RECHERCHÉ, OLENGHANKOY ACCUSE KAMERHE

Oct 26, 2016 Rédaction Africa News
«Qui ne sait pas que Kamerhe était le premier à déclarer publiquement que Kabila va marcher sur nos cadavres le 20 décembre s’il s’accroche au pouvoir? Il a cru infiltrer l’Opposition pour la faire disparaitre et après retrouver son camp présidentiel. Je donne ma main à couper, c’est Kabila qui paiera cher de son deuxième rapprochement avec Kamerhe. Peut-être il ne le sait pas encore, mais c’est pour bientôt», a confié le président national des FONUS ce mardi au trihebdomadaire «AfricaNews»

Joseph Olenghankoy Mukundji, ancien ministre RD-congolais des Transports et Voies de communication, président national des Forces novatrices pour l’unité et la solidarité -FONUS- et membre du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement réuni autour d’Etienne Tshisekedi, est donné recherché par le pouvoir en vue de son arrestation, selon un communiqué des instances de son parti, les FONUS. Mais, depuis sa cachette, il a donné de la voix et s’est lâché.



Joint au téléphone mardi 25 octobre 2016, il a accusé Vital Kamerhe d’avoir trahi le peuple, estimant que c’est le président Kabila qui paiera cher de son rapprochement avec le leader de l’UNC. Olenghankoy est aussi d’avis que le facilitateur Edem Kodjo a joué sa carte pour gagner sa cagnotte et non pour ramener la paix en RD-Congo. Tout en saluant le refus d’Adolphe Muzito de signer l’accord issu de la rencontre de la Cité de l’Union Africaine, ce chef coutumier a également dénoncé la traque dont il est victime de la part des hommes du pouvoir non autrement identifiés qui veulent l’arrêter. Il a appelé à la tenue du vrai dialogue et invité le peuple RD-congolais à se mobiliser pour faire échec à toute tentative de violer la Constitution. Il estime aussi que les auteurs présumés des actes de violences de 19 et 20 septembre derniers seront jugés tôt ou tard. Entretien.

Bonjour, président Joseph Olenghankoy! Comment allez-vous?

Bonjour, Monsieur le journaliste! Si je peux vous dire que sur le plan physique je vais très bien, cela n’est pas le cas en ce qui concerne la situation sécuritaire et politique. La crise politique que traverse notre pays est entretenue par la majorité au pouvoir en vue de torpiller notre Constitution. Alors que nous nous y opposons catégoriquement, le pouvoir met à nos trousses des hommes non autrement identifiés. Ces derniers, comme des bandits, commencent à sillonner la nuit de maison en maison pour nous arrêter sans aucun document attestant leur mission. C’est grave. Mais moi, je dis que si le Procureur général de la République émet une invitation en mon nom en bonne et due forme, j’y répondrais valablement. Mais s’il cherche à faire des choses en catimini, il ne m’aura pas. Ces gens doivent savoir que Olenghankoy n’est pas seulement un homme politique, je suis également un grand chef coutumier. J’incarne le pouvoir coutumier dans ce pays. Je tiens fermement à la défense de nos terres et à la sécurité de nos populations, sans oublier leur bien-être. Personne ne pourra marcher sur les droits civiques et politiques reconnus au peuple RD-congolais par notre Constitution que le pouvoir en place ne cesse de violer. Tôt ou tard, la justice s’en chargera. Et les actes criminels commis les 19 et 20 septembre derniers sur les manifestants pacifiques ne resteront pas impunis.

Bien sûr qu’il y a la justice nationale et internationale. Votre camp a rencontré la délégation de la Cour pénale internationale qui a fait le déplacement de Kinshasa. De quoi a-t-il été question dans vos entretiens?

