place.

Pour eux, débarrasser la ville de Kigali de tous ces gens sales qui passent leur temps à sillonner les rues, c’est important afin de rendre la ville plus propre et plus respectable aux yeux des visiteurs étrangers. Mais c’est oublier, parfois, que ces petits boulots ou activités des ambulants font vivre de nombreuses familles et que les interdire constitue une fatalité pour plus de 60 % des habitants de Kigali.

C’est curieux d’entendre certaines personnes regretter les anciens temps où malgré les crises politiques, elles parvenaient à manger à leur faim et à bien se soigner.

Eh bien, cette époque est justement révolue. Si le génocide continue à hanter la vie de la population rwandaise, la peur du lendemain et de l’avenir des enfants sont désormais prioritaires dans les conversations et les préoccupations de beaucoup de Rwandais.

Mais comme la majorité de pouvoirs africains tiennent plus du bout du fusil et des appuis extérieurs plutôt que de la volonté de la population, on se résigne, tout en espérant d’éventuels changements qui, parfois, tardent à venir. Entre-temps, les jours passent, certains meurent, d’autres continuent de survivre.

Ceux qui ont la chance d’avoir quelques moyens quittent le pays. C’est ainsi que plusieurs habitants de Kigali ont décidé de retourner au Burundi , en RD Congo, en Ouganda, à la recherche d’une meilleure vie, malgré les crises politiques sporadiques dans ces pays.

Comme les Rwandais n’aiment pas dire haut ce qu’ils pensent tout bas, ils savent que rien ne peut améliorer leurs conditions de vie actuelles et acceptent le principe de "à chacun son tour", attendre peut-être les autres qui feront mieux que les tenants du pouvoir actuel ; une manière de montrer leur incapacité à influer sur le cours des événements.

Il n’est pas rare d’entendre les gens se souvenir du pouvoir de Mobutu, ô combien puissant mais qui a quand même pris fin, malgré les nombreuses richesses dont il disposait pour se protéger.

Et qu’en est-il de ce pouvoir, qui non seulement dépend totalement de l’étranger, mais est aussi assis sur un des pays les plus pauvres du monde ?

Source : Kilosho Barthélemy

Covalence Genève


Le direct
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top