*La Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) justifie, enfin, sa participation au Dialogue de la Cité de l’Union Africaine. Son Président, Marcel Utembi Tapa, a signé, pour ce faire, un communiqué hier, mardi 6 septembre 2016. Il insiste sur l’inclusivité du Dialogue devant prendre en compte les grandes familles politiques de l’Opposition pour donner plus de chance au pays d’aboutir à la résolution de la crise actuelle de manière consensuelle et durable.

La CENCO maintiendra sa participation au Dialogue si la Constitution est respectée dans ses articles verrouillés ayant trait au mandat présidentiel et à l’alternance démocratique au pouvoir. La CENCO se retirera du Dialogue s’il n’est pas capable de ramener la paix, de renforcer la cohésion nationale et d’offrir des meilleures conditions pour la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes. Lorsque toutes ces conditions seront réunies, il ne restera plus à la CENCO que d’inviter la Communauté internationale à veiller à la bonne application des conclusions et recommandations du Dialogue, afin d’éviter de nouveaux blocages qui résulteraient de la mauvaise foi. Le Groupe international de soutien à la Facilitation aurait, dans ce cas, un rôle actif et efficient à jouer. La CENCO, finalement, va accompagner par la prière et la sollicitude pastorale ceux qui prennent part au Dialogue et ceux qui auront librement décidé de ne pas y prendre part.

Que de non-dits !

Après analyse, on constate qu’il y a pas mal de non-dits dans le communiqué de la CENCO relatif au Dialogue national. La CENCO, en effet, prend acte des travaux du Dialogue. Une option en nette contradiction avec le Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au Changement qui considère que le Dialogue véritable et crédible n’a pas encore débuté. Le 31 août dernier, Etienne Tshisekedi, le Président du Comité des sages du Rassemblement, a transmis les termes de référence du Dialogue à l’Union Africaine. Etienne Tshisekedi demandait au Groupe international à la Facilitation de procéder sans tarder aux consultations des parties prenantes au Dialogue à savoir, d’une part, la Mouvance présidentielle élargie à tous les participants aux travaux du Comité Préparatoire de Béatrice Hôtel et, de l’autre, le Rassemblement avec ses alliés directs ou indirects. Des consultations en vue d’harmoniser leurs cahiers de charge respectifs et de dégager les éléments permettant de construire graduellement un consensus sur l’organisation des prochaines élections présidentielle et législatives dans le délai constitutionnel. Avant d’y aller, le Rassemblement maintient ses préalables relatifs à la Facilitation et aux mesures de décrispation, signe de bonne foi et de volonté politique. La CENCO, de son côté, se contente d’émettre un souhait ardent de voir des mesures de grâce s’étendre sur d’autres prisonniers politiques et des médias proches de l’opposition. Quitte à considérer les membres du Rassemblement comme des gens qui ont librement décidé de boycotter le Dialogue. Une manière de jouer à l’équilibrisme.

La Pros.



COMMUNIQUE DE LA CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO

SUR LE DIALOGUE NATIONAL

1. Dès le lendemain des élections de 2011, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), au travers de ses messages et déclarations, a toujours souhaité et soutenu un dialogue entre les forces vives de la Nation comme voie royale pour résoudre les problèmes en démocratie.

2. A l’heure où se tient le dialogue national tant attendu, la CENCO implore du Seigneur, Maître des temps et des circonstances, sa lumière pour qu’elle éclaire les cœurs et les esprits de toutes les forces vives de la Nation appelées à ce dialogue. Que toutes privilégient l’intérêt supérieur de la République et apportent leur concours pour la relance du processus électoral.

3. Fidèle à sa mission prophétique, la CENCO se fait le devoir de rappeler ce qu’elle considère comme fondamental en vue de donner une chance à un dialogue national franc et sincère, susceptible de résoudre la crise actuelle que connaît le pays et prometteur d’un avenir meilleur pour tout le peuple :

1° Un dialogue inclusif. La CENCO apprécie les gestes encourageants posés par le Gouvernement au sujet de la libération de certains prisonniers politiques et d’opinion, ainsi que de la réouverture de certains médias. Ces gestes sont de nature à contribuer à la décrispation du climat politique actuel. La CENCO souhaite ardemment voir ces mesures de grâce s’étendre également sur d’autres personnes se trouvant dans les mêmes conditions que celles qui sont libérées. Elle estime qu’un dialogue incluant les grandes familles politiques de l’opposition donnerait plus de chance au pays d’aboutir à la résolution de la crise actuelle de manière consensuelle et durable.

2° Un dialogue dans le respect de la Constitution. Pour la CENCO, le dialogue devrait se dérouler dans le respect absolu du cadre constitutionnel. Seul un dialogue qui respecte la Constitution, socle de notre jeune démocratie, en particulier, dans ses articles verrouillés ayant trait au mandat présidentiel et à l’alternance démocratique au pouvoir, est capable de ramener la paix, de renforcer la cohésion nationale et d’offrir des meilleures conditions pour la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes.

4. Ces conditions justifient la participation de la CENCO à ce forum par son délégué. La CENCO ne pourra pas maintenir sa participation à ce dialogue si le respect de ces exigences fondamentales n’était plus assuré.

5. La CENCO souhaite que la Communauté Internationale veille à la bonne application des conclusions et recommandations du dialogue national, afin d’éviter de nouveaux blocages qui résulteraient de la mauvaise foi de l’une ou de l’autre des parties. Aussi, la CENCO recommande-t-elle vivement que le Groupe international de soutien à la facilitation joue un rôle autant actif qu’efficient.

6. Tout en exhortant les forces vives de la Nation à participer à ce dialogue, la CENCO accompagnera par la prière et sa sollicitude pastorale ceux qui y prennent part ainsi que ceux qui auront, librement, décidé de ne pas y prendre part.

7. Du haut des cieux, que le Seigneur daigne voir et regarder notre pays en ce moment mêlé d’incertitudes et d’espoirs, qu’il le protège et répande sur lui ainsi que sur son peuple l’abondance de ses bénédictions (cf. Ps 79).

Kinshasa, le 06 septembre 2016

+ Marcel UTEMBI TAPA

Archevêque de Kisangani

Président de la CENCO
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