Vous savez que la Cour pénale internationale -CPI- ne reste pas en marge des crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui sont commis actuellement à travers le monde. Elle tient à ce que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes criminels et que les victimes soient indemnisées. Dans le cas d’espèce, le Rassemblement des forces politiques et démocratiques acquises au changement réuni autour du président Tshisekedi pour défendre notre Constitution a organisé une marche pacifique le 19 septembre 2016. Malheureusement, cette marche a été réprimée dans le sang par le pouvoir en place. Nous avons enregistré durant deux jours -lundi 19 et mardi 20 septembre- une centaine de morts parmi nos militants pacifiques, des centaines de blessés et d’arrestations arbitraires, nos sièges ont été placardés. Je dis ceci: Moi Olenghankoy, je ne dois pas continuer à pleurer car on ne pleure pas les héros mais on continue leur lutte. Le pouvoir pense nous museler par les actes de répression, il en répondra devant les instances tant nationales qu’internationales.

Vous estimez lutter pour le respect de la démocratie. Mais le facilitateur Edem Kodjo et les délégués au dialogue politique de la Cité de l’Union Africaine ont remis leurs conclusions lundi 24 octobre 2016 au président de la République. Au sortir de cette rencontre, Edem Kodjo et Vital Kamerhe, co-modérateur de l’Opposition audit dialogue, ont déclaré à la presse que le Chef de l’Etat a pris acte de l’accord signé et qu’il ne s’inscrit pas dans l’optique du deuxième dialogue que vous réclamez. Quelle est votre réaction?

Oh! C’est rigolo. Qui a désigné Edem Kodjo et Vital Kamerhe porte-parole de Kabila pour qu’ils commencent à parler en son nom? Je vous réponds directement que personne ne les a désignés ni mandatés. C’est vous dire que leurs propos les engagent seuls. On ne peut pas parler d’un deuxième dialogue puisque le premier n’a pas eu lieu. Ce qui s’est déroulé à la Cité de l’Union africaine est une rencontre des kabilistes qui n’a pas pris en compte l’inclusivité tant réclamée par la résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU. Ceux qui ont signé cet accord ne représentent même pas le 1% des RD-Congolais. Pour vous en convaincre, analysez bien cet accord, vous allez voir le nombre des gens qui l’ont signé. Au Rassemblement, nous disons que le vrai dialogue aura bel et bien lieu dans ce pays selon l’Accord cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2277 du Conseil de sécurité. La position prise par le facilitateur Kodjo et ceux qui l’ont suivi pour violer notre Constitution est une bourde que nous rejetons sans aucune forme de procès. Vous êtes sans savoir que certaines personnes présentes à la Cité de l’UA n’ont pas signé ledit accord alors que d’autres qui ont senti le danger avaient claqué définitivement la porte bien avant.

Vital Kamerhe a dit que le président Kabila ne s’inscrit pas dans la logique d’un autre dialogue parce qu’il l’a rencontré, on le suppose, mais parce que cet accord reste ouvert à la signature de ceux qui n’avaient pas fait le déplacement de la Cité de l’Union Africaine dont le Rassemblement. Pourquoi ne voulez-vous pas y adhérer si réellement vous aimez ce pays?

Le Rassemblement n’a jamais refusé le dialogue. Seulement, nous avons posé des préalables très clairs: libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion, réouverture des médias de l’opposition fermés et respect de la Constitution. Le mandat de Kabila se termine le 19 décembre prochain. Or le camp des kabilistes ne veut pas respecter la Constitution qu’il a déjà violée à plusieurs reprises. Scrutez bien cet accord, vous remarquerez qu’il est taillé sur mesure. Ces gens-là se sont réunis pour se partager le gâteau. Il y est écrit que Kabila reste au pouvoir jusqu’en 2018 et le Premier ministre sera issu de l’Opposition signataire de l’Accord. Et nous disons que celui qui prétend aimer ce pays doit d’abord respecter notre Constitution. Comment voulez-vous que celui qui ne respecte pas la Constitution votée par référendum par le peuple RD-congolais puisse respecter une feuille de route, un Accord politique soit-il, signé seulement par quelques individus réunis à la Cité de l’UA? Ces gens estiment qu’ils peuvent rouler le peuple tout entier, ils se trompent. Leur projet de violer la Constitution ne réussira pas.

