Les Evêques catholiques de la République Démocratique du Congo ont déterré la hache de guerre contre le Président Joseph Kabila en prenant prétexte d’une initiative imaginaire de révision de l’article 220 de la constitution, qu’ils estiment avoir été verrouillés par le constituant. 


Dans une lettre aux fidèles catholiques et aux hommes et femmes de bonne volonté de la RD Congo, signée de Rome où ils effectuaient leur visite ad limina apostolorum le 14 septembre 2014, les évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) se lancent tête baissée dans la bataille politique. " Nous réaffirmons ainsi notre opposition à toute modification de l’article 220, article verrouillé de notre constitution qui stipule que : la forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle ", écrivent-ils. 
Presque jour pour jour, l’octogénaire Léon Kengo wa Dondo, un ami intime du Cardinal Laurent Monsengwo, faisait le même type de déclaration depuis la tribune du Sénat Congolais, s’attirant une réplique cinglante du speaker de l’Assemblée nationale Minaku lui faisant remarquer qu’aucune initiative de modifier l’article 220 n’était à l’agenda des chambres.
Les calottes sacrées vont loin, très loin dans cette voie belliqueuse et politicienne à souhait, puisqu’elles annoncent par la même occasion la suspension de leur participation au CIME, le Comité d’Intégrité et de Médiation Electorale, mis sur pied pour favoriser le dialogue dans le traitement des problèmes électoraux, dont nul n’ignore à quel point ils peuvent menacer la paix et la concorde nationale. Une nouvelle guerre de religion due aux réserves émises par l’autre grand culte, l’Eglise du Christ au Congo (ECC) face aux saillies provocatrices de Monsengwo et ses disciples.

UNE VERSION CLENICALE DE « TOUCHE PAS A MA CONSTITUTION »
Tout entier sur leurs sentiers belliqueux, les évêques catholiques ordonnent à tous leurs curés et catéchistes la lecture à l’intention des fidèles de leur dernier message, "Protégeons notre Nation ", déjà perçu dans certains milieux politiques comme la version cléricale du " Touche pas à ma constitution ", le mot d’ordre lancé par une partie de l’opposition politique rd congolaise contre la modification constitutionnelle. La lettre des évêques est très explicite puisqu’elle prévoit l’organisation " … dans toutes les paroisses, communautés sacerdotales et religieuses, un Triduum de prière (du 17 au 19 octobre, Journée de la Mission Universelle), pour que le Seigneur protège notre pays et son peuple ".
Curieusement, le courrier clérical du 14 septembre 2014, signé 48 heures seulement après que le Pape François eût transmis des recommandations claires et sans équivoques aux membres de la CENCO en séjour à Rome, ne fait pas la moindre allusion aux propos du Souverain Pontife. Le Pape avait pourtant remis aux évêques de la RDC un discours centré sur le respect de la personne, selon un communique du Vatican Information Service : L’Eglise de votre pays, écrit-il, "dont certains diocèses ont récemment célébré le premier centenaire de leur évangélisation, est une jeune Eglise. Mais elle est aussi une Eglise de jeunes. Les enfants et les adolescents, en particulier, ont besoin de la force de Dieu pour résister aux multiples tentations issues de la précarité de leur vie, de l’impossibilité de poursuivre des études ou de trouver du travail. Je suis sensible à leur situation difficile, et je sais que vous partagez leurs peines, leurs joies et leurs espoirs. Je pense particulièrement avec effroi à ces enfants et à ces jeunes, enrôlés de force dans des milices et contraints de tuer leurs propres compatriotes ! Je vous encourage donc à approfondir la pastorale des jeunes.
En leur offrant toute l’aide possible, surtout à travers la création d’espaces de formation humaine, spirituelle et professionnelle, vous pouvez leur révéler leur vocation profonde qui les prédispose à rencontrer le Seigneur. Le moyen le plus efficace pour vaincre la violence, l’inégalité ainsi que les divisions ethniques, consiste à doter les jeunes d’un esprit critique et à leur proposer un parcours de maturation dans les valeurs évangéliques. Il faudrait aussi renforcer la pastorale dans les Universités ainsi que dans les écoles catholiques et publiques, en conjuguant la tâche éducative avec l’annonce explicite de l’Evangile". Soyez "dans vos diocèses des apôtres de la jeunesse".

