La soirée de jeudi 16 octobre a été exceptionnelle à Bruxelles. L’Hôpital St Pierre en partenariat avec l’ONG Médecins du monde a organisé une soirée de gala dans la salle gothique de l’hôtel de ville de Bruxelles en présence des célébrités belges pour décerner, pour la première fois le Prix de la Solidarité au docteur Denis Mukwege qui répare les femmes victimes de violence sexuelle au Sud-Kivu à l’Hôpital de Panzi.


« Le Soir » qui publie cette information fait savoir qu’ : " A la base de ce prix, explique le Dr Patrick Van Alphen, qui en est le coordinateur, il y avait la volonté de voir le Centre hospitalieruniversitaire St-Pierre, un hôpital laïc, public et fédéral, soutenir un projet, mais aussi une problématique, en distinguant une personne. Le travail du Dr Mukwege est exceptionnel et nous voulions surtout éviter de tomber dans le domaine de la charité. Nous lançons donc une campagnede récolte de fonds, mais aussi d’information du public. ". 
Prenant la parole, Dr Denis Mukwege a remercié les organisateurs de cet événement. Il a profité de cette tribune pour donner sa position concernant la révision de la loi fondamentale en RDC.

" NE TOUCHEZ PAS A NOTRE CONSTITUTION ", DIXIT DENIS MUKWENGE Dans son allocution, Dr Denis Mukwege a profité de cette tribune pour relayer le message clé de la société civile aux autorités congolaises : " ne touchez pas à notre Constitution". Selon lui, toute nouvelle tentative de modification de ce contrat social risque d’entrainer de nouveaux cycles de violences. Et d’ajouter, le peuple aspire au changement tant attendu pour enfin entamer une réelle alternance démocratique au cœur de l’Afrique.
S’adressant aux mandataires politiques de la RDC, Denis Mukwege a indiqué : " A l’heure où l’on parle tant d’une éventuelle modification de la Constitution congolaise, j’en appelle à votre conscience patriotique, j’en appelle à votre amour de notre chère patrie, tant meurtrie par des guerres successives depuis plus de 20 ans. Un nouveau changement constitutionnel avant les élections risque de mettre en péril la cohésion nationale. Après plus de 5 millions de morts et cinq cents milles femmes violées, ne prenez pas le risque historique de rallonger cette liste macabre ", a-t-il indiqué.
Et de poursuivre : " Nous appelons de tous nos vœux à la consolidation de la paix en RDC, condition sine qua non pour prévenir la récurrence de la violence faites aux femmes".
D’après lui : " Le monde nous regarde, le temps est venu pour privilégier l’intérêt général à des intérêts privés bassement matériels : le sang de nos martyrs est encore frais, il parle, il crie, il nous appelle à la responsabilité collective. Il n’est plus acceptable qu’un petit groupe accumule richesses et biens alors que la majorité de la population patauge dans la misère, la boue et le sang. Nous sommes devenus la risée du monde, il est temps de montrer au monde ce que nous avons hérité de nos ancêtres, à savoir une âme de dignité, de solidarité, et d’hospitalité ". "Ensemble, responsables politiques et religieux et acteurs de la société civile, hommes et femmes, nous pouvons mettre fin à la violence au cœur de l’Afrique ", a souhaité Dr Denis Mukwenge.
" Nous avons placé beaucoup d’espoir lors de l’adoption en 2013 de l’Accord-Cadre d’Addis Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, engageant onze Etats et quatre organisations intergouvernementales. Il s’agit du premier accord de paix qui vise à s’attaquer aux causes de la violence en RDC mais la mise en œuvre des engagements souscrits par les pays des Grands Lacs tarde et, aujourd’hui, les Congolais ont plus que jamais soif de justice et de paix, mais ils continuent de vivre dans la peur à l’Est du Congo ", a-t-il évoqué.
Par ailleurs, il est d’avis que : " le statu quo n’est pas une option. Il n’y a pas de fatalité. Les solutions existent ". Et de poursuivre : " Chacun de nous peut contribuer à l’édification d’un monde meilleur. Ensemble, nous devons établir une ligne rouge contre l’utilisation du viol
comme stratégie de guerre, au Congo et dans le reste du monde ".
Parlant du Prix de la Solidarité, Dr Denis Mukwenge a, au nom des femmes victimes de violences sexuelles à l’Est du Congo, remercié les organisateurs de ce Prix. « A mon retour à Bukavu, je pourrai apporter à mes patientes à Panzi la réponse à la question soulevée sur le magnifique dessin de Pierre Kroll : on pense à nous loin d’ici !", a-t-il indiqué.
Cependant, Denis Mukwenge a fait savoir que le Prix de la solidarité envoie un double message. « Par ce prix, a-t-il signifié, vous dites au monde que tant qu’il y aura de la barbarie humaine quelque part, il y aura aussi des hommes de bonne volonté qui s’élèveront pour la combattre. Même si les hommes tardent à s’élever, ils finiront par le faire car la survie de l’homme passe par sa solidarité avec son semblable qui souffre.
Autrement dit : l’homme sera solidaire ou il disparaîtra. Par ce prix, vous créez un espace où les hommes de bonne volonté peuvent se resserrer les coudes et se transmettre une sorte de fluide de courage et d’espérance d’un monde meilleur ».
Le directeur général de l’hôpital de Panzi à Bukavu n’a pas manqué de rendre hommage au Professeur Guy-Bernard Cadière, son parrain pour cet événement qui, depuis des années, les appuie avec son équipe du CHU - Centre Hospitalier Universitaire St Pierre - de Bruxelles dans leur travail à l’Hôpital de Panzi. " Cher Guibert, tu es devenu un spécialiste reconnu mondialement en laparoscopie et tu sillonnes le monde pour transférer tes connaissances et les technologies que tu développes dans les pays les moins avancés. Tu es un véritable médecin du monde et je te remercie beaucoup pour ta solidarité et ton dévouement à la cause humaine ! "
A ses confrères de « Médecins du Monde », Denis Mukwenge a eu des mots justes : " Vous avez compris que la noblesse de notre chère profession ne consiste pas dans l’accumulation de biens matériels, mais plutôt dans l’abnégation, le don de soi, bref dans la solidarité. C’est pour cette raison que vous parcourez terres et mers pour aller au secours de l’humanité qui souffre. Nous vous remercions chaleureusement pour votre soutien et nous dédions ce prix à tous les médecins qui travaillent souvent dans des conditions difficiles pour honorer le serment d’Hippocrate ".
Enfin, Dr Denis Mukwenge a dédié ce prix à tous les défenseurs des droits de l’homme qui luttent contre l’impunité et se joignent au combat contre les violences sexuelles. Ainsi, il appelle les Congolais à plus de solidarité pour vaincre cette barbarie de viol qui sévit depuis deux décennies dans un contexte de conflits armés. Mathy MUSAU
Le direct
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