*Le suspense n’aura été que de courte durée depuis le discours, mardi 15 novembre 2016, du Président Kabila aux deux chambres du Parlement, réunies en Congrès. C’est Samy Badibanga Ntita, le Président du principal Groupe parlementaire d’Opposition, UDPS et Alliés, l’un des principaux dirigeants de l’Opposition au Dialogue, qui reçoit la mission de conduire l’équipe gouvernementale chargée d’amener le peuple congolais aux élections apaisées prévues en avril 2018. L’effet surprise était total à la lecture, à la mi-journée, hier, jeudi 17 novembre, de l‘Ordonnance présidentielle nommant Samy Badibanga au poste de Premier Ministre. Il y en a des dialoguistes qui se voyaient déjà dans la peau du nouveau Premier Ministre. Mais, le Chef de l’Etat en a décidé autrement.

En misant sur une personnalité issue des entrailles du Grand Kasaï, Joseph Kabila réussit un grand coup et envoie un message d’ouverture à l’UDPS ; ce parti politique qui est le fer de lance de la contestation menée par l’Opposition radicale, aujourd’hui, incarnée par le Rassemblement. Pour le Président Kabila, le cap est désormais mis sur l’application intégrale de l’Accord politique du 18 octobre dernier. A chacun, donc, de respecter ses engagements.

Un homme du sérail de Tshisekedi

Samy Badibanga a été, en effet, élu en 2011 sur les listes électorales de l’UDPS/Tshisekedi, dans la circonscription électorale de Mont-Amba, à Kinshasa. On dit, d’ailleurs, de Samy Badibanga qu’il a longtemps travaillé dans l’ombre d’Etienne Tshisekedi en qualité de Conseiller spécial. A ce titre, il dispose d’un carnet d’adresses étoffé qui lui sera de grande utilité, maintenant qu’il est désigné Premier Ministre. Toute l’expérience accumulée à la manœuvre pour vendre la politique étrangère du Sphinx de Limete, pourrait lui permettre de gérer le pays. On rapporte, par ailleurs, que Samy Badibanga a été l’un des rares hommes politiques congolais consultés, directement ou indirectement, dans la conception des récentes Résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la RDC. Libre d’esprit et d’engagement, Samy Badibanga n’a pas hésité un seul instant à aller siéger à l’Assemblée nationale, après les législatives de 2011, avec une quarantaine de Députés UDPS, contre l’avis d’Etienne Tshisekedi, en respect pour le vote du peuple congolais. Pragmatique, Samy Badibanga est le premier politicien congolais à avoir réalisé que le ‘‘glissement’’, terme dont il est le premier utilisateur, était inévitable. Plusieurs fois dans les colonnes de La Prospérité, il a déclaré qu’une transition était nécessaire pour organiser de bonnes élections.

D’énormes défis à relever

Le nouveau Premier Ministre hérite d’une situation politique, économique et sociale difficile. Son plus grand défi, c’est l’organisation des élections selon les attentes du peuple congolais. A ce sujet, le Groupe Parlementaire UDPS et Alliés, dans une déclaration de soutien à sa nomination, insiste sur la nécessité d’avoir un budget conséquent, pour le financement des élections, la sécurisation des personnes ainsi que la sécurisation du processus électoral dans son ensemble. Samy Badibanga devra œuvrer pour la restauration de la paix sur toute l’étendue du territoire national et pour la réconciliation des Congolaises et Congolais. Toutefois, il a les atouts pour y arriver. Homme de synthèses et, parfois effacé, Samy Badibanga connaît parfaitement bien les acteurs politiques, le jeu et les enjeux politiques en RDC. Il sait ce qu’il a à faire pour décrisper la situation politique. Peut-être qu’il prendra le courage de répondre aux préalables du Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au Changement afin d’obtenir l’adhésion de cette importante famille politique de l’Opposition. Le cahier des charges du Rassemblement, Samy Badibanga le connaît par cœur. Il était au Conclave des opposants à Genval où est né le Rassemblement. Auparavant, il fut aux tractations de l’Ile de Gorée. Dans tous les cas, le nouveau Premier Ministre a, là, une carte à jouer.

La Pros.



Qui est Samy Badibanga ?

*Samy Badibanga est un homme politique congolais né en 1962 à Kinshasa, au Congo.

