*Il y a le Prix Nobel à Stockholm, en Suède, qui récompense les grands cerveaux du monde. Il y a le Prix Sakharov, institué par Bruxelles, destiné aux personnalités qui se distinguent dans l’exercice de leur profession. Kinshasa en institue un : le Prix Matata Ponyo pour la Bonne Gouvernance. Du nom de l’actuel Premier Ministre de la RDC, le Prix Matata Ponyo vise à promouvoir les valeurs, à rechercher les personnes de qualité dont le pays a fortement besoin pour susciter l’émulation. Dans un pays comme la RDC en panne de modèle, l’institution du Prix Matata Ponyo en vaut la peine, selon l’UNPC.

Une cérémonie solennelle, pour immortaliser l’événement, a été organisée, jeudi 27 octobre 2016, à l’hôtel Memling, à Kinshasa. Sur place, on pouvait apercevoir tout ce que la ville compte d’intellectuels, dignitaires, Ministres, Sénateurs, Députés et autres cuistres. Il ne s’agissait pas de faire de Matata, le premier bénéficiaire du Prix qui va porter son nom. La première édition du Prix Matata Ponyo aura lieu vers la fin du premier trimestre 2017. Connu pour son humilité légendaire, Matata, lui-même, n’aurait jamais voulu céder à pareille tentation. Lui qui, dans son mot de circonstance, a dit tout le mal qu’il pense des diplômes de mérite que l’on attribue à des gestionnaires d’entreprises en faillite déguisée dont le personnel totalise plusieurs mois d’arriérés de salaire. Le mal qu’il pense, aussi, de toutes ces personnes qui financent, elles-mêmes, les cérémonies de décernement des primes, partant de l’impression des invitations, l’impression du diplôme de mérite jusqu’au cocktail. Ce genre de Prix d’excellence tronqué, Matata n’en veut pas. Par contre, fait-il savoir, il apportera tout son soutien au Prix Matata pour la Bonne gouvernance, aussi longtemps que les conditions et critères d’octroi seront extrêmement méticuleux, parce que ce serait la meilleure façon d’inscrire, dans les annales de l’histoire, toutes les actions réalisées par le Gouvernement qu’il dirige, sous l’impulsion du Président Kabila. La pensée du Premier Ministre est allée à toutes les réformes qu’il a entreprises, contre vents et marées, notamment, l’introduction de la TVA, la bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat qui a permis de combattre efficacement l’opération-retour et autres commissions qui allaient de 10 à 30%. Toutes les réformes, avec au passage, la lutte acharnée contre la corruption, le clientélisme et tous les maux qui rongent la société rd-congolaise, ont permis à l’Etat congolais d’engranger beaucoup de progrès économiques. C’est en écoutant Mamadou Diallo, le numéro 2 de la Monusco qui coordonne les activités du PNUD et les Affaires humanitaires en RDC, que l’on se fait une idée des avancées obtenues sous la gouvernance Matata. En 2015, l’Indice du développement humain atteste que la RDC a gagné dix places. Ce qui constitue une performance non négligeable. Transparency International publiera, quelques mois plus tard, un rapport qui confirmait le bond effectué par la RDC en termes d’amélioration de la gouvernance. Pendant longtemps, avoue Mamadou Diallo, le Premier Ministre Matata Ponyo a maintenu le cap d’une croissance économique à deux chiffres, maîtrisé l’environnement macro-économique et stabilisé le taux de change. Des couacs observés, actuellement, Mamadou Diallo les classe dans la gibecière de la conjoncture internationale et de la situation politique complexe de la RDC.

Pourquoi l’homme Matata ?

Jean-Marie Kassamba, le Président de l’UNPC/Kinshasa, a donné quelques raisons pour lesquelles la personne de Matata était la mieux indiquée pour symboliser le Prix de la Bonne gouvernance en RDC. Pour ce faire, il relève quelques traits de caractère. Entre autres, l’humilité, l’efficacité, la loyauté envers son parrain politique, l’esprit de réforme et la culture des résultats.

Kasonga Tshilunde, le Président national de l’UNPC, est revenu, lui, sur la contribution du Premier Ministre Matata à la restructuration de l’UNPC, seul cadre fédérateur des journalistes qui a le pouvoir légal de délivrer la carte de presse en RDC. Le soutien du Premier Ministre à la tenue du Congrès de l’UNPC de juillet 2014 a favorisé, rappelle-t-il, la création d’un Observatoire des performances publiques. Selon Kasonga Tshilunde, l’actuel Premier Ministre doit symboliser le Prix de la Bonne gouvernance pour plusieurs raisons. Matata a donné un contenu et un prestige à la Primature. A cela, il faut ajouter le record de longévité que détient Matata à la tête du Gouvernement. «C’est la reconnaissance du travail abattu », a-t-il conclu. Lorsque tout a été dit, que restait-il à faire ? Sinon, l’institution du Prix Matata Ponyo pour la Bonne gouvernance. Le Secrétaire général du l’UNPC, Benoît Kambere s’en est chargé, en lisant l’acte y afférent. Puis, à titre purement symbolique et protocolaire, un modèle de prix a été, enfin, remis à Matata.

