GRAND ANGLE - La position officielle de la famille politique du président Joseph Kabila à propos de la désignation du prochain Premier ministre de la transition flirt avec la contradiction et une stratégie bien calibrée. Explications. Débutées depuis le 02 janvier, les discussions autour de l’arrangement particulier se poursuivent à Kinshasa, alors que plusieurs points de divergences entre les opposants, principalement du Rassemblement, et la Majorité présidentielle persistent. Parmi les points qui fâchent, il y a la composition du gouvernement et désignation du prochain Premier ministre. Et c’est là que la position de la famille politique du président Joseph Kabila devient intéressante.

Officiellement, aucune divergence n’est à observer concernant le choix du prochain Premier ministre. Au micro de POLITICO.CD hier, Lambert Mende, ministre des médias et cadre de la MP a néanmoins réaffirmé la position de la coalition des partis au pouvoir. Pour lui, les opposants « ne nomment pas le Premier ministre« , citant la Constitution. Pour le Porte-parole du gouvernement, la désignation du Premier ministre revient au président Joseph Kabila, sur « proposition » du Rassemblement, démentant l’information selon laquelle la Majorité exige une liste de sept personnes au Rassemblement.


Intervenant sur Jeune Afrique le mardi, André-Alain Atundu, Porte-parole MP a pourtant laissé entendre que la Majorité exigeait une liste de candidats des opposants, affirmant que le président Kabila ne « peut pas travailler avec une personnalité incompatible ! »

« La rationalité constitutionnelle procède du droit de veto reconnu au chef de l’État : cela implique que ce dernier a le droit de choisir qui il veut», explique l’Ambassadeur Alain-André Atundu. « On ne peut pas chercher à imposer un choix au chef de l’État. C’est pourquoi nous leur demandons de proposer deux, trois ou quatre noms », dit-il, dans un article publié sur le site internet du magazine panafricain. « Même au sein de la MP, nous proposons toujours au chef de l’État deux ou trois noms pour chaque poste ministériel à pourvoir», insiste-t-il.
Faire traîner volontairement les choses en longueurToutefois, l’accord du 31 décembre reste dépourvu de spécificité à l’égard de ce sujet. Selon le document signé tard dans la nuit du 31 décembre sous l’égide de la CENCO, c’est au Rassemblement de proposer un Premier ministre, qui sera nommé par le président Joseph Kabila. Même principe que la Constitution, sauf que selon cette dernière, le Premier ministre doit passer par le processus légal de confirmation au niveau de l’Assemblée nationale où entre en jeu la donne de la majorité parlementaire.

Ainsi, cette désignation du Premier ministre issue de l’accord du 31 décembre diffère avec celle de la Constitution. Une thèse soutenue par les opposants congolais, qui n’hésitent pas à faire remarquer que même le président Joseph Kabila est hors mandat, et donc la Constitution ne s’applique plus. Dans une tribune envoyée à POLITICO.CD hier, l’opposant Jean-Claude Vuemba a par ailleurs fustigé les « manœuvres dilatoires » de la majorité, lui demandant d’appliquer « proprement l’accord« .

Par ailleurs, depuis le début de ces discussions, la position du Pouvoir a toujours été dans le sens de traîner les choses en longueur, comme l’a fait remarquer Litsani Choukran, le Rédacteur en Chef de POLITICO.CD dans un éditorial publié le 08 janvier dernier. « Les accords du 31 décembre prévoient clairement aucune issue pour le président Joseph Kabila Kabange de rester au pouvoir à l’horizon 2018. Néanmoins ceux-ci ont un sérieux talon d’Achille qui est l’organisation des élections en temps record, c’est-à-dire en décembre 2017. Nous voilà déjà à onze mois de l’échéance et les accords ne sont même pas encore mis en place. Samy Badibanga et ses acolytes pourraient donc bien gratter un ou deux mois de plus, compliquant ainsi la réussite de cette transition qui en plus pourrait être confiée aux deux Tshisekedi », a-t-il expliqué.

En effet, outre les réticences du MLC, qui a finalement fini par signer, le camp de l’actuel Premier ministre congolais refuse toujours d’adhérer à cet accord, ce qui annonce un blocage futur dans l’application de celui-ci. Au regard de cette tournure, rien n’est sûr qu’un accord puisse être trouvé d’ici le 21 janvier, comme l’a exigé le prélat catholique, qui, visiblement, s’offusque de la tournure des événements. Néanmoins l’opposition se veut rassurante quant à l’issue des négociations.

Pour Olivier Kamitatu, qui dit comprendre « l’impatience » de la population, il s’agit avant tout de trouver « le meilleur accord » possible qui soit inclusif. « Je sais qu’il y a une très grande impatience, chaque jour qui passe on a l’impression que l’accord est en train de s’amenuiser (…) je voudrais d’abord rassurer tout le monde, nous continuons à travailler, nous devons trouver une solution pour samedi, nous nous sommes fixés de nous retrouver samedi, après une deuxième série de contacts qui auront lieu entre les différentes parties prenantes pour essayer de trouver un accord qui soit le plus inclusif, le plus équilibré et le plus et le plus consensuel« , explique l’ancien ministre du Plan.

Des contacts informels sont annoncés par l’ancien président de l’Assemblée nationale pour aboutir à un accord ce week-end. Wait and see.



politico.cd
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