*La nomination d’un Premier Ministre est une chose. Mais, l’entrée en fonction de son gouvernement en est une autre. Samy Badibanga Ntita, ex-Député issu des entrailles, à la fois, de l’Udps et du Rassemblement, Ancien bras droit d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, devient le tout premier Kasaïen à accéder au strapontin de la Primature, à la lisière de la Gombe, depuis la chute du Maréchal Mobutu, en mai 1997. Le choix du Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, officialisé ce jeudi 17 novembre 2016 sur les antennes de la télévision d’Etat, aura été, certes, d’une très grande surprise. A l’analyse, il relève, plutôt, d’un calcul méticuleusement pensé au laboratoire de ses perspectives politiques, en vue de tenter de fédérer toutes les énergies nationales, y compris, celles de l’espace Grand Kasaï, bastion naturel et incontestable du Sphinx de Limete, pour franchir, sans le moindre désarroi, ni fioriture, le cap fatidique du 19 décembre 2016. Il ne restera, peut-être, qu’à convaincre l’aile dure des ‘’requins’’ inflexibles du Rassemblement, la CENCO ainsi que quelques forces politiques hétéroclites, non liées à l’Accord Politique de la Cité de l’Union Africaine, pour arrondir les angles et amorcer, si l’accalmie revenait rapidement, une transition vers des élections apaisées, lors de la petite saison de pluie qui risque de s’improviser à la fin du mois d’avril 2018.

Entre le gouvernement Matata, réputé démissionnaire, depuis la conclusion de l’Accord Politique, le 18 octobre 2016, et celui attendu, semble-t-il, de tractations engagées par la CENCO avec le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au changement, Joseph Kabila a choisi, finalement, de faire tourner l’Etat.

Ainsi, en nommant Samy Badibanga au prestigieux poste de Premier Ministre, a-t-il coupé la poire en deux, en levant, carrément, l’option de l’application intégrale de l’Accord Politique, tel qu’il a été signé, sous les auspices de Kodjo, le 18 octobre 2016, à la Cité de l’Union Africaine, sur les hauteurs de Mont-Ngaliema.

Déjà, dans son discours à la Nation, devant les deux chambres du Parlement, réunies en congrès, le 15 novembre dernier, le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, avait listé de nombreux défis auquel le gouvernement dit d’union nationale se devra de faire face. Si la mission première, celle qui peut être qualifiée de mission cardinale, c’est l’organisation, in fine, des élections, en avril 2018, il faudra, néanmoins, noter que pour y arriver, il y a tant d’autres préalables.

Dès les premières heures de sa nomination, Samy Badibanga, le tout nouveau Premier Ministre, doit constituer son équipe. Et, dans cet exercice, si âpre soit-il, il n’est pas seul. D’où, il ne peut déroger à la règle du mixage consistant à recourir aux composantes ayant pris part au dialogue, à savoir, la Majorité, l’Opposition et la Société civile. Puis, la répartition des postes au prorata du poids politique qui interviendra dans la sélection, ferait qu’il puisse tempérer les ardeurs des postulants de tous bords qui, à la faveur de la formation de ce gouvernement, se bousculent au portillon. Surtout que l’Accord Politique, lui-même, reste encore ouvert à de nouvelles signatures, il n’est pas exclu que tous les nouveaux adhérents, même ceux de la dernière seconde, exigent, eux aussi, des postes. Si l’idée est de satisfaire tout le monde, d’aucuns craignent qu’au moment où tous les paramètres macro-économiques sont au rouge, que des pressions politiques mettent ce nouveau capitaine du bateau gouvernemental dans l’obligation de former un gouvernement éléphantesque, au-delà, par exemple, de cinquante membres. D’autres critères, tels que la géopolitique, le phénomène genre, la prise en compte des jeunes et des personnes vivant avec handicap, ne sont pas à négliger.

Et, finalement, une fois le gouvernement formé, il passera à la phase de son investiture devant le Parlement. Ce sera le baptême de feu. Car, Badibanga devra y présenter son programme de travail. Et, Juste après, il se consacrera au dossier du Budget 2017, l’instrument sans lequel, il ne saurait mobiliser les recettes pour des élections et le fonctionnement des institutions, qui traine encore jusqu’aujourd’hui, entre les mains des Députés. Le projet élaboré par Matata, le Premier Ministre sortant, avait été calculé sur base d’un taux officiel d’environ 920 FC /le dollar alors que plus les jours passent, mieux, il faut le réajuster en fonction de l’évolution de la décote monétaire. C’est un travail d’experts mais, qui nécessite de l’impulsion, selon la vision et la méthode qui seront adoptées par le nouveau locataire de l’Hôtel du Gouvernement.

