Alors que le Premier ministre honoraire, Adolphe Muzito, a été invité samedi 15 avril, par Dayjet, une structure des jeunes, à s’entretenir avec eux sur le rôle du secteur minier dans le développement économique de la RDC, c’est davantage la question des financements des élections qui s’est invitée aux débats. Tous ou presque veulent savoir comment faire pour financer les élections à venir.

Dans ses réponses à ses interlocuteurs, Adolphe Muzito, grâce à son expérience cumulée, y est allé de ses analyses pointues comme on les lui reconnait.
Muzito estime que financer totalement ces scrutins par les ressources propres du pays aura un coût social énorme, notamment la planche à billets qui ponctionne le pouvoir d’achat des citoyens. Le pays est en situation de déficit. Le budget 2017, présenté par le Gouvernement Matata doit faire l’objet d’un aménagement par l’équipe Tshibala.
La CENI, après les décaissements par le gouvernement, a besoin de 500 millions dollars pour le reste des opérations. Le plan de trésorerie du pays prévoit 300 à 350 millions de dollars de recettes par mois. Or, explique l’ancien Premier ministre, le pays a plus des dépenses à couvrir que les rentrées mensuelles de l’Etat. On finance les dépenses de l’Etat avec le crédit provisoire qui prévoit 300 à 350 millions de dollars de recettes par mois. " On recourt déjà à la planche à billets d’où la surchauffe", indique Adolphe Muzito.
La solution que préconise cet économiste de haute volée, c’est de " recourir aux ressources des partenaires pour compléter les crédits nécessaires pour l’organisation des élections. Le pays doit exploiter cette opportunité de travailler avec le reste du monde. Sinon on va financer les élections avec la planche à billets avec ce que cela peut comporter comme érosion du pouvoir d’achat de la population". Et pour cela, affirme Muzito, " il faut déclarer la faillite de l’Etat. Nous devons prendre acte de ce que nous sommes. "
Ainsi, " des partenaires pourront alors nous donner cet argent mais à condition que nous fassions des réformes telles que nous soyons en mesure de rembourser cet argent y compris les intérêts. Il ne devrait pas y avoir des choses à cacher dans des comptes qui sont censés être publics…"

PRODUIRE POUR STABILISER LA MONNAIE

L’autre question sur laquelle l’assistance est revenue abondamment est celle de savoir comment l’ancien Premier ministre s’y était pris pour stabiliser la monnaie en son temps. C’est simple, a répondu Adolphe Muzito, " il faut augmenter la production. Parce que la masse monétaire augmente du fait que l’Etat crée la monnaie pour financer les dépenses pour lesquelles il n’a pas d’argent. Il faut augmenter les richesses de l’Etat pour n’avoir pas à recourir à la planche à billets. Ainsi l’Etat dépensera ce qu’il aura", fait remarquer Muzito.
" Mais si vous n’avez pas l’argent en propre, vous empruntez chez le voisin, de l’argent sain, pas ce que vous créez sans richesse. De l’argent qui a de la valeur parce que c’est une monnaie qui peut vous permettre d’importer. Vous ne créez pas la monnaie ex nihilo. J’ai travaillé avec les partenaires extérieurs. Nous avons aussi connu la baisse des matières premières en 2009 et nous avons suppléé par les ressources extérieures d’autres Etats parce que nous étions dans la transparence… "
Donc pour stabiliser la monnaie il faut produire, beaucoup produire et dépenser dans les limites de ce que l’on a.
Pour répondre à la question sur le rôle du secteur minier dans le développement économique de la RDC, l’ancien Premier ministre a commencé par faire l’état de lieux de l’économie congolaise et identifier les défis de développement auxquels elle fait face. Pas seulement. Muzito a aussi évalué les potentialités du pays en ressources naturelles, leur niveau de mise en valeur et la capacité pour la gouvernance nationale, grâce à leur valorisation, à faire face à ces défis.
Après analyse, chiffres à l’appui, le Premier ministre honoraire a noté que " la RDC n’a ni secteur industriel, ni secteur agricole, capables de lui rapporter des avoirs extérieurs pour financer ses importations ". Pour Adolphe Muzito, il se pose donc un problème de la compétitivité de l’économie congolaise sur le plan international.
Une moindre diminution des prix des matières premières notamment le cuivre et le cobalt sur le marché international, constitue un choc dont l’impact est sur les avoirs extérieurs du pays, les réserves de change, les recettes fiscales, les valeurs interne ou externe de la monnaie nationale.
L’ancien inspecteur des finances affirme que c’est cette situation de faible intégration de l’économie qui est, entre autres, à la base du problème de la récession que connait actuellement le pays. Pour se sortir de cette situation, l’élu de Kikwit plaide pour une économie intégrée.
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