*Meetings, villes mortes, marches et autres actions de rue. Telle a été, pendant cette période crapaudine, la stratégie adoptée à l’Udps, pour contraindre le régime Kabila à des concessions majeures sur l’essentiel des questions liées notamment, à l’après-19 décembre 2016. Tout en considérant que ce type de manifestations ont, certes, une assise juridique dans la Constitution, en termes, bien sûr, des libertés individuelles et collectives, un analyste, dans une tribune libre, crie, plutôt, à la manipulation et à la discrimination, lorsqu’il en résulte, après coup, une série de dérapages. Remontant jusqu’au déluge, la réflexion, ci-dessous, parle, en tout pour tout, du cas des événements tragiques du 19 au 20 septembre. Mais, surtout, de la guerre des nerfs ou, simplement, de la guerre des chiffres autour des morts enregistrés, ces deux jours-là. Et, pourtant, soutient-elle, plusieurs jours après, l’Udps n’aura enterré que six sur la centaine des morts, initialement avancée. D’où, la sonnette d’alarme est-elle tirée, ici, pour interpeller l’Udps et Etienne Tshisekedi à ne plus faire l’apologie de la violence, ni à professer le chaos ou l’apocalypse en RD. Congo. Le dialogue dont les paumes ouvertes du Facilitateur ont longuement mais, en vain alors, attendu les délégués du Rassemblement, est et demeure l’unique voie boulevardière, pour une sortie pacifique de cette crise aux contours politiquement et humainement solubles. Lisez, à ce sujet, Omer Nsongo Die Lema !

Après l’enterrement de six combattants

Udps : où sont passés les 94 autres morts ?

*A la manipulation, ce parti a ajouté la discrimination…

*Les ONGDH et les partenaires extérieurs interpellés !

*Chat échaudé, le gouvernement provincial de Kinshasa ne peut qu'avoir des doutes sur la capacité du "Rassemblement" à contenir ses combattants, militants et partisans pour les manifestations à venir, après les débordements de celles du 19 et 20 septembre 2016.

Lundi 31 octobre et mardi 1er novembre 2016, l’Udps a organisé des funérailles fortement médiatisées pour six combattants ayant trouvé la mort à son siège, lors des événements du 19 et 20 septembre 2016. Dans une interview sur RTBF, Etienne Tshisekedi a déclaré, le mardi 20 septembre que «Le régime de monsieur Kabila s’est illustré par une extrême barbarie en tuant en 2 jours plus de 100 personnes de nos compatriotes». Le lendemain, en présence des membres de son parti et du «Rassemblement», Jean-Marc Kabund, Secrétaire général de l’Udps, a confirmé ce chiffre non sans annoncer plus de 1.000 blessés et plus de 2.500 opposants aux arrêts, localisés, selon ses termes, aux camps militaires Kokolo, Tshatshi et Lufungula en plus des cachots de l’Anr à Kinshasa et à l’intérieur du pays, tout en alertant l’opinion sur un nombre incalculable de disparus. Conséquence : au pays comme à l’étranger et, surtout, à l’étranger, des condamnations se sont succédé avec comme cibles, les autorités congolaises…

Seulement voilà : au-delà de tout débat pour le moins indécent autour des morts – encore que les compatriotes décédés ont été victimes d’un crime planifié – l’Udps s’est limitée à honorer la mémoire de ses six combattants décédés à son siège, au motif fallacieux selon lequel c’est à ces corps-là qu’elle a eu accès.

Curieusement, ni les ONGDH, ni les partenaires extérieurs à avoir récupéré à leur compte les déclarations du lider maximo et de son second ne se préoccupent de chercher à savoir ce que sont devenus les 94 autres et plus d’opposants «tués de sang froid» !

On sait que le gouvernement a annoncé un bilan global de 32 morts pendant que le président des Fonus, Joseph Olenghankoy, membre du comité des sages de «Rassemblement» a évoqué sur Radio Okapi le chiffre de «plus de 75». On sait aussi que la Monusco a commencé par confirmer le bilan du gouvernement avant de se prononcer sur «plus de 53». Encore que, en ce qui concerne des êtres humains, on ne peut pas évoluer avec des à peu près. Ou bien c'est 100, ou bien c'est 101 personnes. On sait, surtout, que l’hôtel de ville de Kinshasa s’est déclaré disposé à prendre en charge les funérailles des victimes.

Depuis, les familles des «plus de 100» ou «plus de 75» ou «plus de 53» morts, même ceux dont les cas ont été documentés pour reprendre une expression consacrée en matière des droits de l’homme, ne se font pas signaler.