« EVITEZ DE VOUS SUBSTITUER AUX INSTITUTIONS POLITIQUES »
Dans le même esprit, lit-on ensuite dans ce discours, "face à la désagrégation familiale, provoquée, en particulier, par la guerre et la pauvreté, il est indispensable de valoriser et d’encourager toutes les initiatives destinées à consolider la famille, source de toute fraternité, fondement et première route de la paix. La fidélité à l’Evangile implique aussi que l’Eglise participe à la construction de la cité. L’une des contributions les plus précieuses que l’Église locale peut apporter à votre pays, consiste à aider les personnes à redécouvrir la pertinence de la foi dans la vie quotidienne et la nécessité de promouvoir le bien commun. De même, les responsables de la nation, en étant éclairés par les pasteurs, et dans le respect des compétences, peuvent aussi être soutenus pour intégrer l’enseignement chrétien dans leur vie personnelle et dans l’exercice de leur fonction au service de l’état et de la société.
En ce sens, le magistère de l’Eglise, en particulier l’encyclique Caritas in Veritate, l’exhortation apostolique post-synodale AfricaeMunus ainsi que la récente exhortation EvangeliiGaudium, constituent une aide précieuse". Je vous invite donc, conclue le Saint-Père à l’attention de ses hôtes, "à œuvrer sans relâche à l’instauration d’une paix durable et juste, par une pastorale du dialogue et de la réconciliation entre les divers secteurs de la société, en soutenant le processus de désarmement, et en promouvant une efficace collaboration avec les autres confessions religieuses.
S’agissant du virus politicien que semble avoir inoculé la plupart des princes de l’Eglise Catholique de RDC, le Pape François a été sans ambiguïté : " Alors que votre pays va connaître des rendez-vous politiques importants pour son avenir, il est nécessaire que l’Eglise apporte sa contribution, tout en évitant de se substituer aux institutions politiques et aux réalités temporelles qui conservent leur autonomie. En particulier, les pasteurs doivent se garder de prendre la place qui revient de plein droit aux fidèles laïcs, qui ont justement pour mission de témoigner du Christ et de l’Évangile en politique et dans tous les autres domaines de leurs activités… Beaucoup attendent de vous vigilance et sollicitude dans la défense des valeurs spirituelles et sociales". C’est pourquoi "vous êtes appelés à proposer des orientations et des solutions pour la promotion d’une société fondée sur le respect de la dignité de la personne humaine.
A ce sujet, l’attention aux pauvres et aux nécessiteux tels que les personnes âgées, les malades ou les personnes souffrant de handicap, devrait constituer l’objet d’une pastorale adéquate, sans cesse réexaminée. En effet, l’Eglise est appelée à se préoccuper du bien de ces personnes et à attirer l’attention de la société et des autorités publiques sur leur situation. Je salue et j’encourage l"oeuvre de tous les missionnaires, des prêtres, des religieux et religieuses, et des autres agents pastoraux qui se dévouent au service des blessés de la vie, des victimes de la violence, surtout dans les régions les plus isolées et reculées du pays.En évoquant ce thème, j’ai une pensée spéciale pour les réfugiés internes et ceux, nombreux, qui proviennent des pays voisins… Soyez des hommes d’espérance pour votre peuple !".
La dernière lettre des Evêques catholiques aux chrétiens et aux hommes de bonne volonté prend carrément le contrepied des volontés papales, à n’en point douter. Elle donne à croire que titillées par le Cardinal Monsengwo, leurs excellences catholiques ont décidé de se lancer dans une fuite en avant en mobilisant les laïcs pour faire le sale boulot derrière le paravent d’une prière de méditation. Il reste que rien au niveau des prestations institutionnelles ne justifie cette montée de boucliers inspirée uniquement par une opposition en mal d’enchères.
S’il s’agit d’arguments d’autorité visant à empêcher les Congolais d’assumer leur destin. On en vient à se poser la question de savoir ce que cache l’intolérance hargneuse de ceux que l’on peut qualifier de parti de l’étranger face à tout débat à ce sujet. Les tenants actuels du pouvoir feraient mieux de regarder à deux fois avant. Céder devant des " ennemis " aussi haineux, n’est-ce pas mettre la tête sur le billot ?
Pascal
Vatican / Visite des évêques de la République Démocratique du Congo
VATICAN, Saint-Siège, 12 septembre 2014/AfricanPressOrganization (APO)/ - Le Pape a reçu ce matin les membres de la Conférence épiscopale de la République Démocratique du Congo, à la conclusion de leur visite Ad Limina, auxquels il a remis un discours, centré sur le respect de la personne :

