«Le Président de la République saisit cette occasion pour rappeler à la classe politique et à toutes les forces vives de la Nation, que le recours à l’insurrection ou aux actes d’intolérance ne peut constituer l’alternative au dialogue présentement en cours pour régler les difficultés nées de l’organisation de nouveaux scrutins prévus par la Constitution et les lois pertinentes de la République, en temps voulu. Il exhorte, à cet effet, ceux qui sont encore en marge dudit processus, de le rejoindre sans attendre, en vue de renforcer le consensus électoral et politique en construction et d’épargner à notre peuple des souffrances injustifiées sur l’autel des ambitions politiques. » Cet appel pathétique a été lancé par le Président Joseph Kabila au lendemain des violences meurtrières qui ont émaillé la ville de Kinshasa, Capitale de la République Démocratique du Congo. Depuis New York, Thomas Perrielo, Envoyé spécial du Président Barack Obama dans la région des Grands Lacs, vient, dans la même optique, de lâcher ce qui suit : « Le gouvernement des Etats-Unis soutient le dialogue facilité par Edem Kodjo et l’Union Africaine. Nous avons encouragé tout le monde à participer au dialogue. Nous n’avons pas réussi à convaincre certains leaders de l’Opposition les plus importants à participer, mais nous apprécions le risque politique pris par ceux qui ont choisi de prendre part à un dialogue qu’un grand nombre de Congolais estime être controversé. Nous apprécions le rôle que l’Eglise Catholique a joué en intervenant pour trouver une voie à suivre consensuelle. Nous continuons de croire que le dialogue est la meilleure option possible, et nous continuerons de fournir des efforts afin d’assurer qu’il représente la société congolaise de la manière la plus inclusive qui soit. » Pour ne pas tourner autour du pot, la communauté internationale ne doit ménager aucun effort en vue de mettre rapidement autour les trois acteurs majeurs à même de préserver la paix et la stabilité de la RDC jusqu’à la tenue des prochaines joutes électorales, à savoir : Joseph Kabila, Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe, respectivement premier, deuxième et troisième dans l’ordre d’arrivée à la dernière présidentielle de 2011. Seul ce vrai Dialogue pourra renforcer le consensus électoral et politique en construction et aussi baliser la voie pour un processus électoral démocratique, crédible et surtout apaisé. Qui peut alors réunir ces trois grands leaders ?

Joseph Kabila est en même temps Président de la République, Chef de l’Etat, en exercice et Autorité morale de la Majorité Présidentielle (MP). La famille politique du Président Kabila participe, d’ores et déjà, activement au Dialogue à la Cité de l’Union Africaine, à Kinshasa, sous la facilitation du Togolais Edem Kodjo. Seul le mot d’ordre ou le quitus de Joseph Kabila peut permettre aux délégués du camp présidentiel de signer l’accord politique en gestation. A l’heure actuelle, les assises de la Cité de l’Union Africaine se butent à une divergence majeure relativement au calendrier électoral (la date des élections) et la date de la remise-reprise entre le Président élu et le Président sortant. Partie prenante au Dialogue, les princes de l’Eglise Catholique subordonnent la reprise de leur participation aux travaux de ce forum national à la signature d’un accord politique qui répondrait aux quatre conditions suivantes : il devra être clairement établi et stipulé que l’actuel Président de la République [Joseph Kabila] ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle à organiser le plus tôt possible ; les dates des élections devraient être fixées dans ledit accord ; le plan de décaissement de fonds doit être clairement défini dans cet accord ; la composition du comité de mise en œuvre de cet accord ainsi que son planning de travail devront être mentionnés dans cet accord. L’avis du Président de la République est requis pour répondre nombre de ces préalables. Pour l’Américain Thomas Perrielo, le Président Kabila est l’homme le plus puissant de la RDC qui a aidé le pays à sortir de la guerre et à retrouver la paix, l’homme dont la famille est associée à la création de l’Etat congolais moderne et qui doit être félicité pour cela. Cet émissaire du Président des Etats-Unis d’Amérique considère que la crise actuelle sera vite désamorcée, la solution trouvée immédiatement, si et seulement si Joseph Kabila prononce cette seule phrase : « J’ai l’intention de permettre la tenue des élections à l’issue desquelles je remettrai le pouvoir à mon successeur ». Pourquoi ne le dirait-il pas à l’issue d’une telle tripartite ?