La Pros.



Allocution de son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, à la cérémonie de lancement du Prix Matata Ponyo Mapon pour la Bonne Gouvernance

Honorables Députés et Sénateurs,

Mesdames et messieurs du gouvernement,

Monsieur le Représentant Spécial Adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies et Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs les Chefs des Missions Diplomatiques,

Messieurs les Ambassadeurs,

Distingués invités, en vos titres et qualités respectifs,

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais tout d’abord remercier l’Union Nationale de la Presse du Congo, UNPC en sigle, son président et tous les responsables des organes de presse qui ont bien voulu organiser cette cérémonie dédiée à la promotion de la bonne gouvernance dans notre pays. Je remercie aussi tous ceux qui ont accepté de participer à cette rencontre dont l’objet principal est le lancement officiel du prix de bonne gouvernance qui porte mon nom.

Avant de commencer mon propos, je tiens à rendre hommage à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, qui nous a permis d’exercer pendant près de 7 ans, des plus hautes charges publiques et d’appliquer avec son appui, la bonne gouvernance dans l’exercice de nos fonctions.

Pour être sincère, j’ai refusé la première demande qui m’a été adressée par l’UNPC. Elle consistait, en substance, à m’offrir un diplôme d’honneur ou d’excellence pour les performances auxquelles j’ai contribué dans le domaine de la bonne gouvernance depuis le ministère des finances jusqu’à la Primature.

Pourquoi ai-je refusé alors un tel diplôme alors que d’habitude, l’on s’empresse de l’accepter pour en tirer des dividendes professionnels ou politiques ? En réalité, tout au long de mon parcours professionnel en tant que dirigeant du Bureau Central de Coordination, BCECO en sigle, à la Primature, en passant par le Ministère des Finances, je n’ai jamais accepté d’être primé. Je me suis toujours interrogé sur l’adéquation entre cette myriade des prix d’excellence décernés aux gestionnaires publics et la déliquescence avancée du portefeuille de l’Etat.

Comment peut-on décerner un diplôme de bon gestionnaire au Responsable d’une entreprise en faillite déguisée qui enregistre plusieurs mois d’impaiement des salaires?

Comment peut-on plébisciter un Chef d’entreprise ou d’institution qui excelle dans la réalisation des objectifs périphériques ou secondaires largement relayés par la presse, en lieu et place de l’objectif principal assigné à son entreprise ou institution?

Comment, enfin, peut-on octroyer un prix d’honneur à un Responsable qui organise, lui-même, toute la manifestation jusqu’au coût de l’impression du diplôme qui lui est attribué? Au fond, loin d’être une cérémonie d’honneur, la plupart de ces rencontres laissent penser à un type de théâtre autobiographique cynique où l’auteur est, à la fois, le metteur en scène et l’acteur principal à primer.

Qu’à cela ne tienne, je dois saluer la ténacité et la volonté de l’UNPC dont les responsables, loin de se laisser décourager par mon premier refus, sont revenus à la charge, cette fois-ci, avec un concept nouveau et porteur pour faire la différence. Il ne s’agit plus de m’attribuer un diplôme d’honneur, mais de créer un prix incitatif à la bonne gouvernance. Prix qui sera délivré à partir de l’année prochaine à des gestionnaires, mandataires et autres responsables nominés sur base des critères rigoureux, transparents et vérifiables par un comité de sélection hautement professionnel.

Félicitation donc à l’UNPC pour ce saut qualitatif!

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

La démarche initiée par l’UNPC part du constat que les progrès économiques et sociaux remarquables enregistrés au cours de ces dernières années par notre pays, sous le leadership du Président de la République, Son Excellence Joseph Kabila Kabange, procèdent des réformes courageuses visant notamment, l’amélioration de la gouvernance.

Comme j’ai eu d’ailleurs à le souligner à plusieurs occasions, surtout lors des conférences dans les universités congolaises et africaines, l’équation pour la réduction de la pauvreté met en corrélation deux variables fondamentales explicatives, à savoir: le leadership et la gouvernance. La réduction de la pauvreté (RP) = Leadership fort (LF) + Bonne gouvernance (BG).

