Opposant et candidat déclaré à l’élection présidentielle, Moïse Katumbi Chapwe s’est, une fois de plus, livré à une séance de questions-réponses sur Twitter Morceaux choisis dans le compte-rendu fait par « AFRI.COM ».

L’ESQUISSE D’UN PROJET DE SOCIETE
Les questions de fond, relatives à son projet de société, qui préfigurent sans doute les contours d’un futur programme de campagne, ont, elles aussi, été abordées de manière préférentielle. "L’élection présidentielle est pour bientôt. Il est normal, compte tenu de ce calendrier, de voir les candidats éventuels affiner leur programme. Ne pas le faire serait acter, voire cautionner, un glissement du calendrier électoral qui est inconstitutionnel ", analyse un professeur de sciences politiques kinois.
Justement, quelles sont les priorités de Moïse Katumbi pour assurer le développement de la RDC ? Education, emploi, entrepreneuriat, infrastructures de transport, logements sociaux, traitement des déchets (une question redevenue prégnante à Kinshasa depuis quelque temps), tout y passe ou presque. Les réponses sont précises et assurées, en dépit de la limite des 140 signes imposée par Twitter (en particulier sur la gratuité de l’enseignement primaire, la construction de logements sociaux ou la salubrité publique).
Concrètement, Moïse Katumbi entend " construire une société plus juste et pacifiée dans laquelle chaque Congolais doit pouvoir penser, s’exprimer, voter, entreprendre librement. Cela passe notamment par l’instauration de l’Etat de droit, un meilleur partage des richesses, la lutte contre la corruption, l’accès aux services de base (eau, énergie, santé, école), la diversification de l’économie, l’industrialisation, l’accès à l’éducation, à la microfinance ou encore à l’emploi ".
Et le président du Tout Puissant Mazembe de préciser : " Nos richesses doivent être mieux exploitées et mieux partagées, au bénéfice du plus grand nombre. Il faut trouver le bon équilibre entre investissements internationaux et opérateurs nationaux, en réservant notamment la sous-traitance aux jeunes du pays ". En somme, l’efficacité économique, combinée à la justice sociale.
Voilà pour l’objectif. Quant à la méthode, Moïse Katumbi s’est évertué à rappeler celle qui a fait son succès lorsqu’il était Gouverneur. " Au Katanga, nous avons signé des contrats de nantissement de nos recettes entre l’Etat, les sociétés minières et les entrepreneurs, afin de réaliser de grands travaux. Nous pouvons reproduire ce modèle au niveau national avec tout type d’entreprises, exploitantes de bois ou de pétrole par exemple. Le préfinancement est possible avec un gouvernement crédible et responsable. Nous l’avons expérimenté au Katanga ".
Katumbi a enfin rappelé le rôle économique moteur que pourraient jouer, demain, les secteurs de l’agriculture et du tourisme dans une RDC pacifiée, tout en insistant sur la place à faire aux femmes et aux jeunes (développement de l’enseignement technique et professionnel, de l’esprit entrepreneurial, etc.).
" Si les Congolais me font confiance, je leur montrerai qu’une RDC meilleure, plus juste, prospère et démocratique, est possible ", a-t-il promis, rappelant au passage son bon bilan en tant que Gouverneur de la plus riche des provinces en RD Congo : " Notre action au Katanga a permis à la province de redevenir le poumon économique du pays, grâce à la promotion de la bonne gouvernance ".
D’ailleurs, " quand je suis arrivé au Katanga, il n’y avait rien. Nous nous sommes mis au travail sans nous plaindre et sommes devenus les premiers contributeurs " au budget national, répondant ainsi aux accusations de l’actuel gouverneur du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe.
Pour cet expert de la vie politique congolaise, " qu’on partage ou pas ses idées, au moins Katumbi en a et les met en avant. Il avait un bilan à la tête du Katanga. Il a désormais un programme pour diriger la RDC. En tout cas, si sa candidature était confirmée, Moïse Katumbi semblerait fin prêt à diriger la RDC ".

