Le dialogue piétine. A la Majorité, tout comme chez l’allié PALU et à l’Opposition, les états-majors ont tous un slogan: «On ne lâche rien!». Ça coince depuis lundi 12 septembre 2016 parce qu’un député placé pour le compte de la MP à la tête de la très sensible.

Commission «Elections», le Secrétaire général adjoint du PPRD, réputé casseur des motions contre le Premier ministre à l’hémicycle, a confondu Parlement et table des négociations, s’est écrié un délégué de l’Opposition décidé d’en découdre
Des détails croustillants de la plénière tendue de la Commission «Elections», la plus sensible de toutes au dialogue, qu’AfricaNews a pu reconstituer grâce à l’efficacité de ses fins limiers.
Alors qu’il s’est séparé de Vital Kamerhe à cause du dialogue, Claudel André Lubaya, l’ex-Secrétaire général adjoint de l’Union pour la nation congolaise -UNC-, a gardé les yeux rivés sur ce qu’il appelle «les travaux du Camp militaire», le camp Tshatshi, qui jouxte la Cité de l’Union Africaine, où les délégués de la Majorité présidentielle, de l’Opposition et de la Société civile se réunissent depuis le 1er septembre dernier autour du facilitateur Edem Kodjo, sans la participation de quelques grosses écuries de l’Opposition comme l’UDPS, le G7, la Dynamique de l’Opposition…, en vue de trouver une issue à la crise RD-congolaise.
Le 10 septembre 2016, Lubaya donne l’alerte sur son compte Twitter: «Les délégués MP au dialogue viennent de finir le débriefing. Consigne: contrer toute initiative de l’Opposition et faire passer le schéma Nangaa en Commission».
Lubaya est donc au courant de ce que mijote la Majorité avant l’entame de l’étape décisive du dialogue. Pour lui, «la Majorité présidentielle est allée à la Cité de l’Union Africaine pour arracher ce qu’elle avait perdu au Parlement en janvier 2015: prolonger coûte que coûte le bail de Kabila».

Séquence des élections, le plus grand commun diviseur
Le 12 septembre 2016, les journalistes permanents au dialogue, relayés par les réseaux sociaux, font état de la suspension de la participation de l’Opposition aux assises. Vital Kamerhe, Samy Badibanga, Mokonda Bonza et leurs amis n’ont pas pu accorder leurs violons avec leurs co-débatteurs de la Majorité présidentielle. L’enjeu est de taille: la séquence des élections. Une question de vie ou de mort.
Pourtant, à la co-présidence de la Commission «Elections», la Majorité présidentielle a placé pour son compte le député national Ramazani Shadari, secrétaire général adjoint du PPRD dont la position sur cette question est connue: les locales et les provinciales en priorité, la présidentielle en dernier lieu.
Dans la salle, Ramazani affiche une arrogance déconcertante, confie-t-on.

Sans égard pour la co-présidente Elysée Dimandja de l’Opposition, il prend la parole, oublie que le dialogue est consacré à la recherche du compromis et donne la sentence: «l’Opposition a été minorisée par la Société civile, le groupe des personnalités et la Majorité présidentielle sur la séquence des élections. Les locales et les provinciales viendront avant la présidentielle», rapporte-t-on
Tollé. Par la bouche de l’UDPS Samy Badibanga, l’Opposition réplique et fait savoir qu’elle a déjà fait une grande concession en acceptant «un glissement technique» à travers le principe de la refonte totale du fichier électoral.
Vives protestations de l’Opposition
Selon un autre Tweet de François Muamba, fraîchement parti du Mécanisme national de suivi -MNS-, l’Opposition a adhéré au projet «d’une transition de 2 ans, plus en mirage une présidentielle, mais une modification bien réelle de la Constitution sur le parcours».
Une affirmation rejetée dans sa dernière moitié par les délégués de la composante Opposition au dialogue, qui jurent qu’ils n’entendent pas aller au-delà du «glissement technique», surtout pas de gober toutes les propositions de la Majorité en cautionnant le plan de terminer les élections par la présidentielle.
Pour l’Opposition, il y a lieu de commencer par la présidentielle, à l’origine de la crise, couplée aux législatives provinciales ou nationales, soit la présidentielle et les législatives au même moment.

Faute de se faire entendre et refusant de subir le diktat de la Majorité, l’Opposition décide de suspendre sa participation aux travaux.
Au-delà de cette posture dictée par la position de l’opinion où les opposants présents au dialogue sont traités de tous les pires noms -comme ce tweet «les vautours de la République, vous avez trahi, trompé, sacrifié le peuple en prolongeant le mandat de Kabila sans préalables»-, il s’agit pour Kamerhe et ses camarades de protester contre l’attitude de Ramazani Shadari, l’homme par qui est arrivé le scandale, le blocage.
L’appui de l’Eglise catholique et la menace du PALU
A en croire les opposants présents aux assises de la Cité de l’Union Africaine, Shadari a confirmé la réputation de bad boy qu’il s’est taillée à la Chambre basse, où il passe pour le casseur des motions contre le Premier ministre ou les ministres MP, peu importe le motif de leur interpellation. «Mais il a confondu la tribune de l’Assemblée nationale et la table des négociations, le dialogue, un espace où doit primer la recherche du compromis», dégaine un cadre de l’Opposition.
En attendant que la Majorité règle l’éternel problème de casting qui lui colle depuis des lustres, l’intervention de Shadari, auteur des propos déplacés contre les Rwandais à l’origine de la révocation de Christophe Kolomoni de la RTNC, pris pour un «criminel» et peint de la pire des manières dans certains milieux, fâche et démobilise.
Comme l’Opposition, la Conférence nationale épiscopale du Congo -CENCO-, la voix la plus audible de la Société civile, a annoncé dans un tweet mardi qu’elle accorde, elle aussi, la priorité à la séquence «présidentielle-législatives», la jugeant susceptible d’accorder tout le monde.

Le même jour, Tom Periello, envoyé spécial des Etats-Unis en RD-Congo, a réitéré la position de Washington: la présidentielle avant tout.
Pas d’accord avec la manière d’agir de la Majorité, le vétéran Antoine Gizenga, a rappelé en consultations les délégués du PALU au dialogue, dénonçant l’opacité de la Majorité présidentielle sur les questions de fonds et appelant à une rencontre de clarification avec l’allié Joseph Kabila dans les meilleurs délais. Les observateurs sont formels: «le PALU, frustré, est sur le point de plier ses dossiers au dialogue. Le communiqué de Gizenga n’est qu’une menace à peine voilée».
Le dialogue piétine. A la Majorité, tout comme chez l’allié PALU et à l’Opposition, les états-majors ont tous un slogan: «On ne lâche rien!». Ça pourrit de partout. Ça coince à cause de l’excès de zèle du Secrétaire général adjoint du PPRD, qui s’est trompé de tribune. Du vrai boulot pour le facilitateur Edem Kodjo, contraint de courir derrière le temps qui, selon ses propres termes mardi à la conférence de presse, «ne joue pas avec nous».
AKM
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