Député national depuis 2011 à l'Assemblée du Parlement de la République démocratique du Congo, il siège à la Commission des ressources naturelles, jusqu'à sa nomination comme Premier ministre, le 17 novembre 2016.

Parcours professionnel

Diplômé en premier lieu de l'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Genève en 1986, il l'est ensuite de l'école du Haut Conseil du Diamant d'Anvers (Hoge Raad voor Diamant) et de l'International Gemological Institute d'Anvers.

Il commence sa carrière en 1986 en tant qu'administrateur délégué de SOCODAM SPRL puis devient en 1995 administrateur et directeur général de SAMEX TRADING SPRL.

Cette société est détentrice de plusieurs permis de recherches minières en République démocratique du Congo (RDC) et partenaire en joint-venture de BHP-Billiton. Il devient consultant pour la société minière BHP-Billiton de 2005 à 2010, et participe à ce titre à l'introduction de la société en République démocratique du Congo, notamment dans les partenariats avec les entreprises publiques. Il participe à ce titre à différentes négociations avec le ministère des Mines sur la révision des contrats miniers mais aussi avec les ministères de l'Économie et de l’Énergie pour la construction et la fourniture d'énergie du barrage Inga III.

Il crée en 2006 la Fédération des Explorateurs et Extracteurs (FEE) en RDC pour promouvoir la bonne gouvernance dans la gestion des ressources naturelles[1].

Il a été maître de conférences lors des rencontres IPAD[Quoi ?] RDC du secteur minier de 2005 à 2009.

Parcours politique

Samy Badibanga est membre d'honneur depuis 1994 de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS)[2] et en est élu député en 2011. Il rencontre les politiciens Etienne Tshisekedi et Frederick Kibasa dans sa jeunesse à Kinshasa, ce qui façonne son orientation politique démocrate et socialiste ainsi que sa volonté de rejet de la lutte armée et de la primauté de l’état de droit.

De 2009 à 2011, il est le conseiller spécial d'Étienne Tshisekedi. À ce titre, il est chargé de la stratégie diplomatique de ce dernier, ce qui comprend communication, image, organisation et direction de sa campagne pour les présidentielles de 2011. Des élections présidentielles très critiquées et dont les résultats ont été largement mis en doute par l'UDPS, accusant l'opposition de fraudes, d'arrestations arbitraires, de manipulations et même de violences répressives. Après la proclamation des résultats, Etienne Tshisekedi a été assigné à résidence[3]. Retranché depuis, ce dernier s'est depuis lors auto-proclamé Président élu de la RDC[4].

Alors que de nombreux candidats de l’UDPS avaient été élu députés nationaux aux élections législatives concomitantes, le Président Tshisekedi avait annoncé l’annulation de ces dernières. Malgré les instructions du leader de l’UDPS[5], 42 élus du parti, dont Samy Badibanga, sont allés siéger au Parlement, considérant leur élection comme crédible et souhaitant respecter le peuple congolais qui les avait élus pour les représenter. Conscients de la polémique suscitée au sein même de leur parti, les 42 élus continuent aujourd'hui encore de former et d'animer l’opposition parlementaire au régime de Joseph Kabila. Notons paradoxalement que que Samy Badibanga reçoit toujours le soutien dans son action d'opposition parlementaire de Félix Tshisekedi, fils d’Étienne Tshisékedi[6].

Il est membre fondateur de l'IPDD (Initiative Panafricaine pour la Défense de la Démocratie) et président du groupe parlementaire UDPS et Alliés (opposition) à l'Assemblée nationale de la RDC jusqu'à sa désignation comme premier ministre de RDC par Joseph Kabila le 17 novembre 2016[7]. Alors dans l'opposition, sa nomination est le fruit d'un accord entre le président et une partie minoritaire de l'opposition[7].

Actions et positionnement politique

Opposition parlementaire

A la suite des élections législatives de 2011, Samy Badibanga, élu député national, constitue et mène le Groupe Parlementaire UDPS et Alliés, face une majorité présidentielle écrasante. Au travers de chacune de ses prises de positions médiatiques, Samy Badibanga insiste sur le rôle de contre-proposition de l’opposition parlementaire, à l'image du Shadow cabinet britannique. Samy Badibanga est l’auteur d’une série de propositions de réformes économiques et fiscales début 2014, relayées par le magazine Jeune Afrique[8].