Etienne Tshisekedi est le Président national de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), la fille aînée et première force de l’Opposition congolaise, et aussi à la tête du regroupement politique dénommé Rassemblement qui a vu le jour à Genval, une banlieue bruxelloise. Lors de son meeting qui a drainé une foule importante sur le Boulevard Triomphal, dimanche 31 juillet 2016, le Sphinx de Limete a publiquement désavoué le Facilitateur international désigné par l’UA, Edem Kodjo, le traitant de « kabiliste » et a donné un « préavis » de trois mois, à compter du 19 septembre 2016, au Président de la République en exercice, Joseph Kabila. Cette frange radicalisée de l’Opposition menée par Ya Tshitshi a tourné le dos au forum de la Cité de l’UA nonobstant la suite favorable à la plupart de ses préalables dont la libération des « prisonniers politiques ». Au lendemain de l’ouverture du Dialogue, le patriarche Tshisekedi et son camp ont à nouveau récusé Edem Kodjo lors de la rencontre avec le Président du Congo d’en face, Denis Sassou N’Guesso, à Kempiski Fleuve Congo Hôtel. Seraient-ils alors favorable au schéma que vient de proposer le Vice-premier Ministre et Ministre Belge des Affaires Etrangères, Didier Reynders, leur « maître à penser », à qui les conclavistes de Genval avaient réservé la primeur des conclusions de leur cogitation ? Ce diplomate préconise, en effet, la tenue d’un nouveau Dialogue davantage inclusif sous la facilitation de l’Algérien Saïd Djinnit désigné par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Sans Kodjo, le Rassemblement va peut-être renoncer à la voie insurrectionnelle qui a ôté la vie à plusieurs Congolais, le 19 et 20 septembre derniers, et qui a causé d’énormes dégâts matériels sur différents coins de la capitale. Dans son discours d’ouverture des assises de Genval (Belgique), le lider maximo disait que Dialogue, « la voie royale », fait partie de l’ADN des Congolais. Tshisekedi refusera-t-il d’échanger avec son compatriote Kabila et de fumer ensemble le calumet de la paix ? Wait and see.

Vital Kamerhe, Président national de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et co-modérateur du Dialogue pour le compte de l’Opposition, est le plus conciliant. Déjà à l’ouverture de ce forum national, jeudi 1er septembre, cet ancien Speaker de la Chambre basse du Parlement congolais avait publiquement sollicité un tête-à-tête avec le Président Kabila. Il incarne la frange de l’Opposition pro-Dialogue qui va signer l’historique et consensuel accord politique avec le camp présidentiel en vue d’une Transition limitée dans le temps qui va déboucher sur des élections crédibles et apaisées. Cependant, ce groupe d’opposants vient de suspendre encore une fois sa participation au Dialogue afin de se recueillir en mémoire des morts de la récente escalade de la violence. Le groupe de Kamerhe affirme avoir levé l’option de prendre part au Dialogue, conformément à la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, sous la facilitation de l’Union Africaine et l’accompagnement du Groupe International de Soutien (ONU, UE, UA, OIF, SADC, CIRGL), puisqu’il considère ce schéma comme unique voie qui permette une issue pacifique à la crise actuelle. A mi-chemin, il est déjà acquis la refonte du fichier électoral en vue de la prise en compte de nouveaux majeurs et des compatriotes vivant à l’étranger, la priorisation des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales dans la séquence des élections. Selon l’Opposition pro-Dialogue, tout accord issu de ce forum devra mentionner entre autres : la réaffirmation de la stricte observance de la Constitution notamment, en ses articles 220 et 70, s’agissant du nombre et de la durée de mandat du Président de la République ; la date de dépôt de candidature et celle de tenue du scrutin ; le sort du Président de la République après le 19 septembre 2016 ; la recomposition de la CENI. Nombre de ces points convergent avec les desiderata des anti-Dialogue. Pourquoi alors chercher à plonger cet immense et beau pays dans le chaos, le bain de sang ?

En définitive, les trois acteurs majeurs Joseph Kabila, Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe doivent dialoguer, sous les auspices du Président Denis Sassou N’Guesso du Congo voisin ou du Président en exercice de l’Union Africain, le Tchadien Idriss Deby, afin de dépolluer le paysage politique congolais tripolarisé, de désamorcer la crise grave, l’hécatombe, qui profile à l’horizon. Après cette tripartite, des délégués de chaque camp pourront alors tranquillement mettre sur pied un accord politique et électoral consensuel. Au Gabon, le Président élu Ali Bongo cherche à dialoguer avec son challenger Jean Ping pour arrêter l’escalade de la violence. Les ambitions politiques ne doivent pas primer sur l’intérêt supérieur de la Nation. Le sang des Congolais a déjà trop coulé. Vivement la paix !
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