Kinshasa ayant chassé Scott Campbell
Martin Kobler qui continue à manifester son soutien total au directeur expulsé du BCNUDH et au travail réalisé par toute son équipe, demande au gouvernement congolais de revoir sa décision. Car, le rapport Likofi a été partagé avec le gouvernement le 18 août 2014, et les commentaires du ministre de l’Intérieur ont été annexés au rapport publié



L’opinion tant nationale qu’internationale ne cache pas sa consternation face à la terrible décision de Kinshasa de chasser Scott Campbell, directeur du Bureau de coordination des Nations Unies pour les droits de l’homme (BCNUDH), pour avoir dénoncé, dans un rapport fouillé, des crimes commis par des policiers congolais lors de l’opération Likofi à Kinshasa, entre fin 2013 et début 2014.

Cette affaire vient ternir davantage l’image de la République démocratique du Congo, mieux, du régime au pouvoir à Kinshasa, accusé régulièrement de non respect de droits de l’homme par des organisations aussi bien locales qu’étrangères.

On se souvient encore de plusieurs cas dont les plus récents sont l’assassinat de Mamadou Ndala, suivi de la mort bizarre de Jean-Lucien Bahuma, sans oublier la traque de certains opposants, incarcérés dans différentes prisons du pays, dont Eugène Diomi Ndongala et Jean-Bertrand Ewanga.

Selon plusieurs analystes, le fait de déclarer le directeur du BCNUDH » persona non grata » est une excellente manière de replacer la RDC parmi les pays non fréquentables alors que la situation commençait à s’améliorer.

Surtout quand on sait que l’initiative de réviser la Constitution actuellement en chantier à Kinshasa crée déjà des remous, au point de plonger déjà la RDC dans une zone de turbulences qui, si l’on n’y prend garde, risque de conduire le pays à une situation chaotique. Kinshasa s’attaque à un rapport publié par le BCNUDH, sous la direction de Scott Campbell, et validé par l’Onu, à travers la MONUSCO. Or, dès qu’il est publié, ce rapport engage désormais la MONUSCO et non l’individu Scott Campbell.

Cela veut dire que s’il fallait manifester leur indignation, les autorités de la RDC devraient le faire auprès de la MONUSCO et non à l’endroit son employé.

Au lieu de s’empresser à prendre des décisions épidermiques, le gouvernement Matata aurait dû prendre acte d’abord de ce rapport, et ensuite présenter des preuves allant dans le sens de balayer les faits et témoignages contenus dans le rapport onusien, pour contester son objectivité.

Malheureusement, l’émotion l’a remporté sur la raison, et le Congo est de nouveau mal vu en matière de respect des droits de l’homme. L’opinion doit savoir que si la MONUSCO est présente en RD Congo, c’est parce que ce pays a démontré son incapacité à pouvoir gérer certains de ses problèmes sensibles. La guerre à l’Est en est l’exemple le plus éloquent.

De l’eau au moulin de l’Opposition et des Ong

L’Opposition congolaise et les Ong des droits de l’homme basées en RDC vont profiter certainement de l’erreur du gouvernement pour récupérer la situation. Le Front populaire de Lisanga Bonganga, les Fac de Martin Fayulu, Vital Kamerhe, ont d’ailleurs déjà réagi en exprimant leur soutien au directeur de BCNUDH expulsé et au rapport publié, accablant les policiers congolais.

Par ailleurs, plus de 80 Ong ont signé, samedi 18 octobre dernier, une déclaration de soutien au BCNUDH. Ces organisations recommandent au gouvernement congolais de prendre en considération les conclusions du rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme.

Pour Robert Ilunga, président de l’Ong les Amis de Nelson Mandela, la réaction du gouvernement est une fuite en avant et une distraction.

Il souhaite que le président de la République rappelle à l’ordre les ministres qui tentent d’encourager les auteurs de graves violations des droits de l’homme comme celles commises lors de l’opération Likofi à Kinshasa, de rassurer les familles des victimes de son implication pour que les enfants enlevés soient retrouvés et que les commanditaires et auteurs directs de ces actes soient poursuivis et sanctionnés de manière exemplaire.

Kobler perturbé

Pendant ce temps, le n°1 de la MONUSCO, Martin Kobler, s’est dit profondément perturbé par la décision du gouvernement congolais d’expulser brutalement Scott Campbell. Il a exprimé ce sentiment dans un communiqué publié le week-end dernier.

Le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDC qui continue de manifester sa plus grande confiance à Scott Campbell et au travail réalisé par toute son équipe, a même demandé au gouvernement congolais de revoir sa décision.

Martin Kobler rappelle que le rapport Likofi a été partagé avec le gouvernement le 18 août 2014, et que les commentaires du ministre de l’Intérieur ont été annexés au rapport publié. Mais il est difficile de répondre positivement à la demande de Kobler, car Campbell a déjà quitté le pays. Comme quoi, le mobutisme jadis décrié continue à inspirer les prétendus libérateurs du 17 mai.

Par Lefils Matady
Le direct
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