Les déclarations faites par "Joseph Kabila", jeudi 4 août, en Ouganda, selon lesquelles les élections se tiendraient au Congo-Kinshasa après les opérations d’enrôlement - dont la date d’achèvement demeure un mystère - suscitent un véritable "tir groupé" tant sur la CENI (Commission électorale nationale indépendante) que sur le locuteur. Devrait-on parler de réveil tardif des forces politiques et sociales? Une chose paraît sûre : "Joseph Kabila" qui semble insensible au doute vient de donner à ses critiques le bâton pour se faire battre.

Dans son communiqué daté du dimanche 7 août 2016, la "Dynamique de l’opposition politique congolaise" fustige la "désinvolture" avec laquelle le président sortant "Joseph Kabila" a tenu les propos précités alors que nul ne connait la date de la clôture des opérations d’enrôlement des électeurs.

L’association de défense des droits humains "La Voix des Sans Voix", elle, estime que le moment est venu d’exiger à la CENI la publication du calendrier électoral global.

Dans un communiqué daté du 8 août 2016, la "VSV" se dit "surprise" par les propos querellés de "Joseph Kabila". "Les propos du Président de la République ont surpris tout le monde dès lors que la plupart des responsables de la CENI ont toujours subordonné la publication du calendrier électoral au consensus entre acteurs politiques après le dialogue national inclusif", lit-on.

Pour la "VSV", "Kabila", vient de "prouver" à la face du monde que "la CENI n’est pas indépendante et qu’elle obéit effectivement, comme certaines Congolaises et certains Congolais le disent et le pensent, au doigt et à l’œil de la majorité présidentielle".

Retards artificiels

Coïncidence ou pas, la polémique suscitée par l’actuel locataire du Palais de la nation intervient tombe mal pour le pouvoir kabiliste. Et ce au moment où un groupe international d’experts dit "Groupe d’étude sur le Congo" (GEC) vient de publier un rapport pour le moins accablant pour l’oligarchie en place.

A en croire ces spécialistes, le gouvernement congolais "est responsable de nombreux retards artificiels dans le processus électoral, qui ont rendu impossible le respect de la Constitution et la tenue d’élections équitables et transparentes avant la fin de l’année".

Réagissant au contenu de ce rapport à l’AFP, le ministre de la Communication et des médias Lambert Mende Omalanga ne s’est pas départi de son aplomb habituel. Il a qualifié les griefs contenus dans ce document d’"insensés". Selon lui, "l’heure n’est plus à chercher à jeter des anathèmes sur les uns". Et pourtant, il faut bien déterminer les responsabilités.

Dans ledit rapport intitulé "Congo: une bataille électorale périlleuse", ce centre de recherche de l’Université de New York (NYU) demande au gouvernement congolais de "déclarer clairement que Joseph Kabila ne sera pas candidat" à la présidentielle et qu’il "ne changera pas les articles verrouillés" de la Constitution pour se maintenir au pouvoir. "Nulle part dans la Constitution, il n’est fait mention de déclaration de non candidature", a rétorqué Mende avant d’accuser le "GEC" de "chercher la petite bête".

Le bâton pour se faire battre

Dans un document publié dimanche 7 août 2016, 33 organisations non gouvernementales demandent à la Mission onusienne au Congo de retirer son soutien à la CENI. Au motif que la "démarche actuelle" de celle-ci "viole de manière flagrante la Résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies". Adoptée le 30 mars, cette Résolution invite la CENI non seulement à "publier un calendrier complet révisé couvrant la totalité du cycle électoral" mais aussi à respecter les délais constitutionnels pour l’organisation des élections.

Réagissant à la prise de position controversée de "Joseph Kabila" en Ouganda, les 33 organisations se disent "profondément préoccupées par cette déclaration qui traduit la volonté de violer l’article 73 de la Constitution" qui astreint la CENI à convoquer le scrutin pour l’élection du Président de la République "90 jours avant l’expiration du mandat du président en exercice".

Dans une déclaration faite dimanche 7 août à radio Okapi, l’avocat Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) ne dit pas autre chose. Pour lui, les allégations de "Joseph Kabila" ouvrent d’une "manière officielle, la voie au glissement". En tant que société civile, il rappelle que «les opérations d’enrôlement font partis d’un calendrier électoral. La CENI ne doit pas se lancer à faire l’enrôlement sans avoir préalablement présenté et publié un calendrier».

On ne pourrait s’empêcher de regretter le "réveil tardif" des représentants des forces politiques et sociales dans la mesure où cela fait plusieurs mois que la CENI clame qu’elle a besoin de 14 mois pour nettoyer le fichier électoral. Une chose paraît paradoxalement sûre: en débitant des paroles inconséquentes sur un sujet aussi complexe, "Joseph Kabila" a engagé un pari risqué en donnant à ses contempteurs le bâton pour se faire battre...

B.A.W
© Congoindépendant



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