Tout ça pour ça?!
Il aura fallu un mois pour que le nouveau Premier ministre nommé par le président Kabila – qui est hors mandat depuis décembre 2016 – Bruno Tshibala, présente son gouvernement, qui est pourtant presque un copié-collé de celui de son prédécesseur: une quarantaine de ses 59 membres siégeaient déjà dans le cabinet Badibanga.
Nonobstant ce manque de personnalité, le nouveau gouvernement ne respecte pas l’Accord de la Saint-Sylvestre (appuyé par le Conseil de sécurité de l’Onu), qui balise le partage du pouvoir jusqu’aux élections annoncées pour fin 2017: il n’est, en effet, pas inclusif puisque le Rassemblement d’opposition n’y est pas représenté. Il ne respecte pas non plus l' »Arrangement particulier » qui aurait dû permettre d’appliquer cet Accord, mais que n’a pas signé le Rassemblement d’opposition (1); ce texte fixe, en effet, dans son annexe A, à « 54 » le nombre de membres du gouvernement, avec leur répartition par plateformes politiques.
Eh oui: ce gouvernement n’est pas plus inclusif que le précédent malgré sa taille excessive – pour un budget de 4,5 milliards de dollars, contre un cabinet de 15 personnes en France, avec un budget de 375 milliards d’euros, soulignent des Congolais: le camp Kabila a préféré débaucher quelques opposants plutôt que de s’accorder avec l’opposition comme convenu. Et pour cause! .
Cette opération est, en effet, largement destinée à détruire l’UDPS, le principal parti d’opposition, indiquent des informations reçues par La Libre Afrique. Le camp Kabila juge le moment idéal pour réduire à néant la formation de feu Tshisekedi alors qu’elle est très affaiblie par la disparition de ce dernier le 1er février à Bruxelles et par les désordres créés en son sein par l’adulation aveugle qu’on y vouait au vieux chef.
Adepte du credo mobutiste « diviser pour régner », le camp Kabila n’a pas choisi par hasard ses deux derniers Premiers ministres au sein de l’UDPS. D’abord Samy Badibanga en décembre dernier – précisément quand Joseph Kabila doit céder à la pression internationale et nationale alors que son dernier mandat se termine – qui, bien qu’excommunié par Etienne Tshisekedi pour avoir accepté de siéger au parlement issu des élections non crédibles de 2011, était néanmoins le chef du principal groupe d’opposition à l’Assemblée nationale. Puis Bruno Tshibala, transfuge récent de l’UDPS.
La manoeuvre « Tshibala » ne trompe pas plus l’opinion congolaise que le coup « Badibanga », ni ne convainc les principaux partenaires du Congo, pays qui dépend de l’aide internationale pour plus de la moitié de ses rentrées.
Pour rompre son isolement diplomatique croissant, Kinshasa s’essaie donc aux rapprochements avec les capitales africaines, au nom de la « souveraineté ». Ce type de discours a quelques fois réussi à Mobutu; mais il les tenait au temps où le pays était encore relativement riche. Il n’en va plus de même aujourd’hui, alors que les explosions de violence se multiplient au Congo face à l’absence d’espoir. Comme Mobutu, Joseph Kabila rendra-t-il le pays « dans l’état où il l’a trouvé »?
(1) Seuls deux des onze représentants du Rassemblement d’opposition ayant signé l’Accord de la Saint-Sylvestre ont signé ce second texte au nom de cette coalition.afrique.lalibre.be
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