Le terrorisme ne sévit pas qu’ailleurs. L’horreur n’est pas seulement celle que nous renvoient les images des chaînes satellitaires le temps d’un attentat à Istanbul, Bagdad, Kaboul, Tel-Aviv, Paris, Londres, Moscou… Des tragédies face auxquelles tout être pétri d’humanité ne saurait rester indifférent. Cet immonde-là est, hélas, bel et bien aussi dans nos murs.

Sans sombrer dans une espèce de hiérarchie victimaire, les Congolais devraient savoir que le récit des exactions que charrie depuis neuf mois la triste chronique des événements dans le Kasaï n’a rien d’un conte de fées. Des actes terroristes d’une cruauté innommable se commettent sur les terres kasaïennes.
Hier lundi au cabinet du ministre de la Communication et Médias, les patrons de presse ont pris toute la mesure de l’horreur qui s’abat sur l’espace kasaïen. A cette triste occasion, le porte-parole du Gouvernement, comme celui de la Police pouvaient même faire l’économie de la parole. Tant les images de la police scientifique parlaient d’elles-mêmes.
Prenant prétexte du phénomène " Kamwina Nsapu", des sicaires ont monté de véritables industries-artisanales ?- de la mort. Pour le coup, le mot milicien est loin, très loin même de traduire la réalité. Il s’agit, sans le moindre doute, des terroristes labellisés « Kamwina Nsapu ». Des tueurs qui se parent du conflit de succession chez les Bajila Kasanga comme d’un paravent pour commettre des crimes contre l’humanité.
Outre de paisibles populations civiles, des policiers et autres agents de forces de défense et de sécurité sont mutilés, décapités comme du bétail. Les deux experts onusiens n’ont pas échappé à cette terreur.

L’UNION SACREE S’IMPOSE
Face à ce terrorisme avéré, il n’y a donc pas matière à transiger sur des principes. Notamment le fait que l’on ne négocie pas avec des terroristes. Comme tous les pays du monde en proie au même danger existentiel, la RDC est en droit de mobiliser toutes ses ressources pour juguler ce mal.
Comme partout ailleurs en pareille circonstance, le pays se doit de se liguer en une union sacrée. Surtout que Congo bashing oblige ou en vertu d’un anti-kabilisme primaire ; l’on assiste à une tentative de banalisation de la violence. Dans un pays qui a déjà cet Est- en particulier les Kivu- où les forces centrifuges n’ont pas encore abdiqué, il y a bien danger. Pas seulement pour la RDC. Ce pays-continent comptant neuf voisins et appartenant à plusieurs aires géographiques.
C’est donc avec beaucoup d’à-propos que le ministre tanzanien des Affaires étrangères et chef de la délégation de la mission de la SADC a déclaré : "Le terrorisme en RDC doit être éradiqué sans conditions ". No comment. J.N.

Commentaires du Gouvernement sur les atrocités des terroristes " Kamuina Nsapu " au Kasaï
(Par Lambert Mende Omalanga, Ministre de la Communication et Médias de la RDC)
Mesdames et Messieurs,
Depuis 9 mois, des bandesterroristes opérant sous la dénomination de "milices Kamuina Nsapu ", commettent des atrocités indescriptibles et sèment la mort et la désolation au sein de la population de l’espace kasaïen. Ils tuent des éléments de nos forces de défense et de sécurité et d’inoffensifs civils dont le seul crime est, dans certains cas, de ne pas s’exprimer dans leur langue ou dialecte. Récemment,ils ont assassiné deux enquêteursdes Nations-Unies et leur interprète congolais.