La bonne gouvernance se révèle être l’une des clés sans lesquelles aucun ne peut accéder au cercle prisé et fermé du monde développé au différentiel de gouvernance.

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Il importe de souligner que le chemin de la bonne gouvernance que j’ai décidé d’emprunter dès 2003, lorsque je suis nommé Directeur Général du Bureau Central de Coordination, est un chemin plein d’embuches et d’obstacles. Dans son livre intitulé : ‘’Le courage dans la politique’’, le Président John Kennedy, en parlant d’obstacles sur la voie du progrès, n’a-t-il pas écrit avec raison, je cite : ‘’Tout le monde veut le progrès. Mais, le progrès requiert du changement, et le changement reste impopulaire’’. Fin de citation.

Faire de la bonne gouvernance, partout au monde, c’est donc chercher à s’opposer à des intérêts de groupes parfois puissants bénéficiaires des rentes de situation. C’est donc naviguer à contre-courant. Mais, la recherche de la bonne gouvernance est, à la fois, noble et exaltante. Elle fait profiter les bénéfices de l’action publique à la majorité de la population.

Dès mon entrée au gouvernement comme Ministre des Finances en février 2010, j’ai engagé des réformes qui ont visé, d’une part, la mobilisation accrue des recettes afin de limiter les pertes de revenus publics et, d’autre part, la rationalisation des dépenses pour une meilleure distribution des ressources collectées, en veillant à ce que les destinataires puissent en bénéficier réellement.

Mais, pour y arriver, il faut du courage, de la détermination, voire de la passion. Les exemples sont, certes, légion au terme de près de sept ans de responsabilités publiques aux Finances et à la Primature. Mais, j’en citerai trois: la lutte contre la corruption, la mise en œuvre de la TVA et de la bancarisation de la paie des fonctionnaires et agents publics.

S’agissant de la lutte contre la corruption, dès le départ au Ministère des Finances, j’ai décidé de mettre fin à un système officieux de prélèvements opérés sur la plupart des paiements publics effectués au profit des fournisseurs de l’Etat. Ces prélèvements s’appelaient communément : ‘’commissions’’ ou ‘’pourcentage’’ et variaient entre 10 et 30%, voire plus, du montant payé ou alors, ils prenaient la forme de rétrocession qualifiées d’«opérations retour».

Très peu de gens ont cru en la réussite de cette décision qui s’opposerait à des pratiques qui s’étaient presque institutionnalisées dans la chaîne de la dépense. Mais, nous y sommes arrivés, non sans peine. Nous avons ainsi exorcisé ce temple des finances publiques du démon de la corruption et, en réalité, du sous-développement, qui le hantait et qui était à la base du détournement d’une bonne partie des fonds publics.

En 2014, un redressement fiscal de près de 800 millions de dollars américains est adressé à la plus grande industrie minière de notre pays, Tenke Fungurume Mining. L’entreprise recourt à l’arbitrage de la Primature qui, après examen minutieux du dossier, rétablit l’équité et la transparence. Un procès-verbal en bonne et due forme est dressé. L’entreprise TFM ne doit rien payer. De 800 millions à zéro dollar américain! La bonne gouvernance a triomphé.

Lorsque nous lançons la réforme de la TVA en 2012 au Ministère des finances en remplacement de l’impôt sur le chiffre d’affaires (ICA), devenu désuet et contre-productif, le marché des biens et services est en ébullition. Les prix des produits de première nécessité flambent et le taux d’inflation a atteint 4,25% en deux mois, soit entre janvier et février 2012.

Les puissants lobbies politiques et économiques font pression et demandent l’annulation pure et simple de la réforme.

Nous persistons et la réforme est appliquée jusqu’aujourd’hui. Elle a ainsi permis de canaliser vers le Trésor public des dizaines de millions de dollars qui s’évaporaient au profit d’un groupe d’individus en défaveur de la majorité de la population.

Lorsque nous initions la bancarisation de la paie publique en 2011, d’aucuns menacent de mettre la ville de Kinshasa à feu et à sang. Des intimidations nous sont proférées. Nous ne paniquons pas et les fonctionnaires finissent par toucher l’intégralité de leur rémunération par la banque, sans aucun prélèvement effectué au profit de la minorité. Aussi, des millions des dollars américains qui disparaissaient chaque mois, lors de la paie, sont récupérés par le Trésor public.