L’Eglise de votre pays, écrit-il, "dont certains diocèses ont récemment célébré le premier centenaire de leur évangélisation, est une jeune Eglise. Mais elle est aussi une Eglise de jeunes. Les enfants et les adolescents, en particulier, ont besoin de la force de Dieu pour résister aux multiples tentations issues de la précarité de leur vie, de l’impossibilité de poursuivre des études ou de trouver du travail. Je suis sensible à leur situation difficile, et je sais que vous partagez leurs peines, leurs joies et leurs espoirs. Je pense particulièrement avec effroi à ces enfants et à ces jeunes, enrôlés de force dans des milices et contraints de tuer leurs propres compatriotes ! Je vous encourage donc à approfondir la pastorale des jeunes. En leur offrant toute l’aide possible, surtout à travers la création d’espaces de formation humaine, spirituelle et professionnelle, vous pouvez leur révéler leur vocation profonde qui les prédispose à rencontrer le Seigneur. Le moyen le plus efficace pour vaincre la violence, l’inégalité ainsi que les divisions ethniques, consiste à doter les jeunes d’un esprit critique et à leur proposer un parcours de maturation dans les valeurs évangéliques. Il faudrait aussi renforcer la pastorale dans les Universités ainsi que dans les écoles catholiques et publiques, en conjuguant la tâche éducative avec l’annonce explicite de l’Evangile". Soyez "dansvosdiocèses des apôtres de la jeunesse".

Dans le même esprit, lit-on ensuite, "face à la désagrégation familiale, provoquée, en particulier, par la guerre et la pauvreté, il est indispensable de valoriser et d’encourager toutes les initiatives destinées à consolider la famille, source de toute fraternité, fondement et première route de la paix. La fidélité à l’Evangile implique aussi que l’Eglise participe à la construction de la cité. L’une des contributions les plus précieuses que l’Église locale peut apporter à votre pays, consiste à aider les personnes à redécouvrir la pertinence de la foi dans la vie quotidienne et la nécessité de promouvoir le bien commun. De même, les responsables de la nation, en étant éclairés par les pasteurs, et dans le respect des compétences, peuvent aussi être soutenus pour intégrer l’enseignement chrétien dans leur vie personnelle et dans l’exercice de leur fonction au service de l’état et de la société. En ce sens, le magistère de l’Eglise, en particulier l’encyclique Caritas in Veritate, l’exhortation apostolique post-synodale AfricaeMunus ainsi que la récente exhortation EvangeliiGaudium, constituent une aide précieuse".
Je vous invite donc, conclue le Saint-Père à l’attention de ses hôtes, "à ’uvrer sans relâche à l’instauration d’une paix durable et juste, par une pastorale du dialogue et de la réconciliation entre les divers secteurs de la société, en soutenant le processus de désarmement, et en promouvant une efficace collaboration avec les autres confessions religieuses. Alors que votre pays va connaître des rendez-vous politiques importants pour son avenir, il est nécessaire que l’Eglise apporte sa contribution, tout en évitant de se substituer aux institutions politiques et aux réalités temporelles qui conservent leur autonomie. En particulier, les pasteurs doivent se garder de prendre la place qui revient de plein droit aux fidèles laïcs, qui ont justement pour mission de témoigner du Christ et de l’Évangile en politique et dans tous les autres domaines de leurs activités… Beaucoup attendent de vous vigilance et sollicitude dans la défense des valeurs spirituelles et sociales".
C’est pourquoi "vous êtes appelés à proposer des orientations et des solutions pour la promotion d’une société fondée sur le respect de la dignité de la personne humaine. A ce sujet, l’attention aux pauvres et aux nécessiteux tels que les personnes âgées, les malades ou les personnes souffrant de handicap, devrait constituer l’objet d’une pastorale adéquate, sans cesse réexaminée. En effet, l’Eglise est appelée à se préoccuper du bien de ces personnes et à attirer l’attention de la société et des autorités publiques sur leur situation. Je salue et j’encourage l’oeuvre de tous les missionnaires, des prêtres, des religieux et religieuses, et des autres agents pastoraux qui se dévouent au service des blessés de la vie, des victimes de la violence, surtout dans les régions les plus isolées et reculées du pays.En évoquant ce thème, j’ai une pensée spéciale pour les réfugiés internes et ceux, nombreux, qui proviennent des pays voisins… Soyez des hommes d’espérance pour votre peuple !".

SOURCE : Vatican Information Service (VIS)

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