François Hollande a annoncé jeudi qu'il renonçait à briguer un second mandat pour "éviter la dispersion de la gauche". Cinq ans après le début de son mandat, le "président normal" est devenu le président le plus impopulaire de la Ve République.

Il se rêvait en "président normal", proche du peuple à la manière scandinave. Mais presque cinq ans plus tard, le réveil est brutal : François Hollande apparaît à la fois incompris, indéchiffrable et impopulaire. À tel point qu'il a renoncé, jeudi 1er décembre, à briguer un second mandat, une première dans l'histoire de la Ve République.
Comme ils sont loin ces "Comment ça va toi ?" joviaux, lancés à mille figures connues et complices dans sa ville de Tulle, son fief électoral corrézien qui l'a vu grandir et l'a fait roi.
Entre-temps, il y eut le désamour, les quolibets, les sifflets, la colère, le mépris puis, le pire de tout sans doute, l'indifférence. Le "Monsieur 3 %" de la primaire de la gauche en 2011 est devenu le "Monsieur 4 %" d'opinions favorables en 2016. Paradoxe des paradoxes, François Hollande qui se voulait l'exact contraire de Nicolas Sarkozy, l'a surpassé dans l'impopularité.
Plus qu'aucun autre président sous la Ve République, il aura connu l'usure du pouvoir, la solitude aussi qui fera émerger l'un de ses traits de caractères les plus inattendus. Réputé pudique, avare de confidences sur sa vie privée, concédant ne pas appartenir au "monde de l'exubérance et de l'affect", le chef de l'État a éprouvé un besoin irrépressible de se confier aux journalistes, pour le meilleur et surtout le pire. "Je suis le spectre de l'Élysée", plaisante-t-il dans "Un président ne devrait pas dire ça...", au risque de conforter cette touche crépusculaire qui s'attache immanquablement aux fins de règne.
Le théoricien de la synthèse lâché de toutes parts
Ce livre de confidences manque de faire vaciller le couple exécutif qu'il forme avec Manuel Valls. Il aura révélé l'isolement d'un président de 62 ans, dont l'horizon amical semble se réduire à la promotion Voltaire de l'ENA. Dans ce vivier, François Hollande puise les secrétaires généraux de l'Élysée, Pierre-René Lemas puis Jean-Pierre Jouyet, et sa directrice de cabinet Sylvie Hubac. Le fidèle Michel Sapin en est issu aussi. Pour le reste, le président se reconnaît si peu d'amis, l'avocat Jean-Pierre Mignard, Julien Dray... C'est un "sociopathe", osera même Emmanuel Macron, aux dires du Canard Enchaîné.
Premier secrétaire du Parti socialiste, il naviguait entre les courants contraires du parti comme un poisson-pilote, champion de la synthèse dont il s'était fait le théoricien. Mais au pouvoir, les reproches pleuvent, drus comme la pluie qui accompagne fidèlement ses premiers pas à l'Élysée : il ne sait pas trancher, il n'a pas d'autorité... Ils culmineront avec son jugement de Salomon dans l'affaire Leonarda, adolescente roumaine expulsée dans des conditions controversées et dont il autorisera le retour en France, mais sans ses parents. En liant sa candidature à l'inversion de la courbe du chômage, il se liera aussi les mains.
On le croyait fin stratège, mais il n'était que tacticien, disent ses contempteurs. À quelques mois de la fin de son mandat, l'union de la gauche n'est qu'un champ de ruines sur lequel prolifèrent les mauvaises herbes de la division et des ambitions personnelles.
Dans l'adversité, le président offre pourtant aux Français un visage lisse, inaltérable. Sa cravate est presque domestiquée. Il a repris les kilos perdus pendant la campagne de 2012 sous la férule de sa compagne d'alors, même s'il se prive de fromage à la table de l'Élysée. Tout juste s'abstient-il de ces mots d'esprit qui lui ont aussi valu le sobriquet de "Monsieur petites blagues". Car depuis les attentats jihadistes de Charlie Hebdo, du Bataclan ou de Nice, la légèreté a fait place à la gravité. "La mort habite la fonction présidentielle", dira-t-il, présidentialisé dans son rôle de père de la Nation, garant de son unité.
François Hollande, le chef de guerre
François Hollande se révèlera aussi en chef de guerre, endossant sans sourciller les habits gaulliens de chef des armées. Sa main ne tremble pas quand il faut envoyer des troupes au Mali, en Centrafrique ou les avions de combat français bombarder les positions de l'organisation État islamique en Irak et en Syrie.
Mais comment s'est-il construit ? Né le 12 août 1954 à Rouen dans une "famille où l'on a toujours parlé politique", il évolue entre la figure paternelle, médecin ORL d'une droite dure, pro-Algérie française, et une mère, assistante sociale à "l'âme généreuse". Étudiant, il franchit avec aisance les étapes de la méritocratie française : HEC puis l'ENA dont il sort dans la botte (les quinze premiers) en 1980. C'est alors la rencontre avec Ségolène Royal, la mère de leurs quatre enfants. Une longue union rompue officiellement en 2007.
Première rupture suivie d'une autre, plus retentissante encore, d'avec Valérie Trierweiler, officialisée par un communiqué à l'AFP quelques semaines après qu'un paparazzo a surpris le président à deux pas de l'Élysée, enfourchant un scooter, le visage dissimulé par un casque noir, au pied de l'immeuble de la rue du Cirque où il retrouvait clandestinement l'actrice Julie Gayet.
AFP
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