L’APRES 19 DECEMBRE ?
D’avenir politique, il en a été question. Beaucoup même. C’est d’ailleurs surtout sur ces questions que Moïse Katumbi, contraint temporairement à l’exil pour des raisons médicales et judiciaires, était attendu. Et il n’a visiblement pas déçu à en juger aux multiples réactions de soutien sur Twitter.
" Que faire si Joseph Kabila cherche à se maintenir au pouvoir au-delà de 2016, au mépris de la Constitution ?", lui ont demandé plusieurs twittos. "Notre Constitution a prévu l’alternance. Si le Président Kabila ne la respecte pas, nous activerons l’article 64 qui nous oblige à faire échec à la dictature ". Des mots forts.
Mais que faire dès lors en pareille situation ? " Nos actions pour éviter cela ont commencé et se poursuivent. Il est encore temps pour Joseph Kabila de partir, de sortir par la grande porte. Sinon, avec la population, nous le ferons plier. "
Mais, insiste-t-il, " nous avons besoin de la mobilisation du peuple et d’une lutte pacifique. Le sang a assez coulé en RDC ", rappelant ainsi que sa lutte était pacifique et qu’elle s’inscrivait dans le cadre de l’Etat de droit.

VERS UNE CANDIDATURE UNIQUE DE L’OPPOSITION ?
Et quid d’une éventuelle candidature unique de l’opposition ? " Le mieux placé nous amènera à la victoire. La priorité est de mettre l’intérêt du pays devant celui des individus ", tranche-t-il. Au passage, Vital Kamerhe a-t-il fait défection de l’opposition ? " Défection ? Je ne pense pas. L’UNC avec Jean-Bertrand Ewanga était bien représentée à Genval dans le cadre du Rassemblement ", a-t-il fait remarquer. Au sujet du dialogue, le Rassemblement a d’ailleurs " fixé les conditions de notre participation. Le dialogue doit porter sur l’organisation de l’élection présidentielle ". Point.
N’éludant aucune question, il confirme qu’il n’y a " jamais eu de deal " avec Joseph Kabila en vue d’une éventuelle transmission du pouvoir entre les deux hommes. " Nous espérions que ce deuxième et dernier mandat serait bénéfique pour la population et le pays mais hélas… ". Une allusion qui ne laisse aucune place au doute.

QUAND RENTREREZ-VOUS ?
Enfin, " quand rentrerez-vous au pays ? ", lui ont demandé les twittos avec insistance ? " Je reviens bientôt ", a-t-il répondu tout de go. Mais ne redoute-t-il pas en ce cas d’être jeté en prison ? " Le procès politique et grotesque n’affecte ni ma candidature ni mon prochain retour au pays ", a-t-il prévenu, martelant : "je suis candidat et j’irai au bout. C’est mon droit de citoyen congolais". Et d’insister : " je serai bientôt de retour ".
Au final, deux heures et des réponses claires et tranchées qui ont permis à celui que Joseph Kabila considère comme l’opposant le plus dangereux d’afficher toute sa confiance et sa détermination. Mais aussi, au passage, de faire taire les rumeurs sur son état de santé (" je vais bien. Comme promis, je rendrai publics les résultats le moment venu ", en faisant référence à l’agression à la seringue infectée dont il a été victime en juin dernier).
" Nous sommes un grand peuple qui sommeille. L’heure du réveil a sonné. J’ai foi en notre avenir en tant que nation ! ", a conclu celui dont la popularité ne semble guère avoir été entachée par cet exil subi. Avant d’ajouter : " je suis accessible comme cette séance de questions-réponses le montre. J’aime l’échange direct ". En RDC, le bras de fer en vue de l’élection présidentielle se poursuit. Et le régime du Président Kabila n’aura pas la partie facile. De la démocratie virtuelle à la démocratie réelle, il n’y a qu’un pas que Moïse Katumbi semble bien décidé à faire franchir à son pays… dans les délais.
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