Propositions politiques majeures[modifier | modifier le code]

Alors que le budget national 2014 est présenté pour adoption à l’Assemblée, Samy Badibanga dénonce l’opacité de la gestion des affaires publiques et des revenus d’exploitation des ressources naturelles ; en témoignent la faiblesse et la chute des recettes fiscales de l’État ainsi que les faibles montants attribués à la santé et à l’éducation de ses compatriotes. Il dénonce ainsi en 2014 «un budget de 7.664 milliards de francs congolais qui représente à peu près 100 dollars par habitant et 0,27 dollar/hab/jour»[9]. Joignant les propositions à ses critiques, Samy Badibanga propose alors « trois réformes pour changer le quotidien »[10] des Congolais :

La mise à l’étude par le Parlement d'une nouvelle réforme fiscale inspirée de la "flat tax" ou taxation à taux unique. Un taux d'imposition fixe rendrait indiscutable le montant de l’impôt dû. Au-delà de simplifier la gestion administrative des entreprises et les déclarations des particuliers, M. Badibanga considère que la flat tax est de nature à encourager l’investissement et la création d’emplois, de ramener les entreprises du secteur informel et surtout d’augmenter de façon considérable (de 80 % à 150 % en trois ans) les recettes de l’État et par conséquent le budget national au service des besoins sociaux, sanitaires et éducatifs de la RDC[11].
Une étude sur la faisabilité d'une fusion des régies des impôts sur le modèle des réformes mises en place au Ghana, à l’Ile Maurice et dans d'autres pays voisins de la RDC. Il souligne les résultats spectaculaires en termes d’augmentation des recettes fiscales.
La mise en place d’un fonds national de développement alimenté par les revenus d’exploitation des ressources naturelles. Dans une tribune à Jeune Afrique en janvier 2014, il en détaille les bénéfices : véritable fonds souverain sur le modèle des fonds norvégiens, qatari ou encore du Timor Oriental[12],[13] qui a accumulé environ 15 milliards de dollars de réserve depuis sa création en 2005, avec l'appui de l'agence de coopération norvégienne[14]. Ce nouveau type de Fonds Souverain se rapproche du concept d’impact investing[15] proposé par le pape François en juillet 2014[16]. Ce fonds serait d’une part à objet économique et financier, alimenté par une partie des revenus d’exploitation des ressources naturelles et par des investisseurs internationaux institutionnels comme privés. Le fonds, basé sur une structure distincte de l’État, compterait, au sein de sa structure dirigeante, des représentants des partenaires internationaux de la RDC, de la société civile, de différents fonds souverains du monde, afin de garantir sa bonne gouvernance. Les revenus et intérêts produits par le fonds de développement financeraient le développement social de la RDC, consacrant ainsi l’idée que le peuple congolais, ses générations actuelles et futures sont en droit de s’attendre à ce que l’exploitation des immenses ressources naturelles de la RDC financent la santé, l’éducation, la protection sociale, besoins sociaux et autres services publics[17].
Dernier pays au classement du développement humain[18],[19], les 70 millions de citoyens de la République démocratique du Congo vivent en effet à 80 % sous le seuil de pauvreté[20] pour un taux de chômage supérieur à 80 %[21]. Malgré un taux de croissance économique officiel de 9.5%[22], un chiffre que de nombreux observateurs considèrent comme artificiel, dans la mesure où la croissance économique ne génère aucun emploi et ne finance ni le rétablissement des services publics, ni la santé ni l'éducation, ni la justice ni la sécurité des citoyens congolais[23].

Engagement démocratique, social et écologique

Ligne politique

La particularité de la ligne politique de Samy Badibanga est de critiquer la politique gouvernementale actuelle en exposant toujours en parallèle des propositions concrètes. Une approche pragmatique sans doute à mettre en lien avec son parcours professionnel entièrement effectué dans le secteur privé avant son élection en 2011. Toutefois, le président du Groupe UDPS et Alliés est un acteur politique majeur au sein de la politique congolaise et des rapports de force entre l’opposition parlementaire et le gouvernement du Président Kabila.

Défenseur de l’état de droit et pour l’application stricte des règles constitutionnelles, il soutient les principes démocratiques et l’exigence de transparence dans la gestion des affaires publiques comme des ressources naturelles[24]. Il participe début 2016 à la création de l'IPDD, Initiative Panafricaine pour la Défense de la Démocratie[25].

