Le vice-ministre chargé des Congolais de l’Etranger est très présent dans le débat politique depuis un certain temps. Après avoir promis des sanctions contre la Belgique, en guise de représailles à la décision du ministère des Affaires Etrangères de l’ancienne métropole réduisant de 12 à 6 mois la validité des visas diplomatiques accordés aux autorités et diplomates congolais, le revoici au « front » pour exiger, tout haut, l’organisation d’un référendum constitutionnel.

Dans un entretien avec un journaliste congolais, Antoine Boyamba estime que la Constitution actuellement en vigueur pose trop de problèmes aux Congolais, surtout aux membres de la classe politique. A son avis, il y a tellement d’articles qui divisent les politiciens congolais que l’unique solution pour mettre tout monde d’accord serait de consulter le souverain primaire, soit pour sa révision partielle, soit pour sa refonte totale, soit encore pour son maintien en l’état.


Selon ce membre du gouvernement, si le Dialogue en cours à la Cité de

l’Union Africaine n’arrive pas à accoucher de l’Accord politique à

signer par les trois « composantes » qui y prennent part, à savoir la

Majorité Présidentielle, l’ Opposition et la Société Civile, c’est en

raison de divergences d’interprétation de la Constitution au sujet du

mandat présidentiel, des élections présidentielle, législatives

nationales et provinciales, du contrôle de la Primature, etc. Il a

fait de l’ironie en soulignant que même les couleurs du drapeau

national, le nombre des députés, la nationalité… constituent des

points de désaccord entre de nombreux concitoyens.

Comme toute œuvre humaine, a-t-il fait remarquer, la Constitution de

la RDC est loin d’être parfaite. En France, a-t-il rappelé, la

Constitution a déjà connu cinq révisions depuis l’instauration de la

République. Dans un Etat comme la Suisse, a-t-il également fait

savoir, toute matière soulevant controverse est systématiquement

soumise à un référendum. Par conséquent, les révisions

constitutionnelles ou « votations » ne se comptent plus.

Compte tenu du manque de confiance entre la majorité au pouvoir et

l’opposition, a dit Boyamba, le référendum constitutionnel à organiser

en RDC pourrait être supervisé par des experts des Nations Unies.




Quel budget et quel corps électoral ?




Des analystes politiques ayant suivi la sortie médiatique du

vice-ministre des Congolais de l’Etranger, ont d’emblée émis plusieurs

réserves quant au bien-fondé et à l’innocence d’une telle démarche.

Pour nombre d’entre, l’idée d’amener le peuple congolais au référendum

comporte un agenda caché visant à déverrouiller certains articles de

la Constitution qui interdisent au pouvoir en place de « glisser » et

à l’actuel Chef de l’Etat de briguer un troisième mandat. Ils

s’étonnent qu’un gouvernement qui allègue le manque de moyens pour

renvoyer l’élection présidentielle aux calendes grecques puisse être,

subitement, en mesure de dégager des fonds pour organiser un

référendum.

Financièrement en effet, un référendum constitutionnel coûterait

autant qu’une élection présidentielle, étant donné que le corps

électoral devrait être composé de l’ensemble des citoyens congolais en

âge de voter, au pays comme à l’étranger. S’agissant précisément du

corps électoral, il ne pourrait être connu qu’après les opérations de

refonte du fichier électoral que mène la CENI (Commission Electorale

Nationale Indépendante) et dont tout le monde pressent qu’elles vont

aller au-delà du délai de 16 mois estimé par cette institution d’appui

à la démocratie.

Au regard de ces deux facteurs, un référendum constitutionnel, au

lieu de décrisper la situation politique, ne ferait qu’aggraver la

fracture politique et sociale que connaît présentement le pays. La

solution à la crise politique congolaise est à chercher dans un

dialogue inclusif, lequel permettrait aux différents protagonistes de

trouver un consensus autour de toutes les questions électorales qui

fâchent. Jusque-là, la Constitution ne souffre que d’un mal : le refus

des décideurs politiques de l’appliquer correctement.

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