Ces crimes ont été signalés non seulement dans la province du Kasaï-Central où se trouve la chefferie de Kamwina Nsapu, du groupement Bajila Kasanga dans le territoire de Dibaya dans cette province dont le chef-lieu est Kananga, mais aussi dans d’autres provinces qui n’ont rien à voir avec cette chefferie comme les provinces du Kasaï, de la Lomami, du Sankuru et même du Haut-Lomami où un nombre indéterminé de bandes de malfrats revendiquent l’étiquette de Kamwina Nsapu du nom du chef de l’entité coutumière susmentionnée, mort dans des circonstances troubles l’année dernière lors d’affrontements entre une milice qu’il avait levée et la police à l’issue d’une perquisition judiciaire à laquelle il tentait de s’opposer.
Dès la survenance des premiers incidents de Dibaya, le Gouvernement de la République avait pris ses responsabilités. A l’issue de laborieuses négociations avec différents acteurs locaux et notamment avec la succession du chef décédé, son successeur légitime a dénoncé en des termes sans équivoque tous ceux qui, ici et là, instrumentalisent le nom de Kamwina Nsapu pour se livrer à diverses activités criminelles.
Aussitôt informées des premiers incidents survenus au Kasaï-Central, les autorités de la RDC n’ont ménagé aucun effort pour traquer tous les auteurs d’actes pénalement répréhensibles dans l’espace kasaïen, les arrêter et les déférer comme il se doit devant les juridictions compétentes qui, à leur tour, jugent et condamnent ceux d’entre eux reconnus coupables.
Il convient de signaler des faits infractionnelset des actes d’indisciplinesignalés dans le chef des éléments des FARDC et de la PNC commis sur ces entrefaites à la mission de sécurisation dans cette région sont en même temps pris en charge par la Justice Militaire congolaise.
A ce sujet, il arrive souvent aux autorités congolaisesde réquisitionner les forces armées afin de venir à la rescousse de la police, notamment en cas de débordement ou lorsque la sécurité des personnes et des biens est gravement compromise, comme partout au monde.Ce type de réquisition prévu par la loi est strictement réglementé dans notre pays et ne s’opère pas de manière anarchique.
Certains de nos partenaires en Europe notamment, et le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme en RDC,se permettent de critiquer régulièrement le fait que des militaires des FARDC soient déployés en ces circonstances pour assister la PNC, sans prendre la peine de vérifier si la loi et les règlements y relatifs ont été respectés.
Cette leçon de déontologie et d’autant plus curieuse qu’elle n’est donnée qu’à la seule RDC alors que nombre d’autres pays recourent habituellement à leurs forces armées pour venir en appui des forces de l’ordre à la moindre menace sécuritaire sans s’attirer les foudres de ces censeurs.
On peut rappeler,à titre purement illustratif, que de violentes émeutes ayant éclatées les 27 et 28 avril derniers à Baltimore (Etats-Unis) avec des affrontements entre les forces de police et de jeunes manifestants, les autorités américaines avaient eu recours à l’armée, laquelle fut déployée en faisant usage des armes qui avaient servi à la guerre d’Irak en 2003. Il en est de même de la France et de la Belgique qui, à la moindre alerte sécuritaire, n’hésitent pas de recourir aux services de leurs forces armées.
En tout état de cause, ces donneurs de leçons n’indiquent nullement la structure autre que celle militaire à laquelle ils conseilleraient aux autorités congolaises de recourir en cas de débordement de la PNC. A moins que leur objectif soit, non pas de stabiliser la RDC mais de la plonger dans le chaos.
Ces rapports attribuent la quasi totalité des atrocités dans l’espace kasaïen aux forces de l’ordre et de défense de la RDCautant qu’ils ne cessent d’accuser les dirigeants congolais d’encourager et d’entretenir l’impunité.
Malheureusement ils ne signalent pas les efforts qu’ils auraient consenti pour mettre, comme le commande le devoir de complémentarité régissant les rapports entre eux et le gouvernement ainsi queles renseignements et informations à leur portée à la disposition des autorités et de la justice congolaise qui, seules, sont compétentes pour connaître des faits infractionnels ou d’indiscipline présumés à charge du personnel de l’Etat dans ce pays. C’est cedevoir de complémentarité qui régit les rapports entre la justice nationale et celle internationale.