Promotion de la gouvernance participative

Il affirme dans une tribune relayée par le journal Le Monde : « il faut donner une gouvernance participative au développement durable. Sans cela, de nombreux pays en développement, où vit la majorité de la population mondiale, en proie aux sécheresses, aux inondations et à l‘insécurité alimentaire, seront sans doute écartés ou auto-exclus du nouveau modèle de développement. Ce qui mettra en péril toute la transition écologique mondiale. »[26] Il propose de stimuler la gouvernance participative par la création d'un index dénommé « Doing Inclusive » qui classerait les pays en mesurant la participation citoyenne aux affaires publiques de leur pays et aux initiatives de développement durable.

Il souhaite ainsi mieux répartir les pouvoirs et donc indirectement les richesses au sein de la République Démocratique du Congo mais aussi ailleurs. La gouvernance participative, concept relativement nouveau, est un modèle d'organisation au sein duquel s'opère un partage et une répartition équitable des pouvoirs, selon la volonté et les capacités des membres qui le composent. Si l'on veut que les citoyens s'impliquent dans la vie sociale, économique et écologique de leur pays, il faut qu'ils s'y sentent eux-mêmes impliqués. Il rappelle que le Congo détient à lui seul 13 % du potentiel hydroélectrique mondial sans que cela ne produise aucune faveur à ses habitants. "Il faut donner le pouvoir énergétique aux populations locales [...] C'est grâce à l’énergie que pourront se développer les communications, source de vie sociale, d’innovation, de commerce et de paix. Les solutions d'en haut ne sont pas durables."[26] rappelle-t-il.

Préparation des élections de 2016

Il mène déjà un combat politique pour des élections libres, crédibles et démocratiques, et contre la révision de la Constitution de 2006 de la République démocratique du Congo en suscitant une double pression intérieure et extérieure sur la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) et le pouvoir du président Joseph Kabila[27]. Dans une interview à RFI, il déclare qu'un "pays sérieux doit respecter les textes (...) si c'est n'est pas de la mauvaise foi, c'est de l'incompétence" en référence à la préparation des élections et aux délais fixés par la Constitution[28].

Sur le plan intérieur

Il analyse et dénonce un calendrier électoral[29] qu’il considère comme étant une manœuvre destinée à banaliser l’illégitimité des élus à tous les niveaux : local, provincial, national et présidentiel.

Sur le plan extérieur

Il tente d'utiliser tous les relais diplomatiques et médiatiques disponibles au niveau international. A sa demande, François Hollande rencontre Étienne Tshisékedi[30] lors du sommet de la Francophonie le 13 octobre 2012[30]. En février 2014, il en appelle à l’Union européenne lors d’une conférence au Parlement européen. Depuis, il multiplie ensuite les courriers aux ambassades et rencontres multiples pour demander à la Communauté internationale son attention et pression concernant la préparation des élections à venir. « On ne change pas une Constitution avant les élections»[31] clame-t-il lors d'une interview vidéo réalisée pour le magazine Jeune Afrique[32]. À la suite du sommet USA-Afrique il cherche du soutien auprès de nombreuses personnalités politiques au département d'Etat des Etats-Unis[33].

Aux côtés du peuple congolais, il descend dans la rue le 19 janvier 2015, mais la manifestation est réprimée dans le sang, la police et les forces de sécurité tirant à balle réelle sur la foule. Après trois jours d'émeutes, le Parlement retire l'article controversé de la loi électorale. Sous la pression populaire et internationale, un calendrier électoral global est alors publié par la CENI. Mais ce calendrier comprend toujours des zones d'ombres : les nouveau majeurs par exemple, moins de 23 ans, ne sont pas intégrés dans le nouveau fichier électoral soit l'exclusion de 31 % du corps électoral.

Samy Badibanga entame à cette fin une nouvelle tournée diplomatique pour que le soutien financier de la communauté internationale soit conditionné au respect de la Constitution (article 5) et de l'article 21 de la Déclaration universelle des droits de l'homme faisant de la participation aux affaires publiques, par le vote, un droit fondamental. Il dénonce la corruption du fichier électoral (doublons, absence des nouveaux majeurs, non mise à disposition de l'ensemble du fichier), soutenu par l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)[34], il continue son combat.
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