Le vent est-il en train de tourner dans la crise politique en République Démocratique du Congo ? Longtemps bousculé par l’opposition, aculé à plusieurs reprises par la communauté internationale, et surtout fragilisé par des départs massifs et importants, Joseph Kabila a vu ces derniers jours la situation se retourner en sa faveur.

Le dernier succès en date pour le chef de l’État est le fait même d’obtenir que le dialogue commence, enfin, le 1er Septembre 2016, après un an d’atermoiement. Avec déjà une photo des membres de l’opposition et de la Majorité côte à côte au comité préparatoire de l’Hôtel Béatrice. Mettant ainsi fin à des mois de disette, de fiasco diplomatique et à la peur de voir cette opposition rassemblée qui devenait de plus en plus puissante.

Comment ? Comment le ton des américains toujours prêts à frapper au porte-monnaie, celui des européens qui menaçaient de sanctions en cas d’absence de respect de la constitution ou encore celui des Nations unies, auteures de la résolution 2277 qui appelle au respect des délais constitutionnels, est devenu subitement nuancé ? Que s’est-il passé ?

Pour tenter de répondre à ces interrogations nous nous sommes intéressés à ce qui se passe autour du président de la république. Résultat, des informations confidentielles obtenues sous anonymat quelques jours avant les assises de l’hôtel Béatrice démontrent une guerre sans merci entre « clans » et la course à la bonne formule qui doit mener au « glissement ». L'un d'entre eux semble avoir pris de dessus.



Deux clans, deux stratégies et des coups bas

« Du côté de la majorité, il existe aussi deux camps », confie un conseiller stratégique au cœur du pouvoir. Faisant référence à la mosaïque de l’opposition congolaise.

« il y a ceux qui souhaitent que le Boss se prononce à temps pour se choisir un dauphin, et espèrent être le ‘dauphin’ ou sont prêts à quitter la barque à temps si le dauphin désigné ne leur était pas favorable »

Notre conseiller continue :

« Il y a aussi ceux qui pressent le Boss de faire partir son premier ministre actuel [Matata Ponyo ndlr] jugé incompétent, pour mettre en place une équipe des ‘vertébrés’ qui vont distribuer les cartes (y compris financières, tribales et géopolitiques) au sein de l'opposition dans le but de renverser la tendance et faire durer le camp présidentiel ».

La configuration des équipes de l’Hôtel Béatrice ne le dément pas. Alors que des figures de l’oppositions connues, José Makila, Jean Lucien Bussa et bien sûr, Vital Kamerhe avaient rejoint le train du dialogue.



La faute à Genval ?

Jusque-là, les tenants de la ligne d’ouverture vers une frange de l’opposition, que notre conseiller ne cite pas, avaient du mal à se faire entendre. Coincés entre un premier ministre « fermé » qui ne voulait pas entendre parler « d’argent » pour aller voir les opposants et un autre clan, le plus dur, mené par le directeur général des renseignements Kalev, occupé à évincer l’ancien gouverneur de l’ex Katanga Moïse Katumbi, par tous les moyens.

Nous avons échangé avec un député PPRD qui se présente comme un des « frustrés » du système Matata, et qui symbolise ce clan marginalisé. Il accuse :

« Matata est froid, il ne veut pas d’un dialogue pour maintenir le chef et aurait pris des contacts pour être le dauphin. Tandis que les Kalev ont vu leur influence monter, ils sont dans tous les dossiers et bloquent tout ».

Une véritable illustration d’une guerre des lignes au sommet de l’État. Alors que le pouvoir enregistre des déconvenues sur tous les terrains : sanctions américaines contre le Général Kanyama, voyage raté de Kikaya Bin Karubi à Washington, ainsi que des nombreux allers retours improductifs de Raymond Tshibanda à New York. Des ratées en série. Jusqu’à la faille de…Genval.

En se réunissant dans la banlieue bruxelloise le 10 juin 2016, l’opposition rassemblée autour d’Étienne Tshisekedi vient de faire un grand coup en montrant une image d’unité. Mais en laissant, dans le même temps, le chef de fil de l’UNC, Vital Kamerhe, sur la touche, les conférenciers de Genval ne le savent pas encore. Ils viennent de laisser une faille dans laquelle le pouvoir va s’engouffrer.

Retour à notre conseiller. Voici ce qu’il nous déclare à propos, justement, de Vital Kamerhe :

« Se sentant dépassé par les nouveaux venus dont le rayonnement international est supérieur au sien, Vital Kamerhe est tenté de s'en désolidariser, quitte à faire alliance secrète avec le pouvoir et quitte aussi à se mettre à dos ses alliés, fut-ce au prix des divisions au sein de son propre parti avec Ewanga et Lubaya », explique ce conseiller d’un cabinet stratégique du pouvoir, bien avant le coup d’éclat de l’ancien président de l’Assemblée nationale.

Une prédiction qui a fonctionné également pour ces autres « opposants qui, faute des moyens pour les prochaines échéances électorales sont tentés de rejoindre le camp du dialogue afin d’espérer des postes au gouvernement et dans le but de se constituer un pactole électoral »

Notre interlocuteur révèle encore que leur choix est motivé par leur réticence face aux nouveaux opposants (du G7), fraîchement sortis des affaires et donc, disposant des larges garanties financières et parfois diplomatiques et qui « sont opposés à toute idée de dialogue selon la formule actuelle du glissement et sont plutôt déterminés à organiser une transition dont les participants ne devront pas postuler aux prochaines élections ».

« Un vrai piège pour ceux qui n'ont pas les moyens, car cela scellerait leur mort politique après la transition », conclut le conseiller.

De quoi garnir les rangs à l’hôtel Beatrice, redonner le sourire à Joseph Kabila et…faire douter le Rassemblement.

source : http://m.cas-info.ca/rd-congo/politique/diviser-l-opposition-debaucher-les-opposants-enquete-comment-les-clans-se-bousculent-autour-de-joseph-kabila-pour-glisser/
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