Transition

Le but visé, ici, c’est de déboucher sur des élections libres, transparentes, démocratiques, apaisées et justes. Toute transition, si elle rate le coche, est une bombe à retardement. Car, si les gens peuvent encore tolérer qu’il y ait glissement, puisqu’à la manœuvre, Nangaa et la Cour Constitutionnelle auront réussi à reporter les élections, au-delà du 19 décembre 2016, il n’en sera pas le cas, en avril 2018. L’idée du glissement dans le glissement est, dans tous les cas, saugrenue. Voilà pourquoi, Samy Badibanga, seul, devant sa conscience, doit prendre la mesure de toutes ses responsabilités, pour remettre le pays sur les rails de la démocratie. Il doit donner des moyens à la CENI, gérer le fonctionnement des institutions, payer les fonctionnaires et agents de l’Etat, honorer les engagements de l’Etat vis-à-vis des tiers.

Décrispation

Samy Badibanga connaît le cachier des charges de l’Udps et du Rassemblement par cœur. Il a été l’homme de la situation à l’Ile de Gorée, à Bruxelles, à Venise et Ibiza, à Genval. Il a été, plusieurs fois, associé à des tractations menées autour de plusieurs résolutions adoptées par l’Onu, dans le cadre de la recherche d’une paix durable en RD. Congo et dans la Région des Grands Lacs. Il connaît, à vrai dire, les joueurs, les jeux et, maîtrise bien, les enjeux en RD. Congo. Il a des amitiés ainsi qu’un carnet d’adresses assez fourni. Pourquoi ne peut-il pas envoyer des signaux forts en direction de ses compères de l’Opposition ? Libérer, par exemple, les prisonniers politiques et d’opinion, libérer les manifestations publiques, libérer l’espace médiatique à la libre expression, y compris, à la critique…Et, là, il ferait un bond justifié, s’il posait de tels actes, en ce laps de temps, ou en cette période charnière, qu’il trônera, à la tête de l’Exécutif national.

Sécurité

Beni encore et toujours, demeure le ventre mou de la bourride dans l’Est de la RD. Congo. Le Conseil de sécurité, de passage dans cette partie agitée, a, dernièrement, appelé à reconnaître des actes de terrorisme. En dehors de Beni, des groupes armés continuent à écumer des pans entiers du territoire national. Si bien que l’Est du pays est encore sous l’emprise des forces du mal. Le gouvernement devra s’y atteler étant donné que le défi sécuritaire est, lui-même, une autre piste de glissement, s’il n’est pas relevé. En 2011, pourquoi n’a-t-on pas organisé des élections à Masisi et dans le Rutshuru ?

Infrastructures

Il n’y a pas de paix, sans pain. D’ailleurs, un vieil adage dit qu’un :’’ventre affamé, n’a point d’oreilles’’. Allusion faite, ici, au social des congolais. Le Président de la République, Joseph Kabila, lui-même, en a longuement parlé, dans son discours devant le Parlement. Il y est revenu, lorsqu’il évoquait l’affaire du Congo émergent à l’horizon 2030 et du Congo complètement développé au seuil de 2050. Ce jour-là, le Chef de l’Etat congolais dont le discours a été frénétiquement applaudi, attribuait, parallèlement, les perturbations du cadre macro-économique en RDC, aux chocs exogènes dus notamment, à la baisse des prix des matières premières sur le marché international. Il s’était montré, particulièrement, intéressé à poursuivre son vaste et ambitieux programme axé sur la révolution de la modernité. C’est Samy Badibanga qui, au fait, en portera la lourde responsabilité, si, au bout de la transition, il n’accomplissait, comme il se doit, cette mission. De l’électricité à l’eau potable, du logement au transport, de l’éducation aux soins de santé, des routes aux ponts, des bateaux aux avions, du train au carburant, le fils de Ntita doit se casser en quatre, pour peu qu’il honore l’Udps, le Rassemblement, l’Opposition et, pourquoi pas, les Kasaïens, les Kinois du Mont-Amba, en laissant, derrière lui, des vraies stigmates d’une gestion orthodoxe de l’Etat et de la nation, dans les annales de l’histoire.
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