L’un est radicalement opposé à tout accord avec le pouvoir, l’autre est prêt à négocier. Le dialogue est donc rompu entre Moïse Katumbi et son frère et ex-mentor, Raphaël Katebe Katoto. Dernier épisode en date d’une saga politico-familiale tumultueuse en République démocratique du Congo.

Le costume est ajusté, la diction mal assurée, le cadre bucolique. Mais l’allocution filmée de Moïse Katumbi diffusée début avril a des accents révolutionnaires inhabituels chez lui. Depuis son exil, évoquant la « dictature illégitime » du président Joseph Kabila, qu’il accuse de « trahison », l’opposant congolais appelle ses compatriotes à la « résistance ». Afin de maximiser sa portée, la vidéo a été réalisée en français, en swahili et en lingala. « Nous sommes 80 millions. Si nous sommes pacifiques et déterminés, la victoire est certaine », y prophétise Moïse Katumbi.

Rupture

Au lendemain de ce coup de semonce, pourtant, les artères des grandes villes restent calmes. Manifestement, malgré les accents gaulliens de son appel à la résistance, l’homme d’affaires autrefois proche du régime n’a pas provoqué l’électrochoc annoncé. Rien de très étonnant, dans ce vaste pays aux multiples fractures.

Ce qui est plus surprenant, c’est que cette déclaration a été désavouée jusque dans sa propre famille. Ces dernières semaines, son frère aîné, Raphaël Katebe Katoto, se pose en effet en vieux sage, jouant ouvertement la carte de l’apaisement avec le chef de l’État. Âgé de 72 ans, cet homme longtemps exilé, qui n’avait pas de mots assez durs contre Joseph Kabila il y a encore deux mois, applaudit désormais à la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre, à contre-courant d’une large frange de l’opposition, qui y voit un coup de force. Katebe est même allé jusqu’à participer aux consultations visant à la formation du dernier gouvernement.

Pour son retour au pays, le 21 février, l’ancien opposant n’a pas recherché la discrétion : c’est à bord d’un jet privé de location que Katebe a royalement débarqué à Kinshasa. Un passage à l’ennemi ? « Entre Moïse et son frère, c’est la rupture », analyse un membre éminent du « G7 », la coalition katumbiste. « Moïse ne lui parle plus depuis plusieurs semaines afin de ne pas avoir à lui faire des reproches », confirme un membre de l’entourage du premier. Devant les médias, l’ancien gouverneur du Katanga se refuse également à tout commentaire.

Comme un père

Bien qu’ils aient la même intonation de voix, la parenté entre les deux hommes ne saute pas aux yeux. Élancé et athlétique, Moïse Katumbi arbore un style décontracté, quand son aîné, plutôt râblé, est le plus souvent tiré à quatre épingles. Le lien qui unit les deux demi-frères n’en est pas moins étroit.
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