Le dialogue avant les élections parait s’imposer. La concertation entre les acteurs concernés par les enjeux à venir permettrait, de l’avis de nombre d’observateurs, de baliser la voie et aboutir au consensus tant souhaité pour la tenue des élections apaisées en RD Congo. Et ça, Etienne Tshisekedi l’avait en son temps préconisé. La tournure des événements semble lui donner raison.

Pendant que l’UDPS prônait le dialogue, les autres partis politiques fustigeaient le calendrier électoral, le qualifiant d’irréaliste. Mais voilà qu’hier, l’Opposition parlementaire conditionne sa participation aux élections par les garanties financières de la CENI, l’ouverture d’une enquête internationale sur l’affaire « Tombe commune de Maluku » (Voir Forum des As de mardi 21 avril).
Côté pouvoir, le calendrier de Malu Malu est jugé normal, et qu’il appartient à la CENI seule d’élaborer la grille des opérations et organiser les élections. Cela s’appelle blocage qui ne dit pas encore son nom. A quoi aura servi d’avancer dans un tel processus ?
Les Américains ont tiré une assez jolie expression d’une chanson des années 50, qui dit : « il faut être deux pour danser le tango ». En RDC pour établir les conditions des élections apaisées, il faudrait que les volontés se rencontrent. Vibrent à l’unisson. Pour éviter la contestation à l’issue de l’organisation des élections à tous les niveaux, programmées tant en 2015 qu’en 2016, les observateurs conseillent une concertation entre tous les acteurs concernés par les enjeux qui pointent à l’horizon, à savoir la Majorité présidentielle, l’Opposition politique et la Société civile.
Avec le recul du temps, Etienne Tshisekedi avait-il finanlement raison ? Pour l’UDPS, la crise est tellement profonde qu’il faille aller au dialogue conformément à la décision de la communauté internationale précisée aussi bien dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba que dans la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour la communauté internationale, le dialogue doit permettre aux Congolais de se réconcilier afin d’aller à des élections apaisées.
C’est dire que quelque part, la nécessité d’impliquer l’opposition se fera sentir. Les partenaires extérieurs, qu’on les aime ou qu’on ne les aime pas, vont pousser dans ce sens. En un mot comme en mille, la nécessité du dialogue devrait nous rattraper.
Car à quoi bon avancer dans un processus électoral qui portera en lui les germes de crises à venir ou même du blocage. De ce point de vue, le leader de l’UDPS a raison de préconiser le dialogue entre les forces politiques et sociales.
L’offre du « lider maximo » reposerait sur la préoccupation d’accorder les violons autour de de l’organisation des élections apaisées. Le dialogue demeure, à ce titre, le cheval de bataille de l’Union pour la démocratie et le progrès social en perspectives des élections.
Dans le camp de l’Opposition politique, on conditionne désormais la participation aux assurances de la CENI et à l’enquête internationale et indépendante sur l’affaire de la fosse commune de Maluku. Or, pour sa part, la Majorité présidentielle reste suspendue à la position de l’Autorité morale. Pendant ce temps, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ne jure que par son calendrier électoral global, jugé consensuel et réaliste. Les uns parlent donc d’une voix et les autres de l’autre, au rythme d’une cacophonie politique qui plante déjà le décor de la contestation. Voilà qui pousse les observateurs à soutenir le dialogue.
Car, si le climat délétère actuel se poursuit, les élections n’étant pas une fin en soi, contribueront, bien au contraire, à amplifier la tension en RDC. On l’a vu avec la dernière initiative de révision de la loi électorale, surtout l’alinéa 3 de l’article 8. Le climat de suspicion a finalement été à la base des incidents regrettables des 19 et 20 janvier dernier, tant à Kinshasa qu’au Nord-Kivu avec pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. L’année 2015 devant constituer la préfiguration de 2016, les acteurs ont donc tout à gagner en parlant d’une seule voix pour prévenir des incidents pouvant découler de la cacophonie entre les acteurs. De la même manière que personne n’avait prévu les émeutes de janvier dernier, il faut désormais prévenir plutôt que guérir.

LE DIALOGUE, POUR QUOI FAIRE EXACTEMENT ?
Voilà la question qui ne cesse de tarauder l’esprit de nombre d’observateurs. S’agira-t-il d’une nouvelle transition politique ? Non, tranchent les observateurs. Le dialogue, expliquent-ils, c’est pour s’accorder sur l’essentiel, à savoir tenir toutes les élections ou accorder la priorité aux législatives tant provinciales que nationales, aux sénatoriales et enfin à l’élection présidentielle. Car, argument-ils, il n’est pas facile pour un pays qui n’a que 9 milliards USD de budget national, avec seulement 5 milliards USD en ressources propres et où tout est priorité, de réunir plus d’un milliard USD pour organiser toutes les élections prévues entre 2015 et 2016. Surtout que les élections, rappelle-t-on encore, ne sont pas du tout une fin en soi. La RDC pourra-t-elle réunir le budget prévu pour les scrutins ou faudra-t-il, une fois de plus, recourir aux partenaires internationaux qui exigeaient la publication d’un calendrier complet ou global - c’est selon - pour les élections avec une insistance particulière sur le scrutin présidentiel en 2016 ? Sinon, le dialogue des sourds auquel on assiste actuellement risquera sans aucun doute en tout cas de contrarier l’exécution du chronogramme des élections. C’est donc autant de questions qui devront faire l’objet d’examen lors du dialogue tant attendu. Question, comme dit auparavant, de baliser la voie. Bien entendu, il ne sera pas question d’un dialogue à la congolaise, là où tous les regards se tournent souvent vers le partage du pouvoir au nom d’une énième transition politique en RD Congo. Il faudra, au contraire, s’en tenir à l’essentiel en vue d’avoir des élections apaisées, libres et crédibles.
Dans tous les cas de figure, les règles du jeu doivent être définies et comprises de la même manière par tous déjà à l’avance en vue de prévenir tout climat susceptible d’envenimer la situation. Cela est possible si tous parlent le même langage. Le vrai dialogue, pourquoi pas alors ? Mais, à condition que les violons s’accordent. Lors du dialogue, soutiennent les observateurs, ceux qui reprochent au calendrier global publié par la Ceni d’enregistrer quelques faiblesses, ils auront ainsi l’occasion d’étaler leurs arguments pour qu’en fin de compte, un vrai consensus se dégage entre les différents acteurs.
Didier KEBONGO





LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top