En effet, à plusieurs reprises, la justice congolaise a sollicité la coopération du Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme sans recevoir aucune communication de ce dernier sur les identités des victimes ou auteurs présumés de tels faits ni leurs adresses. Cette attitude de méfiance déplorable serait justifiée par le respect du prétendu principe de la confidentialité, ce qui met les autorités judiciaires congolaises dans l’impossibilité de vérifier les faits dénoncés par ce Bureau. Au point qu’il est permis de se demander pourquoi cet organe des Nations-Unies venu en principe assister le gouvernement congolais dans la promotion et la protection des droits humains crée à dessein une rivalité entre lui et les institutions de ce pays.
Il est aussi permis d’interroger le mutisme de la presse tant nationale qu’internationale dont aucun membre n’a jusqu’à ce jour soulevé devant ces donneurs de leçons la question de savoir s’il y avait des raisons objectives de craindre que la justice congolaise ne poursuive pas les éléments de la police ou des forces armées auteurs de faits infractionnels ou d’actes d’indiscipline.
N’importe quel fonctionnaire des Nations-Unies qui obtient n’importe quelle information relative à un fait criminel sur notre territoire la traiteà sa manière et en désigne les soi-disant auteurscomme s’il constituait en lui-même une juridiction de l’ordre judiciaire. C’est inacceptable dans un Etat de droit car en RDC comme partout au monde, le rôle de culpabiliser n’est dévolu qu’au seul juge.
Les règles de l’art veulent que les personnes suspectées, recherchées, arrêtées ou poursuivies pour divers faits infractionnels soient déférées devant une juridiction nationale ou, à défaut, internationale. A défaut et non directement pour ce dernier cas comme suggéré dans un récent communiqué du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations-Unies inspiré par sa représentation à Kinshasa qui semble n’avoir pour seul objectif que de mettre la justice congolaise sous tutelle de celle internationale.
Il doit être rappelé à cet égard que la justice congolaise est, et demeure, indépendante aussi bien des autres institutions congolaises que des technostructures des Nations-Unies.
Puisque la vérité est têtue, les images mettant à nu les horreurs de l’exécution des 39 policiers congolais, celles d’un massacre comme il y en a eu plusieurs dizaines dans l’espace kasaïen depuis 9 mois et de l’enlèvement et la tuerie de deux experts des Nations-Unies, Mr. Sharp et Mme Katalan, suffisent pour confondre tous ceux qui ont tenté d’attribuer gratuitement tous ces crimes barbares aux forces de défense et de sécurité de la RDC et qui continuent jusqu’à ce jour à briller par leur silence assourdissant quant à l’exigence élémentaire de justice contre ces terroristes que l’on voit à l’œuvre dans ces images atroces filmées par eux-mêmes et dont on doit la saisie au seul professionnalisme de la police scientifique congolaise qui a permis à la justice de déclencher des poursuites judiciaires encore en cours.

Mesdames, Messieurs,
Faut-il banaliser, comme voudraient le faire quelques uns de nos partenaires, des actes aussi cruels et indicibles au seul motif qu’ils ne sont le fait des militaires et policiers congolais que certains considèrent décidément comme leurs bêtes noires ?
Ainsi, dans sa déclaration du 20 avril 2017,la CENCO a abordé également la question de la situation sécuritaire et du respect des droits humains dans la région du Kasaï. Elle a fustigé les atrocités commises par ceux qu’elle se limite à qualifier de simple" milice se réclamant du Chef coutumier Kamuina Nsapu " au lieu de les nommer pour ce qu’ils sont en réalité, à savoir des terroristes, auteurs de ce que les prélats eux-mêmes considèrent comme " des violences d’une rare cruauté ayant causé de nombreuses pertes en vies humaines et des destructions d’infrastructures publiques et ecclésiastiques ".
