Sauf imprévu, Etienne Tshisekedi tient le 5 novembre prochain son deuxième meeting en l’espace de trois mois, le dernier en date remontant au 31 juillet 2016. Très attendu – et pour cause ! – le prochain survient une dizaine de jours après la 7ème réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi organisée à Luanda le 26 octobre passé avec comme participants les 12 Etats membres de la Cirgl, les 5 Etats membres du Conseil de sécurité de l’Onu, en plus, pour les Grands-Lacs, des envoyés spéciaux respectivement du Secrétaire général des Nations Unies, de l’Union africaine, de l’Union européenne, des Etats-Unis et de la Belgique. Le même meeting précède d’une semaine le séjour en RDC d’une délégation du Conseil de sécurité onusien. Le lider maximo est de ce fait tenu au devoir d’envoyer un message fort à la communauté internationale et nationale. C’est pour dire de ce meeting qu’il a tout d’un couteau à double tranchant, car susceptible d’approuver ou de désapprouver le message, pourtant plein de sagesse, du Chef de l’Etat angolais…

Jusque-là, les réactions les plus significatives enregistrées contre ces assises sont celles d’Alphonse Ntumba Luaba, secrétaire général sortant de la Cirgl, de Félix Antoine Tshisekedi, secrétaire général adjoint de l’Udps chargé des Questions politiques, juridiques, diplomatiques et communication, de Christophe Lutundula, membre du Bureau politique du G7 et de Georges Kapiamba, président de l’Acaj.
Dans une déclaration à www.radiookapi.net publiée le 31 octobre 2016, Ntumba Luaba tranche net en considérant que « la position de Luanda viole le protocole sur la démocratie de la CIRGL, selon Ntumba Luaba ». En effet, dit-il : « Je peux me demander pourquoi la CIRGL n’a pas voulu se référer au protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance qui parle des périodes d’organisation des élections et qui demande à ces Etats-membres de faire en sorte que les élections respectent les périodes telles que fixées par la constitution de façon à ce que le chef de l’Etat soit élu pendant ces périodes-là et même le contentieux électoral soit vidé à temps pour que le nouveau président élu s’installe dans le délai constitutionnellement fixé ».
Ce qu’il s’abstient cependant de soutenir, c’est que Luanda ne fait rien d’autre que prendre acte du dialogue recommandé par le Conseil de sécurité de l’Onu dans sa résolution 2277 qui, hélas !, n’évoque même pas ce protocole. En d’autres termes, si le kabiliste du Dialogue intercongolais promu secrétaire général de la Cirgl avait des objections à faire, ce n’est pas après coup ! Il aurait pu enrichir le débat en relevant les faiblesses de la résolution onusienne dès sa publication fin mars 2016…
Félix Antoine Tshisekedi, réagissant par un tweet le 27 octobre, estime que « La déclaration finale de Luanda était une honte pour l’Afrique », avant de déduire : « Moralité : les congolais savent qu’ils sont désormais seuls face à leur destin ». Et Jean-Marc Kabund, son chef hiérarchique, de renchérir : « L’Union africaine de manière générale, la CIRGL (…) en particulier, ont encore failli à leur mission. La décision qu’elles ont prise n’a fait qu’exacerber la tension en République démocratique du Congo, étant donné que le peuple congolais veut une seule chose : l’alternance. Et il n’y a que le peuple congolais qui doit avoir le dernier mot ».
Christophe Lutundula fera observer sur Rfi, le même jour, l’absence de clarté dans le communiqué final de Luanda. « Je ne vois nulle part la mention faite aux élections (sic) en 2018, aux mandats… Toutes ces questions ne sont pas abordées. Ça signifie qu’il n’y a pas un appui explicite et que dans tous les cas le dernier mot revient au peuple congolais », dit-il.
Georges Kapiamba se fendra, lui aussi, d’un tweet. « Le sommet de Luanda a péché en endossant l’Accord politique du dialogue. (…) En tout état de cause, la légitimité n’est donnée que par le peuple », écrit-il.
Militant de Lucha, Godefroy Mwanabwato s’interroge sur RFI : « Quelles sont les personnes qui sont autour de la table ? Des chefs d’État qui ont soit modifié la Constitution dans leurs pays respectifs, soit qui sont là au pouvoir depuis 25, 30 ans, 32 ans pour certains. Alors il n’y a rien de bon qui pouvait sortir de ces chefs d’État-là ».

