La situation explosive de la République démocratique du Congo est au centre des préoccupations de la communauté internationale. Après les tristes événements des 19 et 20 septembre 2016 à Kinshasa, les grandes capitales occidentales se trouvent plutôt à l’offensive, craignant que la RDC ne bascule dans un cycle d’horreur. De Paris jusqu’à Washington, en passant par Bruxelles, c’est un message de SOS qui est lancé pour prévenir le pire. C’est-à-dire une guerre civile de grande ampleur.

A la cité de l’UA où se tiennent depuis le 1er se
ptembre 2016 les travaux du Dialogue politique national, Edem Kodjo, facilitateur désigné de l’UA, a annoncé une plénière aujourd’hui vendredi. Est-ce la clôture ou la poursuite des travaux entamés en commissions ? On en saura beaucoup plus dans les heures qui suivent.

Néanmoins, entre les grandes forces présentes au Dialogue, à savoir la Majorité présidentielle et l’Opposition menée par Vital Kamerhe, les violons sont encore loin de s’accorder. Des points de divergence persistent toujours entre les deux camps, notamment dans la composition du gouvernement de « large union nationale » qui sortira du Dialogue et surtout le chronogramme précis du cycle électoral. Est-ce que les deux camps vont dégager un compromis à la séance de ce vendredi ? Difficile à prédire. A moins qu’Edem Kodjo décide de se jeter dans le vide. On voit très mal le dialogue se clôturer dans un climat aussi tendu.

L’Eglise catholique, via la Cenco, ayant claqué la porte, le dialogue de la cité de l’UA a perdu une bonne partie de sa consistance. C’est dans ce contexte de haute tension que le facilitateur estime trouver le parfait sésame pour rapprocher les parties au dialogue. Illusions optiques.

Le risque est tellement grand que c’est au-delà des frontières de la RDC que la grogne s’intensifie. Longtemps hésitante sur la meilleure combinaison à mettre en œuvre pour aider la RDC à sortir de la crise pré-électorale, la communauté internationale ne cache plus ses préférences pour un dialogue inclusif ouvert aux acteurs majeurs de la crise. Elle a donc tiré les leçons des manifestations des 19 et 20 septembre. De Paris jusqu’à Washington, en passant par Bruxelles, des voix s’élèvent pour réclamer plus de pression sur le régime de Kinshasa aux fins de la libération du processus électoral pour une alternance démocratique apaisée au sommet de l’Etat.

L’Occident passe à l’action

Plus explicite, Paris fait déjà état d’un spectre de « guerre civile » en RDC. « La situation en RDC es très dangereuse et extrêmement préoccupante », a indiqué en début de semaine le ministre français des Affaires étrangères, Jean Marc Ayrault.

Ton ferme également à Bruxelles où Didier Reynders, de passage à New-York à la dernière Assemblée générale des Nations unies, a souligné la nécessité de parvenir le plus rapidement à une solution pour tirer la RDC du gouffre. « Nous sommes tous terriblement préoccupés par la violence qui sévit dans ce pays ces dernières heures. Nous appelons tous les protagonistes à la retenue. Il est évident que, dans un scénario comme celui-ci, nous insistons d’abord auprès des responsables de l’Etat pour qu’ils évitent toute violence disproportionnée », a rappelé le chef de la diplomatie belge.

Si Paris et Bruxelles ne privilégient pas encore l’option des sanctions de tous genres contre certains dirigeants congolais, Washington, par contre, semble avoir déjà levé cette option. Après des sanctions prononcées en juin 2016 contre le général Célestin Kanyama, chef de la police de la ville de Kinshasa, deux généraux proches de Joseph Kabila ont subi de nouvelles sanctions des Etats-Unis. Il s’agit du général-major Gabriel Amisi alias Tango Four, commandant de la zone Ouest de la défense, et du général John Numbi, ex-commissaire général de la Police nationale congolaise.

Washington motive sa décision par le fait que « ces responsables, actuel et ancien, du gouvernement de la République démocratique du Congo, se sont engagés dans des actions qui ont sapé le processus démocratique en RDC et réprimé les libertés et droits politiques du peuple congolais, risquant de répandre l’instabilité dans le pays et plus largement dans la région des Grands Lacs ». C’est tout dire. Est-ce d’autres dirigeants congolais devraient allonger cette liste ? Rien n’est exclu. Car, au-delà des principaux hauts gradés de la police et de l’armée, il y a aussi des acteurs politiques de la Majorité au pouvoir qui alimentent les tensions pré-électorales. De ce point de vue, l’on doit s’attendre à des nouvelles sanctions de la part de Washington.

La situation est tellement préoccupante que le Département d’Etat américain a, dans un communiqué diffusé le mercredi 28 septembre 2016, appelé le personnel non essentiel de son ambassade et tout Américain résidant en RDC de quitter le sol congolais. Un message précurseur qui présage des conséquences qui résulteraient d’une absence de compromis entre parties congolaises.

Que retenir ?

La RDC est à la croisée des chemins. C’est le moins que l’on puisse dire. Et la communauté internationale qui est bien au courant du projet macabre qui se concocte contre la RDC et son peuple, tient à barrer la route à ceux qui ont juré de mettre à feu et à sang la patrie de Patrice Emery Lumumba. D’où, ces multiples appels au dialogue inclusif pour une issue pacifique de la crise politique congolaise.

Mais, le plus grand problème aujourd’hui, c’est la Majorité au pouvoir qui s’est enfermée dans une tour d’ivoire, se rendant presque sourde à tous les appels à la raison lancés par la communauté internationale. Il y a, autour de Kabila, des gens qui ont des ambitions cachées, notamment précipiter la balkanisation de la RDC en entretenant systématiquement le chaos.

Ce scenario d’apocalypse qui ne va pas en faveur aussi bien de la MP que de l’Opposition peut être évité si tout le monde parvenait à mettre de l’eau dans son vin. Il s’agit de mettre en avant les seuls intérêts de la RDC et de son avenir qui s’assombrit au jour le jour. Il est temps, pense-t-on, pour les forces politiques et sociales du pays de taire leurs ambitions égoïstes pour éviter la guerre civile qui se trouve déjà aux portes de la RDC.

Les Américains, les Français et les Belges ont déjà alerté. C’est aux acteurs clés de la crise congolaise de se ressaisir à temps, en prenant la juste mesure de cet appel de crainte de la communauté internationale qui tient à épargner la RDC d’une hécatombe qui serait fatale pour sa survie en tant que nation.

LP/BL/LC

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