L’Eurodéputée Cécile Kyenge s’est confiée à ACTUALITE. CD sur les dernières sanctions de l’Union Européenne contre des personnalités congolaises. Pour l’ancienne ministre italienne d’intégration, les sanctions de l’UE devrait être appuyées par les efforts de l’Union africaine afin de répondre aux besoins des peuples africains en général et du peuple congolaise en particulier.

Interview.

Quel regard portez-vous sur les sanctions de l’Union européenne à l’encontre des certains officiels congolais ?

La RDC traverse une grande crise qui a amené l’Union Européenne à s’y impliquer. Parce qu’à travers les accords de Cotonou, l’Union Européenne a le droit de s’y impliquer. Là il ne s’agit pas d’ingérence. Alors dans le cas de la RDC, il s’agit d’un cas particulier. Lors des manifestations, il y a eu des morts, le président Kabila a violé la Constitution en restant au pouvoir. Et l’Union Européenne est en train d’agir sur base des accords de Cotonou. Le peuple Congolais doit se prendre en charge. Nous sommes là pour l’accompagner dans le parcours de la démocratie. L’Union Européenne ne peut pas prendre la place des Congolais. Mais par contre, en ce qui concerne des massacres, nous sommes entrain de faire des sanctions à ce point là. Si ça ne dépendait que de moi, il faut exprimer la voix du peuple. Et le peuple avait déjà parlé. Donc le président Kabila doit écouter la voix du peuple.

Comment réagissez-vous sur le fait que le ministre angolais des affaires étrangères ait annoncé que l’Union Africaine soutiendra les autorités de la RDC contre les sanctions européennes?

Je pense que l’Union Africaine doit avoir un rôle important dans la résolution des crises. Là vous m’avez posé une question spécifique sur la RDC, mais j’en passe sur les nombreuses crises qui sont en Afrique. Et l’Union Africaine devrait s’y impliquer pour une résolution avant d’attendre que d’autres acteurs s’y impliquent. Dans le cas du Congo, on attend un rôle important de l’Union Africaine. Parce qu’il y a quelques jours j’étais en Afrique du Sud au parlement panafricain là où l’Union Africaine fait un parcours avec l’Union Européenne pour renforcer les institutions pour être assez fortes sur le continent africaine. Moi je pense que l’Union africaine c’est les gouvernements mais, le parlement panafricain c’est les députés, la voix du peuple. Donc vous voyez il y a quand-même un décalage. Parce que si moi je dois aller parler pour représenter un peuple, il y a le parlement européen qui doit le faire car c’est là où il y a des députés qui représentent la voix du peuple. C’est une comparaison qui veut dire que l’Union africaine devrait tout faire pour ratifier le protocole afin que l parlement panafricain puisse devenir opératif. Alors en ce moment même son rôle devrait changer. Parce que l’Union africaine c’est les chefs d’Etats. Et ces derniers sont mis en cause par le peuple. Il y a un déséquilibre. Moi j’aimerais que ce soit le peuple qui s’exprime au même niveau que certaines institutions. Là c’est une analyse faite au niveau des institutions mais qui impliquent aussi des conséquences dans certaines crises. Alors la crise politique dans la région des grands lacs et dans l’Afrique centrale, et du fait que l’Union africaine est dirigée par des chefs d’Etat c’est un peu compliqué. Nous suivons les accords de Cotonou. C’est à travers les accords de Cotonou et des preuves à l’appuie avec des responsabilités individuelles que nous faisons ces sanctions.

Les sanctions ont été prononcées contre des autorités du Burundi, mais le président Nkurunziza est toujours là. Croyez-vous que des sanctions européennes peuvent avoir un impact sur la situation au Congo?

Il faut dire que des sanctions peuvent avoir des effets mais elles ne peuvent pas aussi être efficaces à 100%. Donc il faut aussi le reconnaître. Mais des sanctions ont des effets. Et moi je suis convaincue que c’est une façon de faire comprendre qu’il y a le respect des libertés et droits de l’homme. Je crois que ces valeurs universelles n’appartiennent pas qu’à l’Europe. C’est une façon de dire qu’on repart de ce point là pour faire des accords avec toutes transparences. Sur le cas de Burundi il y a eu des effets mais les gens évaluent ça sur la présence du président Nkurunziza au Burundi. Mais de toute façon, il y a eu des effets sur le budget de l’Etat et un impact sur l’économie. Mais cela n’a pas d’impacts sur la population parce qu’il s’agit des sanctions ciblées. Et pour le cas de la RDC, il y a certaines personnes qui ont arrêté de parler. La plupart de ces personnes ont leurs biens et leurs familles ici en Europe, ça va commencer à les faire réfléchir. On ne peut pas oublier qu’il y a des gens qui sont morts pour ça. Peut-être qu’on a commencé à agir en retard parce que moi j’ai une douleur sur ce qui se passe au Kasaï et à Beni et j’essaie de travailler pour donner la solution à ces populations qui souffrent.

Interview réalisée au Parlement européen, à Bruxelles, le 31 mai 2017, à écouter ici.



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