Le message lancé, lundi 19 décembre, par Etienne Tshisekedi wa Mulumba demandant au peuple congolais de ne plus reconnaître l’autorité de « Joseph Kabila » a provoqué l’ire de celui-ci. L’homme a chargé son porte-flingue attitré, en l’occurrence l’inamovible ministre de la Communication et des médias, de réagir. Ancien opposant au « régime dictatorial » de Mobutu Sese Seko, Lambert Mende Omalanga - qui prétendait dans les années 90 militer pour l’avènement de la démocratie et le respect des droits humains – défend bec et ongles le régime dictatorial de son bienfaiteur "Joseph Kabila" dont le second et dernier mandat est arrivé à expiration le 19 décembre 2016.

Où va l’ex-Zaïre ? Bien malin celui qui saurait répondre à cette épineuse question. En cause, la décision de « Joseph Kabila » de s’accrocher au pouvoir au-delà de la date du 19 décembre 2016 qui marque la fin de son second et dernier mandat. Par la bêtise d’un homme, le pays replonge dans une nouvelle crise de légitimité.

Dans une réaction logique, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, a lancé, lundi 19 décembre, « un appel solennel » au peuple congolais « à ne plus reconnaître l’autorité de Monsieur Joseph Kabila » qui a donné un coup de canif au contrat social qui le liait à la masse. Il a, par ailleurs, invité la communauté internationale à « ne plus traiter avec Joseph Kabila au nom de la République démocratique du Congo ».

Ras-le-bol

Cette prise de position du Président du Comité des sages du "Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement" est en adéquation avec la déception de la grande majorité de la population congolaise. Celle-ci réclame le changement. A preuve, le concert de sifflets et de casseroles intervenu lundi 19 décembre à partir de 23h59 dans les quartiers populaires de la capitale. Le peuple a clamé, à sa manière, son ras-le-bol face à un pouvoir inepte à promouvoir le progrès économique et social. Un pouvoir qui « n’excelle » que dans la brutalité et l’arbitraire.

Tel un taureau qui voit un chiffon rouge, l’inénarrable ministre Mende Omalanga a bondi de sa chaise en déclarant, mardi 20 décembre, que « personne au sein de la majorité au pouvoir ou de l’opposition n’a le droit de dénier » à « Joseph Kabila » « l’exercice de ses fonctions jusqu’à l’élection d’un nouveau Président ». Question : Quelle est la date des élections?

Confondant l’éloquence et la pertinence, il ajoute : « L’article 70 de la Constitution (...) est clair à ce sujet et ne prête à aucune confusion quand il stipule qu’à l’issue de son mandat, le Président en exercice reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu».

Aveuglé par les délices du pouvoir, « Lambert » interprète la loi fondamentale au gré des intérêts de son bienfaiteur. Selon lui, « le pouvoir appartient au peuple qui l’exerce à travers ses représentants dans le respect de la Constitution qu’il a adoptée à la grande majorité pour conduire les affaires de la République ». Se référant à cette disposition, il conclut que personne « ne peut ôter à Joseph Kabila l’exercice de ses fonctions ». Et ce jusqu’à l’élection du nouveau Président élu.

Dérive dictatoriale

Les législateurs congolais de 2005 avaient envisagé la situation qui prévaut en ce moment en République (mal nommée) démocratique du Congo. A savoir qu’un Président de la République en exercice se mue en despote et décide de s’accrocher au pouvoir au-delà de la date d’expiration de son second et dernier mandat.

Depuis le 20 décembre 2016, le Congo-Kinshasa est plongé à nouveau dans la « dérive dictatoriale ». Les faits sont là !

Depuis le 18 décembre, le pays est quadrillé par des membres de la garde prétorienne de l’ex-président « Joseph Kabila ». Des individus à la mine patibulaire qui n’ont aucun respect tant pour la vie que pour la dignité de la personne humaine se sont arrogés le droit d’arrêté qui ils veulent, quand ils veulent.