« ADVIENNE QUE POURRA ! »
Une semaine après, on peut considérer que les esprits s’étant apaisés, il y a lieu de procéder à une relecture des propos du Président angolais en commençant par une première observation : le silence des envoyés spéciaux dans les Grands-Lacs. Dont Thomas Perriello. Il reste aphone alors que le 16 septembre 2016, soit trois jours avant les tristes événements du 19 et du 20 septembre, il a déclaré au centre culturel américain qu’ »il est préférable que les gens se présentent, exposent leurs points de vue et observent ce qui se passera ensuite. Etre présent est la meilleure façon de contester le statu quo, d’acquérir de l’influence, et de trouver le meilleur accord » ?
On peut juste supposer qu’il a été de ceux qui, au cours d’une séance à huis clos organisée à Luanda le 26 octobre 2016 (nous y reviendrons), ont entendu Edem Kodjo parler du processus du Dialogue, ce, des contacts préliminaires à la signature de l’Accord politique en passant par la mise en place du comité d’accompagnement, des travaux préparatoires et des travaux proprement dits.
Il ressort des indiscrétions que le facilitateur de l’Union africaine a convaincu son auditoire de la non-disponibilité, affichée d’abord par l’Udps, ensuite par « Rassemblement », de participation de cette plateforme au Dialogue depuis Bruxelles-Genval. En d’autres termes, Tshisekedistes purs et Néo-Tshisekedistes durs sont dans le schéma « Advienne que pourra ! ». Exactement comme en 1996-1997 lorsque l’Afdl arrivait.
Président d’un pays ruiné par la guerre de libération contre la colonisation portugaise et par la guerre de leadership avec l’Unita (alors branche politico-armée), José Eduardo Dos Santos nous prévient en ces termes : « En République Démocratique du Congo, le gouvernement, l’opposition et la société civile ne peuvent pas perdre de vue que tout le monde doit unir ses efforts dans la lutte contre les forces négatives et l’expansion du terrorisme. Les exemples que nous voyons maintenant dans le monde, en particulier au Moyen Orient et en Afrique, sont plus instructifs pour quelconque politicien conscient et honnête que toute rhétorique à cet égard. C’est également pour cette raison que nous avons toujours faits appel au renforcement et à un rigoureux respect de principe de non-reconnaissance par l’Union Africaine des pouvoirs établis par l’intermédiaire illégal et par des méthodes anti-constitutionnelles. Le respect de la loi et le strict respect de l’ordre institutionnel établi sont donc les meilleurs critères de la vérité pour résoudre les antagonismes qui semblent apparemment inconciliables. Nous sommes toujours en faveur du dialogue. Pas du dialogue pour le dialogue, mais celui qui préserve et suscite la sagesse et qui conduit à des positions raisonnables et de consensus ».

IMAGES DE SANG, IMAGES DE LARMES
Au fait, en citant le Moyen Orient et l’Afrique comme références, le président angolais ne fait rien d’autre que constater les conséquences du manque de Dialogue dans des pays comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, le Yémen, la Libye et la Somalie : des pays qui nous envoient ou nous renvoient chaque jour et à chaque heure des images de sang, des images de larmes.
José Eduardo Dos Santos a invité les Congolais à réfléchir calmement, et encore avec sagesse et intelligence. » Résoudre nos problèmes politiques en passant par le Tribunal International n’est toujours pas la meilleure façon de procéder. Malgré les situations dramatiques qui ont été vécues en Afrique du Sud et en Angola, ces deux pays n’ont pas suivi cette voie pour parvenir à la réconciliation nationale. Nous devons maintenir ouverts les chemins du dialogue constructif « , a-t-il fait valoir.
C’est à croire qu’il a interpellé à sa façon Etienne Tshisekedi, l’homme qui disait justement du Dialogue qu’il est celui de la dernière chance !
Le meeting du 5 novembre 2016 déterminera s’il a choisi la bonne ou la mauvaise voie pour sa sortie politique… Omer Nsongo die Lema


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