On peut donc supposer que le stratagème «Lititi mboka» de triste mémoire a été réactivé. Il s’agit, pour rappel, du fameux et non moins fumeux massacre des étudiants survenu sur le campus de l’université de Lubumbashi en mai 1990, incidents à l’origine de l’isolement diplomatique du régime Mobutu et de la suspension de la coopération structurelle qui se révélera ruineuse pour la population. En effet, du jour au lendemain, des programmes en faveur des entreprises et des établissements publics comme Gécamines, ex-Onatra, ex-Sncz, Rva, Rfv, Rvm, Office des routes, Snel et autres Regideso furent arrêtés !

Des funérailles séparées

Les événements en cours au pays sont dans la même logique. Isoler surtout la Majorité présidentielle et, surtout, son Autorité morale en la personne de Joseph Kabila Kabange.

L’ennui est que l’Opposition radicale et sa société civile ne se gênent pas de se livrer à l’instrumentalisation, la marchandisation des victimes.

Première preuve : en ne prenant que ces cinq dernières années, l’Udps a une longue liste de ses combattants prétendument tués par les forces de l’ordre à la suite des manifestations réprimées de façon disproportionnée, comme on dit. Le parti les aligne chaque fois par dizaines. Jamais, mais alors jamais ces morts n’ont été honorés comme les six derniers en date.

Deuxième preuve : alors que les manifestations du 19 et du 20 septembre 2016 ont été initiées par «Rassemblement», l’Udps a préféré enterrer en solo ses six victimes, comme pour laisser au G7, à «Dynamique», à «AR», au «G14», à la «Cdc», à la «Mpp», au «Fp», à la «Société civile» et aux «Alliés du Président Tshisekedi» les soins d’identifier les leurs et de leur offrir des funérailles séparées, et encore après le deuil national décrété !

Apparemment, de Pierre Lumbi à Moïse Katumbi en passant par Gabriel Kyungu, Charles Mwando, Joseph Olenghankoy, Martin Fayulu et autres Delly Sessanga, personne n’a prévu un programme similaire. Ce qui suppose que les «plus de 94» risquent de ne pas avoir des sépultures dignes de leur «sacrifice».

Ni fichier, ni corps électoral

Mais, ce qui est choquant – et c’est ici la démonstration du crime planifié – les manifestations du 19 septembre 2016 ont été organisées au nom du délai constitutionnel contraignant la CENI à convoquer le corps électoral. D’ailleurs, le calendrier électoral global du 12 février 2015 fixe cet acte le 20 septembre...

Tous les membres de « Rassemblement » savaient que la Centrale électorale était à cette date précise techniquement dans l’impossibilité de s’exécuter, et ce pour deux raisons. La première est que le corps électoral disponible était celui du fichier électoral de 2011 contesté par toutes les forces politiques aussi bien de l’Opposition que de la Majorité. L’Udps avait même organisé des sit-in devant le siège de la Céni en juillet 2011. La seconde raison est que la Céni venait de lancer, le 31 juillet 2016, les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs à partir de Gbadolite pendant qu’Etienne Tshisekedi tenait son meeting Bd Triomphal.

Ainsi, la Centrale électorale n’avait à la date du 19 septembre 2016 ni fichier, ni corps électoral.

«Rassemblement» finira d’ailleurs par le reconnaître le 4 octobre 2016 lors de son conclave. Dans le Rapport final publié le même jour, il va demander «l’évaluation minutieuse de l’opération d’enrôlement des électeurs en cours en vue d’en assurer la régularité et de l’accélérer». C’est au point 3.2.

C’est bien la preuve qu’Etienne Tshisekedi, Moïse Katumbi et tous les autres membres de la plateforme avaient conscience d’avoir mis dans la rue leurs militants, partisans ou combattants pour autre chose que la convocation du corps électoral.

Le Gouvernement soutient jusque-là la thèse du soulèvement populaire, et Martin Fayulu a eu le courage de l’admettre dans l’interview accordée le même 19 septembre à «Jeune Afrique». «Nous n’allons pas laisser Kabila s’éterniser au pouvoir. Le peuple congolais veut emboîter le pas au peuple burkinabé qui s’est libéré des affres de Blaise Compaoré», a-t-il dit pendant que la ville était en train de brûler avec, pour bilan humain, selon Etienne Tshisekedi et Jean-Marc Kabund, la centaine de morts.

Six semaines après, l’Udps s’est contentée de n’enterrer qu’une demi-douzaine. Les siens! A la manipulation, elle a ajouté la discrimination !
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