En effet, avec la disparition de son opposant le plus farouche, le sort vient de retirer une épine sur son pied. De tous ses opposants le seul que Kabila n’a jamais su dompter c’est bel et bien Étienne Tshisekedi. C’était son opposant le plus redouté et le plus redoutable. La forte personnalité de Tshisekedi, son charisme, son intransigeance et son immense popularité, faisait de Tshisekedi le plus grand opposant à tous les régimes successifs. De Mobutu à Kabila fils en passant par Kabila père, Tshisekedi s’est opposé à eux. L’appât des postes n’a jamais pris avec celui que l’on appelait le Sphinx de Limete ou le Phoenix. Car il arrivait toujours à rebondir.

À première vue, la mort de Tshisekedi est bénéfique à la majorité présidentielle et à son autorité morale : Joseph Kabila. Ils vont certainement jouer davantage la montre pour bloquer l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Mais la mort de Tshisekedi ne transforme pas ses partisans en pro-Kabila comme par enchantement. Ils vont demeurer hostiles au pouvoir. Renforcés dans leur opinion par la crise politique, économique, infrastructurelle et sécuritaire que traverse la RDC.

Autre chose, la mort de Tshisekedi bien qu’étant une perte politique énorme, ne va pas étancher la soif de l’alternance. Au contraire, elle risque même de l’amplifier. Le président Kabila gagnerait à appliquer l’accord de la CENCO malgré la disparition de Tshisekedi. Et sortir honorablement de la scène politique après 16 ans de règne. Sinon, la communauté internationale et l’opposition bien qu’affaiblie (demeure présente et forte avec des personnalités comme Katumbi, Fayulu, Félix Tshisekedi, etc), vont exercer une pression sur le régime. Et l’église catholique n’a pas encore dit son dernier mot. La mort d’Étienne Tshisekedi va permettre aux uns et aux autres de juger de la bonne foi du président Kabila à mettre en oeuvre l’accord de la Saint-Sylvestre.

A court terme la disparition de Tshisekedi père est un avantage pour Kabila et sa majorité présidentielle. Mais à moyen et long terme, cela ne le profitera pas s’ils s’avisaient à ne pas mettre l’accord de la CENCO en œuvre. En janvier 2015, le soulèvement populaire de 3 jours pour protester contre la nouvelle loi électorale avait eu lieu en l’absence de Tshisekedi au pays.



ALPHONSE MUDERHWA
Journaliste Indépendant
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