Selon l’ONG Human Right Watch (HRW), les forces dites de sécurité ont abattu des manifestants dont le seul "crime" est d’avoir exigé le départ de « Kabila » à l’expiration de son mandat. Le bilan provisoire est de 34 personnes tuées. La "ventilation" se fait comme suit : Matadi (4), Kinshasa (19), Boma (6), Lubumbashi (5). HRW fait, par ailleurs étatn de 18 citoyens congolais tués à Lisala (Mongala) par des policiers.

Le 18 février 2006, « Joseph Kabila » a promulgué la Constitution en vigueur. « Je vous annonce la fin de la récréation », déclarait-il. D’aucuns avaient cru, à tort, que l’homme voulait dire qu’avec la nouvelle charte fondamentale, le pays sera désormais à l’abri de crise de légitimité. Et que personne ne pourra plus prendre le pouvoir par la force ou l’exercer en violation des lois.

Les dénégations de Lambert Mende appellent quelques observations.

Primo : Nul ne peut commander et se faire obéir sans avoir reçu des citoyens un mandat politique pour exercer le pouvoir en leur nom et pour leur compte. Le premier alinéa de l’article 70 de la Constitution congolaise limite le nombre de mandat présidentiel à deux. «Elu » en 2006 et « réélu » en 2011, « Joseph Kabila » est frappé d’inéligibilité. Depuis le 19 décembre 2016 à minuit, son second et dernier mandat est caduc. L’homme exerce désormais le pouvoir pour défendre ses intérêts.

Secundo : Depuis le mois de juin 2013, date de la publication de l’ouvrage « Entre la révision de la Constitution et l’inanition de la nation » d’Evariste Boshab, « Joseph Kabila » bloque sciemment le processus électoral. But : contourner l’interdit constitutionnel. Dans un discours sur l’état de la nation, n’a-t-il pas invité la population à élaborer « un mode de scrutin authentiquement congolais » sous le fallacieux prétexte que « la démocratie coûte cher »? En clair, il fallait faire réviser la Constitution en instaurant le suffrage universel indirect. Le chronomètre serait remis à zéro.

Enfin : Lambert Mende Omalanga qui est tout sauf un idiot est foncièrement malhonnête lorsqu’il invoque, à l’appui de sa thèse, le deuxième alinéa de l’article 70 de la Constitution. Dans sa logique, « Joseph Kabila » devrait rester à la tête du pays aussi longtemps que l’élection présidentielle ne sera pas tenue. Et pourtant, cette disposition prévoit le maintien en fonction du Président en exercice jusqu’à « l’installation effective du nouveau Président élu». Ce qui suppose que le vote du successeur a déjà eu lieu.

Le Jugement de l’Histoire

Au moment où ces lignes sont écrites, le député national Franck Diongo Shamba se trouve aux soins intensifs aux cliniques Ngaliema. Son "décès" a été plusieurs fois annoncé et plusieurs fois démenti. En dépit de ses immunités parlementaires, Diongo a été passé à tabac tel un malfrat par les tristement célèbres "GR" (garde républicaine). Qui a donné l’ordre de cette expédition punitive? On espère qu’une enquête indépendante déterminera, dans les brefs délais, les responsabilités.

A Lubumbashi, certains quartiers de la ville ont été bouclés par des éléments de la garde prétorienne de l’ex-président "Kabila". Des fouilles vexatoires ont été opérées dans plusieurs maisons. Quid de l’Etat de droit et du respect des droits humains?

Dans les semaines et mois à venir, « Joseph Kabila » pourrait apprendre à ses dépens qu’on ne gouverne pas un pays sans avoir l’opinion avec soi. Il apprendra également que la force n’est pas une condition suffisante pour conquérir les coeurs et les esprits. « Kabila » doit quitter le pouvoir. La raison est simple : la grande majorité de la population congolaise ne veut plus de lui. A défaut, il sera chassé par les mêmes moyens qu’il utilise pour asservir la population.

Mende et d’autres flagorneurs de son acabit - qui ont bâti leur prospérité sur le malheur du grand nombre - devraient se préparer à affronter le jugement de l’Histoire...





Baudouin Amba Wetshi
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