Impopulaire depuis toujours à Kinshasa, Kabila, qui s’exprime avec difficulté en lingala, la langue de la capitale, a développé une «paranoïa»du coup d’Etat, note Christophe Rigaud : «Pendant un moment, il portait un gilet pare-balles sous sa veste en permanence, tout le monde trouvait qu’il avait beaucoup grossi.» Le meurtre de son père lui a aussi appris à se méfier de son entourage. Si sa sœur jumelle, Jaynet, conserve toute sa confiance, rares sont les proches qu’il a gardés auprès de lui tout au long de sa présidence. Mais, selon les observateurs, ceux-là se sont considérablement enrichis depuis son arrivée au pouvoir (les Panama Papers ont récemment révélé l’existence d’une lucrative société offshore enregistrée au nom de Jaynet).



«Sur ce plan, il n’y a aucune rupture. Tout comme Mobutu avant lui, Joseph Kabila ne fait pas de différence entre les coffres de l’Etat et ses propres poches, poursuit le journaliste. Sa province d’origine [le riche Katanga] est un tiroir-caisse dans lequel il puise allègrement.» Le budget du Congo, plus vaste pays d’Afrique noire, est de 7 milliards d’euros, l’équivalent de celui de la ville de Paris. En 2016, il pointe au 184e rang (sur 189) dans le classement Doing Business de la Banque mondiale. L’espérance de vie y est de 49 ans, l’une des trois plus basses de la planète.

Mais Joseph Kabila a d’autres chats à fouetter. Son second mandat expire le 20 décembre 2016 et la Constitution lui interdit de se représenter. Mater dans le sang le peuple qui demande son départ est«une chose qu’il sait faire», commente Christophe Rigaud. Au moins 17 personnes ont été tuées à Kinshasa, lundi, dans des affrontements en marge d’une marche de contestation. Dans la nuit, les sièges de trois partis d’opposition, dont l’historique UDPS, ont été incendiés. Plusieurs personnes ont été «brûlées vives», a constaté une journaliste de l’AFP.

Quel artifice va désormais employer Joseph Kabila pour s’accrocher légalement au pouvoir ? Le Président vient déjà de s’offrir du temps. Le«nettoyage» du fichier électoral, préalable à l’élection présidentielle, va reporter le scrutin d’au moins seize mois. Entre-temps, Joseph Kabila entend bien ne pas bouger. Attendre en silence, comme il l’a toujours fait, pour manœuvrer par surprise son pays épuisé.

liberation.fr
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