Ce sont ces fonds, fruit de la bonne gouvernance, qui ont permis de contribuer davantage au programme de reconstruction lancé par le Chef de l’Etat depuis 2001. C’est avec ces ressources que nous avons construit ou réhabilité des écoles, des hôpitaux, des centres de santé, des universités, des routes bitumées ou en terre, des aérogares. C’est toujours avec ces fonds que nous avons acquis des bus, des avions, des locomotives neuves, des voitures de voyageurs neuves, etc.

Comme vous pouvez vous en rendre compte, la bonne gouvernance dans la gestion de la chose publique n’est pas une option à lever, bien au contraire, elle est une obligation qui s’impose à nous, dès lors que nous voulons faire avancer l’agenda du développement économique.

Le secteur public a besoin d’être aussi bien géré que le secteur privé. L’entreprise privée réussit parce qu’elle applique des règles universelles de bonne gestion connues de nous tous.

La mauvaise gouvernance engendre le sous-développement tandis que la bonne gouvernance favorise le développement. L’histoire de la gouvernance et du progrès des nations rappelle celle de la semence et de la récolte racontée dans la Sainte Bible, depuis la nuit des temps. En effet, avec la même qualité, certaines graines ont été plantées dans la bonne terre et d’autres sur des roches. Les premières ont produit de la récolte et les secondes n’ont pas donné satisfaction.

Si l’on veut obtenir la bonne moisson sur la seconde partie, la roche doit être cassée et la bonne terre, symbole de la bonne gouvernance, doit y être répandue pour recevoir des bonnes graines.

Honorables Députés et Sénateurs,

Mesdames et messieurs les membres du gouvernement,

Monsieur le Représentant Spécial Adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies et Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs les Chefs des Missions Diplomatiques,

Messieurs les Ambassadeurs,

Distingués invités, en vos titres et qualités respectifs,

Mesdames et Messieurs,

Si j’ai accepté de participer à cette cérémonie en l’honneur de la bonne gouvernance dans notre pays, c’est parce que je suis convaincu que le chemin de l’émergence et du développement passe inexorablement par la bonne gouvernance dans le domaine public. J’ai eu à partager cette conviction avec les étudiants de l’Université William Booth, le vendredi 21 octobre dernier, à l’occasion du vernissage de mon livre consacré à la corrélation entre : ‘’la qualité des institutions, le mode de gouvernance et le progrès économique en RDC’’. En effet, la bonne gouvernance engendre des institutions de qualité, lesquelles déterminent le niveau du développement. Il se dégage de cette étude scientifique que les performances économiques exceptionnelles réalisées par la RDC procèdent notamment, de la qualité des institutions bien que celles-ci demeurent encore fragiles.

Mon souhait le plus ardent est que ce prix pour la bonne gouvernance qui porte mon nom fasse la différence et se démarque du clientélisme et du populisme qui ont toujours caractérisé des prix dits d’excellence dans notre pays. J’invite donc, l’UNPC à retenir les critères les plus rigoureux et transparents pour la sélection des récipiendaires. Le comité de sélection devra être constitué des professionnels, non seulement de la presse, mais aussi des organisations publiques et privées de réputation irréprochable. Ma fondation, la ‘’FONDATION MAPON’’, pourra aussi y participer, en appui à la recherche de l’objectivité et de l’émulation.

J’invite aussi les opérateurs économiques à contribuer à la constitution du fonds devant soutenir ce nouveau prix. En effet, la bonne gouvernance contribue à l’amélioration du climat des affaires indispensable à l’éclosion d’un secteur privé prospère. Soutenir la bonne gouvernance dans le secteur public, c’est aussi soutenir la prospérité de ses propres affaires.

Tout en vous rassurant de mon soutien ferme à cette initiative, je me vois dans l’obligation de me réserver le droit de retirer mon nom du prix, si les procédures et critères de son attribution portent atteinte à sa crédibilité et à son honorabilité.

Je terminerais par inviter les gestionnaires et mandataires à s’engager, chacun à son niveau, en faveur d’un leadership fort et de la bonne gouvernance. Car, il s’agit pour tous ceux qui détiennent une parcelle de responsabilité et de pouvoir d’action dans la sphère publique, privée, associative, politique, législative ou encore judiciaire d’œuvrer en faveur de la population pour consolider notre ‘’vouloir vivre collectif’’, fondement de toute nation, selon l’expression consacrée par Ernest Renan.

Ainsi, mon vœu le plus cher pour notre pays, est que la bonne gouvernance puisse devenir le leitmotiv de tout responsable public ou privé, un pacte républicain, un véritable ‘’contrat social’’ autour de l’intérêt général, en vue d’asseoir un indéniable ‘’vouloir agir collectif’’ et ainsi, reculer les murs de la pauvreté et du sous-développement.

Je vous remercie de votre aimable attention.
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