Un mémorandum jamais abrogé vingt trois ans après, a totalement déréglé le système d’enseignement en République Démocratique du Congo, déplore la Synergie des Syndicats des Enseignants de la RD-Congo à travers une lettre ouverte intitulée : « l’école Congolaise coûte trop chère aux pauvres», adressée aux Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO). A en croire la Synergie des Enseignants Congolais, ici représentée par M. Jean-Bosco Puna, son Porte parole, la décision courageuse d’initier le système de prise en charge des Enseignants par les parents, prise en son temps, le 10 septembre 1993, par le Cardinal Laurent Monsengwo, alors Archevêque de Kisangani et Président de la CENCO, de commun accord avec tous les Evêques, a totalement détruit le système éducatif congolais et met lourdement en hypothèque l’avenir de la jeunesse. A ce jour, insiste-t-elle, le système s’est enraciné, tacitement institutionnalisé au point qu’il est difficile à le corriger parce que le Gouvernement, l’église catholique, le gouvernorat de la Ville-province de Kinshasa…, tout le monde s’y retrouve. C’est en vain que le même Archevêque avait tenté, en juillet 2004, d’adresser un mémorandum au Ministère de l’EPSP, exprimant sa sincère compassion pour la levée de cette décision qui avait pour objectif, d’éviter les années blanches à répétition. Une alternative qui semblait provisoire mais aujourd’hui, devenue suicidaire au regard de conséquences graves qu’elle a engendrée, à savoir: la clochardisation des Enseignants, la baisse criante d’année en année du niveau de l’enseignement et la paupérisation à outrance des parents.

Pour les Enseignants, c’est l’église de la RDC dont l’image est ternie qui avait allumée le feu. Il revient à elle seule, de l’éteindre pour que ce système éducatif de prédation soit contrarié dès le mois de janvier 2017.

Ci-après, l’intégralité de la lettre ouverte de la Synergie des Enseignants de la RDC et le Mémorandum de la CENCO adressé au Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel, dûment signé par Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kisangani et Président de la CENCO.



SYNERGIE DES SYNDICATS DES ENSEIGNANTS DE LA RDC

SYNECAT-CCT-SYNEP-FORCE AGISSANTE

LETTRE OUVERTE DES ENSEIGNANTS DE LA RDC A L’ATTENTION DES EVEQUES DE LA CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO

« CENCO»

« L’école Congolaise coûte trop chère aux pauvres »

Excellences, nos pères spirituels,
Le 10 septembre 1993, l’épiscopat de l’Eglise Catholique de la RDC avait pris la décision courageuse d’initier le système de prise en charge des Enseignants par les parents comme mode de gestion et de fonctionnement des écoles. L’objectif poursuivi par cette décision était d’éviter les années blanches à répétition, en attendant que l’Etat se réorganise et assume ses prérogatives régaliennes.

Le 03 juillet 2004, soit dix ans après, vous avez été attentifs au cri de détresse du peuple de Dieu à travers un mémorandum qui remettait en cause ledit système pour de graves carences constatées en l’occurrence: la clochardisation des Enseignants, la baisse criante d’année en année du niveau de l’enseignement et la paupérisation à outrance des parents. Le mémorandum traduisait votre sincère compassion et était adressé au Gouvernement de transition de l’époque pour des mesures correctives.
Aujourd’hui (2016) Vingt-trois ans après, le système s’est enraciné dans notre culture défiant ainsi notre loi fondamentale, les politiques publiques de différents gouvernements ainsi que votre mission sacrée de protéger les pauvres.
Les produits de nos écoles, de nos universités laissent à désirer à jamais.

Votre mémorandum jamais abrogé reste d’actualité et fonde notre interpellation à l’intention de votre haute responsabilité prophétique pour que ce système éducatif de prédation qui ne cesse de tenir l’image de l’Eglise de la RDC, soit contrarié à partir de janvier 2017.
Nos efforts à tous, en tant que partenaires du système éducatif se focaliseront sur la session budgétaire prochaine pour plus de justice.

Que votre lumière nous édifie.

Fait à Kinshasa, le 31 Août 2016

Pour la Synergie des Syndicats des Enseignants de la RDC

Jean BOSCO PUNA

Porte parole



CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO

Présidence

B.P. 3258- KINSHASA/GOMBE

Mémorandum des Evêques de l’Eglise Catholique de la République Démocratique du Congo au Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel

Excellence Monsieur le Ministre,

Interpellés au plus profond de notre conscience de pasteurs d’un peuple qui ne cesse de crier sa misère et plus particulièrement d’une jeunesse dont l’avenir nous préoccupe beaucoup, nous prenons la liberté de vous adresser le présent mémorandum, expression de notre sincère compassion.

En effet, réuni en Assemblée plénière du 30 août au 10 septembre 1993, l’Episcopat de l’Eglise Catholique de la République Démocratique du Congo, devant la situation scolaire qui prévalait dans le pays, avait levé l’option qu’il considérait comme le moindre mal, celle de voir les écoles fonctionner, moyennant la contribution des parents.

Cette alternative que l’on avait crue provisoire à l’époque, a été tacitement institutionnalisée pour le plus grand malheur des parents, de leurs enfants, des enseignants et de tout notre système éducatif.

Depuis dix ans maintenant, malgré quelques aspects positifs de ce système, notamment;

Le désamorçage des années blanches;
Le fait d’avoir évité à l’élève le vagabondage, la délinquance, la dépravation des mœurs pendant les années de grève;
L’interpellation des parents dans la responsabilité qui leur incombe d’éduquer leurs enfants ;
Le soulagement de la misère de certains enseignants, surtout en ville et dans les grands centres; des voix n’ont cessé de stigmatiser le système à cause des aspects négatifs suivants:
La démission tacite de l’Etat devant ses responsabilités;
L’essoufflement financier des parents et/ou l’incapacité des parents de continuer à prendre en charge les enseignants, car eux-mêmes pour la plupart impayés ou sans emploi.
La détermination, voire le mépris de la condition sociale de l’enseignement;
La régression du niveau de l’enseignement;
La baisse, d’année en année, du taux de scolarisation ;
La marginalisation ou la privation des enfants des familles pauvres, majoritaires dans notre pays, du droit élémentaire et sacré à l’éducation
Le favoritisme des enfants des familles riches par l’enseignement de qualité.
Etant donné la gravité de ces maux qui rongent continuellement notre système éducatif et hypothèquent ainsi lourdement l’avenir de notre jeunesse;

Considérant que la situation salariale de l’enseignant constitue l’un des éléments moteurs pour le redressement de notre appareil éducatif;

Attendu que presque tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête de notre pays n’ont réalisé aucune de leurs promesses, tout en soutenant paradoxalement que l’Education est la priorité des priorités ;

Nous, Cardinal, Archevêques, Evêques et Administrateurs diocésains, réunis en Assemblée Plénière du 28 juin au 3 juillet 2004, vous informons que nous mettons fin au système de la prime accordée aux enseignants par les parents, dans les écoles conventionnées catholiques, à dater du 31 décembre 2004 et demandons au Gouvernement de Transition que vous représentez de bien vouloir payer aux enseignants un salaire décent, équitable et régulier.

En tout état de cause, nous déclinons toute responsabilité devant les réactions que pourrait engendrer l’indifférence de l’Etat face à la présente requête.

Tout en restant ouverts au dialogue pour une éventuelle solution concertée, nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération.

Fait à Kinshasa, le 3 juillet 2004

Pour la Conférence Episcopale Nationale du Congo

+ L. MONSENGWO PASINYA

Archevêque de Kisangani et

Président de la CENCO
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