Le Gouvernement a un souci avec la proposition des évêques catholiques qui, en écho aux prises de position de nos partenaires extérieurs, particulièrement de l’Union européenne, ont formulé la demande d’une enquête "indépendante et objective afin d’établir les responsabilités ", ce qui laisse croire que, pour eux, la justice congolaise n’est ni indépendante, ni objective.On peut légitimement poser la question aux uns et aux autres de l’identification de la juridiction habilitée à exploiter et statuer sur les rapports des fameux enquêteurs indépendants, si la justice congolaise, ainsi vilipendée, est supposée n’être ni indépendante, ni objective.
Pis encore,le communiqué de la CENCO présente les actes posés par les terroristes Kamuina Nsapu comme un simple " problème social qui ne nécessite pas une solution par la voie des armes ".Doit-on alors admettre que la RDC est appelée par les pères évêques catholiques à devenir le premier pays à intégrer le terrorisme comme moyen légitime de revendications sociales ? En disant cela, laCENCO, réclamerait-elle un nouveau rôle de bons offices pour conduire des négociations entre l’Etat et ces terroristes qui n’ont ménagé ni le matériel et le personnel de l’administration électorale, compromettant la tenue des élections à bonne date, ni les édifices religieux comme le prestigieux Grand Séminaire de Malole à Kananga ? C’est en définitive une dangereuse confusion de genres.
Pour paraphraser le Ministre Tanzanien des Affaires Etrangères, M. Augustine Maigha, s’exprimant au nom de la SADC, de l’Union Africaine et de l’ONU, le terrorisme en RDC doit être éradiqué sans conditions avec l’appui de tous car il est susceptible de déstabiliser non seulement la RDC elle-même, mais aussi l’Afrique centrale, l’Afrique Australe et l’Afrique de l’Est avec les neuf frontières de notre pays.
En guise de conclusion, lorsque l’on juxtapose les menaces que font peser l’extension de l’insécurité du Kivu vers l’espace kasaïen, force est de constater qu’il y a véritablement péril en la demeure. Il est dès lors du devoir de toutes les institutions, notamment de l’exécutif national de mettre un terme à l’action déstabilisatrice de ces groupes terroristes. L’appui à cette tâche de toute la communauté nationale, et particulièrement de la presse qui constitue un véritable quatrième pouvoir s’avère indispensable.
Cet appui que j’ai reçu mission de solliciter de votre part ne vise nullement à pousser les journalistes à s’écarter de quelque manière que ce soit des principes déontologiques qui régissent leur noble profession, loin s’en faut. Ce qui est recherché d’une manière générale, c’est un engagement volontariste des acteurs de votre secteur à ne pas banaliser l’émasculation des capacités des forces de police à rétablir et maintenir l’ordre et la sécurité en accordant une sorte de statut culturel à la violence et aux voies de fait.
Il n’est pas correctpar exemple que soient, pour ainsi dire, " normalisées " par les médias des pratiques odieuses qui compromettent l’émergence du pays par la paralysie totale des activités dans Kinshasa, une mégapole de 11 millions d’habitants avec des centaines de milliers de travailleurs du public et du privé ainsi que près de 2 millions d’écoliers, élèves et étudiants obligés de se terrer dans leurs maisons à chaque " opération ville morte " décrétée par n’importe qui. Cette normalisation du chaos par le silence ou la complaisance de certains médias est d’autant plus dangereuse que ceux qui se terrent chez eux le font non parce qu’ils souhaitent exprimer une opinion mais à cause de la crainte que leur inspirent des groupes de casseurs et de pillards instrumentalisés par des acteurs politiques nationaux et des tireurs de ficelles à l’étranger.
Ce qui est recherché en définitive, c’est que dans l’exercice de leur métier les professionnels des médias veuillent bien s’abstenir de tout ce qui pourrait constituer une apologie de la violence et du terrorisme dont nous venons d’illustrer quelques méfaits notamment dans l’espace kasaïen. -
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre de la Communication et Médias
Porte-parole du Gouvernement
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