L’exercice est classique : le président Kabila rend hommage à celui qu’il mettait à l’index, il y a peu : Étienne Tshisekedi décédé ce mercredi. Peut-être, cette fois, l’émotion est-elle sincère…

« Repose en paix Ya Tshi Tshi », entonnent nombre de Congolais, après le décès d’Étienne Tshisekedi. « Repose en « presque » paix », pourrait-on nuancer, car celui que l’on qualifie d’opposant historique n’aura pas vu aplanies toutes les divergences qui bloquent encore l’application effective de l’accord politique global et inclusif de la Saint-Sylvestre.

Plus d’un mois après le consensus partiel obtenu au forceps par les ecclésiastiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), les interminables négociations laissent suinter à nouveau l’hypothèse d’un référendum. Ultime tentative de diversion par le clan Kabila ? Jouer la montre a toujours été la stratégie de certains, utilisant des arguments organisationnels ou politico-politiques – comme la concentration des efforts de sécurisation de l’Est du pays. Parfois, l’actualité offre même des prétextes fortuits pour patiner dans les pourparlers…

Monument national

Ainsi le sport pouvait-il détourner l’attention des Congolais, tant que les Léopards restaient dans la course à la Coupe d’Afrique des nations. Celui qui ne sera plus dans la course de l’arlésienne présidentielle congolaise, c’est donc Étienne Tshisekedi wa Mulumba, décédé ce 1er février à Bruxelles à l’âge de 84 ans. En perdant son « meilleur ennemi », le président Joseph Kabila sait que le pays a la sensation de perdre un monument national.

S’il n’a pas atteint la magistrature suprême – comme les autres opposants historiques Wade, Gbagbo ou Condé –, Tshisekedi a occupé la scène politique depuis les premières années d’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC), notamment comme Premier ministre du Zaïre et président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Même s’il porta sur le front l’étiquette aujourd’hui controversée de mobutiste pourfendeur de Patrice Lumumba, le Sphinx se refit une virginité faite d’emprisonnement politique et de retours messianiques dans son pays, comme ce fut le cas en juillet dernier.

Boudé un temps par les Occidentaux et exécré par les trois derniers présidents de RDC, le vieux lion, de son nuage, appréciera sans doute l’affliction sincère des Congolais ; peut-être aussi la posture affligée d’un Joseph Kabila que l’émotion d’un deuil exceptionnel ne peut que rasséréner. Momentanément.

Damien Glez

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