Dans un rapport publié hier mercredi, les Nations Unies réclament lespoursuites judiciaires contre les policiers de la RDC auteurs d’exécutions sommaires et de disparitions forcées des civils à Kinshasa lors de la traque des marginaux appelés » Kuluna «


Un rapport des Nations Unies publié hier jeudi 15 octobre 2014 à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, par le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme détaille les violations graves des droits de l’homme, particulièrement des exécutions sommaires et extrajudiciaires ainsi que des disparitions forcées commises contre des civils par les forces de sécurité congolaises dans le contexte de l’opération » Likofi » à Kinshasa entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014.

Ce rapport s’appuie sur des enquêtes menées par le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) où ce dernier recense le meurtre d’au moins neuf civils et la disparition forcée d’au moins 32 civils par des agents de la Police nationale congolaise (PNC) dans le cadre de l’opération » Likofi « .

Le rapport fait état de 41 victimes, dont quatre enfants, victimes d’atteintes au droit à la vie, à savoir des exécutions sommaires et extrajudiciaires et des disparitions forcées commises dans le cadre de l’opération » Likofi » dans plusieurs communes de la capitale.

La PNC mise en cause

Les violations des droits de l’homme sont détaillées dans le rapport impliquant la PNC et en particulier des agents de la Légion nationale d’intervention (LENI) et du Groupe mobile d’intervention (GMI). La plupart des meurtres et disparitions forcées de civils présentés dans ce rapport auraient été perpétrés selon le même modus operandi par des agents de la PNC.

Le document indique aussi que ces derniers opéraient généralement la nuit, en cagoules et à bord de véhicules sans plaque d’immatriculation dans certains quartiers de la ville de Kinshasa, a indiqué Scott Campbells, Directeur pays du BCNUDH. Il déplore également le manque de poursuites judiciaires contre les auteurs de ces violations graves des droits de l’homme. Plusieurs plaintes portées contre les auteurs de ces crimes sont restées sans suite, indique le rapport.

C’est pourquoi, le Directeur pays du BCNUDH exige entre autres la mise en place des enquêtes crédibles en vue de traduire en justice les auteurs de ces violations des droits de l’homme quel que soit leur rang. Scott Campbells invite par ailleurs le gouvernement de la RDC à ratifier dans un bref délai la Convention des Nations Unies contre les exécutions sommaires et les disparitions forcées.

Le BCNUDH a pris note de la décision prise, le 15 août 2014, par le Commissaire général de la PNC de mettre en place une commission d’enquête ayant pour mission d’enquêter et de relever toutes les exactions qui auraient été commises dans le cadre de l’opération » Likofi « .

Le nombre total de victimes pourrait être beaucoup plus élevé dans la mesure où les enquêteurs du BCNUDH ont fait face à diverses difficultés dans le cadre de leurs enquêtes sur ces violations des droits de l’homme commises dans l’opération Likofi.

» Je suis consterné par la gravité des violations des droits de l’homme reprises dans ce rapport et j’appelle les autorités congolaises à traduire en justice dans les meilleurs délais les auteurs de ces violations des droits de l’homme qui ne peuvent rester impunis « , a indiqué le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein.

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Martin Kobler a, quant à lui, déclaré que » cette situation démontre à quel point il est urgent d’accélérer la réforme du secteur de la sécurité et la mise en place de solides mécanismes de responsabilisation au sein de la police congolaise « .

Conformément à son mandat, le personnel du BCNUDH a mené des enquêtes sur les violations des droits de l’homme commises à Kinshasa par des agents de la PNC dans le cadre de l’opération » Likofi » ( » Coup de poing » en langue Lingala) entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014. L’opération » Likofi » avait été instituée par le gouvernement de la RDC,dans le but de traquer les délinquants communément appelés » kulunas « , dans la ville de Kinshasa.

Pour élaborer ce rapport, les enquêteurs du BCNUDH ont rassemblé plus de 70 témoignages provenant de différentes sources, y compris de la police elle-même.

Recommandations

Le BCNUDH a formulé une série de recommandations au gouvernement de la RDC. Il appelle notamment les autorités de la RDC à mener des enquêtes promptes indépendantes, crédibles et impartiales sur les violations des droits de l’homme commises dans le cadre de l’opération Likofi , et, dans l’hypothèse que les éléments constitutifs des crimes soient réunis ,afin de traduire en justice tous les auteurs présumés de ces graves violations.

Le BCNUDH invite par ailleurs la police nationale congolaise à ne pas recourir à l’usage excessif de la force lors des opérations de maintien de l’ordre et à respecter les Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation d’armes à feu par les responsables de l’application des lois, tels qu’adoptés par les Nations Unies, notamment en s’assurant que les règles internes de la police reflètent ces principes.

Kinshasa est appelé à donner libre accès aux magistrats des parquets , ainsi qu’aux officiers des droits de l’homme du BCNUDH, à tous les lieux de détention de la ville de Kinshasa, notamment aux cachots de police du district de Lukunga(Camp Lufungula) , considéré comme le point central de l’opération Likofi , ainsi qu’aux différents centres de santé et hôpitaux de la ville ,dont la morgue de l’hôpital de référence de Kinshasa.

Par Godé Kalonji Mukendi
Le direct
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