Çà c’est votre opinion. Mais Edem Kodjo, Vital Kamerhe et la majorité des délégués au dialogue s’en félicitent?

Ecoutez, Vital Kamerhe s’est attiré la colère du peuple en jouant le rôle de traitre qu’il est en train de jouer maintenant. Je puis même affirmer qu’il a terni sa carrière politique. Il était avec nous à l’Opposition quand il a quitté momentanément le PPRD et le fauteuil du président de l’Assemblée nationale. Il est conscient de tout ce qu’il nous a dit pendant tout le temps qu’il a évolué avec nous. Qui ne sait pas que Kamerhe était le premier à déclarer publiquement que Kabila va marcher sur nos cadavres le 20 décembre s’il s’accroche au pouvoir? Qui ignore que le même Kamerhe ne cessait de dénoncer que c’est Kabila qui est à la base de la situation sécuritaire désastreuse que traverse notre pays notamment l’insécurité permanente à l’Est du pays? Kamerhe était la deuxième personnalité de ce pays. Il a cru infiltrer l’Opposition pour la faire disparaitre et après regagner son camp politique naturel. C’est clair qu’il n’a pas pu réussir sa mission. Ce qui l’intéresse aujourd’hui, c’est d’occuper le poste de Premier ministre. Je donne ma main à couper, c’est Kabila qui paiera cher de son deuxième rapprochement avec Kamerhe. Peut-être il ne le sait pas encore, mais c’est pour bientôt. Quant à Edem Kodjo, il a fait le travail pour lequel il a été payé en épousant les thèses de la Majorité présidentielle. Il s’est également discrédité. Si Kodjo était crédible, la CENCO, l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique n’allaient pas réclamer que le dialogue inclusif tant revendiqué par le Rassemblement soit le plutôt possible organisé pour éviter de nouvelles violences au pays. Tenez: comme ils posent des actes qui prédisposent aux violences, la CPI va les juger tous un jour.

Mais la SADC et l’Union Africaine souscrivent à l’Accord politique signé à Kinshasa. Ce sont des frères africains en qui il importe de croire?

Le bien-être des RD-Congolais ne viendra pas de la SADC ni de l’Union africaine, encore moins de la réunion qui se tient en Angola. Notre peuple doit se prendre en charge. Si les Américains n’avaient pas chassé les Anglais, ils n’allaient pas devenir indépendants. Si les Français n’avaient pas organisé une révolution, la démocratie ne serait pas entrée chez eux. La liberté des RD-Congolais viendra d’eux-mêmes. C’est pourquoi nous lançons un appel à notre peuple afin de barrer la route à toute forme de dictature d’où qu’elle vienne et ce, en conformité avec l’article 64, alinéa premier de notre Constitution qui stipule: «Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution».

Comment commentez-vous le refus d’Adolphe Muzito d’apposer sa signature au bas de l’Accord?

Adolphe Muzito joue son avenir politique. C’est un fin politicien. Il a appris la politique aux côtés du patriarche Antoine Gizenga. Il sait ce qu’il fait. Je pense qu’il a compris que cet Accord n’a pas d’avenir car il viole notre Constitution. On peut ou ne pas l’aimer, mais je félicite l’ancien Premier ministre qui a pris tout son courage et fait montre de son indépendance politique. Il n’est pas suiviste.

Votre dernier mot?

J’appelle notre peuple à rester mobilisé pour faire échec à toute tentative visant la violation de notre Constitution et à rejeter, à l’instar du Rassemblement, l’accord signé à la Cité de l’Union africaine. Il en a les prérogatives au vu de l’article 5 de notre Constitution: «La souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice…».

Propos recueillis par Octave MUKENDI
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